À l’heure où l’attrait des métiers de l’enseignement est au centre des discussions à travers l’Europe, les divergences d’opinions sur les objectifs de l’école exacerbent les défis déjà présents dans cette profession. Considérées de plus en plus comme des exécutantes assujetties aux contraintes de remaniements professionnels incessants, les personnes enseignantes s’agrippent à ce qui fait sens pour elles : leur attachement pour ce métier. Au-delà de la transmission de connaissances disciplinaires, elles sont interpelées par la dimension humaine, sociale, et affective de leur pratique éducative. Dans une quête de repères, elles mobilisent instinctivement un code moral façonné par leurs convictions personnelles et leur expérience professionnelle. Celui-ci s’exprime dans une conception plus large de leur profession intégrant le caractère éthique de cette relation plaçant les élèves au cœur de leurs préoccupations. Affectées dans leurs pratiques quotidiennes par des problématiques parfois «indécidables» (Ravon et Vidal-Naquet, 2016), les personnes enseignantes affrontent régulièrement des dilemmes éthiques nécessitant une prise de décision parfois déterminante pour le parcours et la vie scolaires de leurs élèves.

À partir de travaux récents ou fondateurs, ce Dossier de veille de l’Ifé n°145 appréhende la façon dont les personnes enseignantes s’approprient le concept d’éthique comme composante indissociable de l’acte d’enseigner. Il se penche plus profondément sur cette dimension de la relation enseignante/élève et sur la question de sa formation à partir d’une mise en perspective de ses différentes acceptions philosophiques. Enfin, ce Dossier aborde les stratégies enseignantes élaborées au gré de leur boussole éthique, reposant intuitivement sur une ligne de conduite personnelle, pour les guider et maintenir le cap vers la «vie bonne» (Ricœur, 1990).