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Pays : France       Langue(s) : français 

L'éducation à la citoyenneté : dressage ou libération ?


Auteur(s) :  KEDE ONANA Magloire

Date de soutenance :  2011

Thèse délivrée par :  Université Paris-Est-Marne-la-Vallée

Section(s) CNU :  section 17 : Philosophie

Sous la direction de :  Monique CASTILLO

Jury de thèse :  Chartier, Anne-Marie ; Bourdin, Jean-Claude

  « De 1990 à 2004, j'ai exercé divers postes de responsabilité dans l'éducation nationale au Cameroun. D'abord comme directeur de Collège puis comme proviseur. J'ai pu mesurer les difficultés qu'il y avait à réaliser les exigences actuelles de scolarisation, dans un contexte marqué non seulement par un profond désarroi d'une population partagée entre la modernisation et la tradition mais aussi le progrès technique et l'unification du monde. L'expérience des anciens philosophes aidant, et au regard de ces enjeux, j'ai entrepris dans ce travail d'interroger ce qui, chez Platon, Aristote, Rousseau, Kant, nous permet de maintenir voire de perfectionner les valeurs humanistes énoncées lors du miracle grec. Platon enseigne une pédagogie visant à une transformation politique, ou tout aussi bien une politique visant à une nouvelle pédagogie : il veut construire un homme nouveau, pleinement homme. Avec lui, débutent les grandes utopies politiques et pédagogiques ; utopies sans doute, mais qui témoignent que l'homme est dans la mesure où il vise un idéal de soi ; même si la République pense la construction et la destruction cycliques du régime politique (et de la pédagogie), elle ouvre à l'humanité l'imprévisibilité de l'Histoire. Aristote se défend de rêver ; il observe les sociétés de son temps, les décrit, les critique, les apprécie. Faute de pouvoir construire une société idéale, il défend la moins mauvaise : un mixe d'oligarchie et de démocratie, marqué par la domination de la classe moyenne. Mais, chez Aristote comme chez Platon, seuls accèdent à la pleine citoyenneté et à l'éducation plénière, seuls sont citoyens, les hommes " libres ", non seulement les esclaves mais les travailleurs manuels sont exclus de la citoyenneté. Nous sommes dans la cité grecque : le citoyen gère sa maison et la République, il la défend à la guerre, mais il ne se souille pas de basses besognes. Rousseau pense dans le contexte d'une monarchie déclinante, où s'éveillent fortement les besoins de liberté et d'égalité. S'il est pessimiste relativement au progrès humain, il estime que ce progrès culturel est sans retour en arrière possible ; il s'agit donc de fonder le régime politique permettant à l'humanité, lancée dans l'Histoire, par l'aventure de l'Histoire, dans un destin imprévisible, de s'accomplir de la meilleure façon. Le Contrat social fonde le régime politique légitime, l'Emile esquisse la réforme pédagogique qui permettra de l'instaurer, en se fondant sur la bonté originelle de la nature humaine. Kant est convaincu que l'Histoire mène une humanité devenue adulte vers son unification. Les âges de guerre et d'oppression vont se terminer. Mais Kant ne partage pas l'optimisme de Rousseau quant à la nature humaine ; ce qu'il y a de bon dans l'homme, c'est la conscience du devoir- mais on peut dire non au devoir. C'est à partir du devoir que l'éducation pourra former les humains capables de gérer en paix une humanité nouvelle. Cette humanité nouvelle, le prodigieux développement des techniques depuis le milieu du XIXè siècle l'a créée, mais pas exactement comme elle était rêvée : deux terribles guerres mondiales ont bien fait décliner la croyance au progrès. C'est dans cette situation confuse, hésitante, que ce travail a été conçu et mené. Le progrès technique et les nouveaux modes de vie qu'il a suscités amènent bien plus d'interrogations et d'inquiétudes que de certitudes. La méditation des grands penseurs d'autrefois devait nous aider à nous attaquer aux problèmes d'aujourd'hui. Par-delà leurs divergences, Platon, Aristote, Rousseau, Kant, se rejoignent en constatant l'implication mutuelle de la politique, gouvernement des hommes, et de l'éducation, formation des citoyens de demain ; comme le dit explicitement Aristote, chaque type de régime politique a sa pédagogie spécifique... »

      Abstract
      Citizenship Education : taming or liberation?
      « From 1990 to 2004 I held various posts of responsibility within the National Education sector in Cameroon. Firstly, as principal of a College and, subsequently, as principal of a High School. Consequently, I understand the difficulties inherent then in meeting the current education requirements, in a context not only characterized by the utter confusion of a population torn between modernization and tradition but also the technical progress and unification of the world. With the help of the experience of ancient philosophers, and with regard to these issues, I undertook in this work to question what, in Plato, Aristotle, Rousseau and Kant, enables us to maintain or even improve human values laid down during the Greek miracle. Plato teaches pedagogy geared towards political transformation, or policy aimed at new pedagogy: he wants to build a new man, a complete man. With him begins the great political and pedagogical utopias, utopias no doubt, but which show that man exists insofar as he strives towards an ideal self, even if the Republic thinks of the cyclical construction and destruction of the political system (and of pedagogy), it unveils to mankind the unpredictable nature of history. Aristotle refrains from dreaming; he observes the societies of his time, describes them, criticizes them, and appreciates them. Unable to build an ideal society, he defends the less bad: a mix of oligarchy and democracy, marked by the domination of the middle class. But for Aristotle as for Plato, access to full citizenship and education is reserved only for "free" men; excluded from citizenship are not only slaves but labourers as well. We are in the Greek city: the citizen runs his home and the Republic; he defends it at war, but does not defile himself with dirty work. Rousseau reflects in the context of a declining monarchy, marked by an awakening strong need for freedom and equality. Pessimistic with respect to human progress, though, he believes that cultural progress has no turning back; it is necessary therefore to find a political system that allows humanity, drawn into history by the adventure thereof, with an unpredictable destiny, to fulfill itself in the best way possible. The Social Contract is the basis for a legitimate political system. Emile outlines the pedagogical reform that will establish it, based on the original goodness of human nature. Kant is convinced that history is leading humanity, which has attained adulthood, towards its unification. The ages of war and oppression will come to an end. But Kant does not share the optimism of Rousseau regarding human nature: what is good in man is his duty consciousness, but one can say no to duty. It is from duty that education can train people capable of managing a new humanity in peace. This new humanity was been created by the phenomenal development of technology since the mid-nineteenth century, but not exactly as dreamed of: two terrible world wars have caused the belief in progress to decline. It is in this confused, hesitant context that this work was designed and carried out. Technical progress and the attendant new ways of life raise many more questions and worries than certainties. The reflections of the great thinkers of the past must help us to tackle the problems of today. Beyond their differences, Plato, Aristotle, Rousseau and Kant do agree on the mutual involvement of politics, government of men, and education, training of tomorrow's citizens; as Aristotle states explicitly, each type of political system has its specific pedagogy... »

      URL :  http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00691525


      mot(s) clé(s) :  recherche en éducation