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Pays : France       Langue(s) : français 

Adaptation des jeunes à l’enseignement supérieur - les pédagogies nouvelles : aide à l'adapation ou facteur de marginalisation ?


Auteur(s) :  SHANKLAND Rébecca

Date de soutenance :  2007

Thèse délivrée par :  Université Paris 8

Section(s) CNU :  section 16 : Psychologie, psychologie clinique, psychologie sociale

Sous la direction de :  Serban IONESCU

Jury de thèse :  BARBIER René-Daniel, BOUTEYRE Evelyne, GUELFI Julien-Daniel,

  « Notre recherche porte sur l’adaptation des jeunes à l’enseignement supérieur, en comparant des étudiants issus d’écoles à pédagogies nouvelles (Steiner, Montessori, Ecoles nouvelles) à d’autres issus du système scolaire traditionnel. Elle s’inscrit dans un contexte de questionnement au niveau national sur les méthodes d’enseignement, et plus particulièrement sur la transition du lycée vers l’enseignement supérieur et l’orientation des élèves.
Selon la revue de la littérature et les théoriciens à l’origine de la création des écoles à pédagogie nouvelle, il semblerait que ce type d’éducation favorise le développement de compétences et de qualités permettant notamment une plus grande autonomie, un sentiment d’auto-efficacité plus important, l’utilisation de stratégies de coping centrées sur le problème. Ces caractéristiques constituent des facteurs facilitant l’adaptation à l’enseignement supérieur, voire à la vie en général.
Notre hypothèse de recherche postule ainsi que les anciens élèves des écoles à pédagogie nouvelle s’adaptent mieux à l’enseignement supérieur en raison de potentialités davantage développées au cours de leur scolarité. Jusqu’à présent, aucune étude scientifique n’a été menée sur ce sujet. Nous proposons donc une recherche exploratoire sur la différence de qualité d’adaptation des sujets issus des pédagogies nouvelles comparé aux autres étudiants, en analysant les caractéristiques pouvant avoir une influence sur cette adaptation.
A titre exploratoire, nous étudierons également les différences au sein même des pédagogies nouvelles, avec d’un côté les sujets issus de Steiner et de l’autre, les anciens élèves des Ecoles nouvelles et Montessori. Cette séparation en deux catégorie repose sur les différences de théorie et de pratiques entre les écoles Steiner et les autres pédagogies prises en compte dans notre étude.
Notre recherche se divise en deux parties : d’une part une enquête par questionnaire auprès d’une population de 277 anciens élèves issus de différents types de système pédagogiques, et de 400 parents d’anciens élèves, afin d’analyser les apports de chaque pédagogie au niveau du développement de compétences permettant une bonne adaptation à la sortie de la scolarité. D’autre part, un suivi de 130 élèves de la Terminale jusqu’au second semestre de la première année d’enseignement supérieur, dans le but d’évaluer et d’analyser la qualité d’adaptation et les stratégies de coping utilisées.
La qualité de l’adaptation est évaluée d’après les critères suivants : performances scolaires satisfaisantes, et bien-être physique et psychologique (niveau d’anxiété et de dépression faibles, et satisfaction par rapport à la vie d’étudiant).
Pour le suivi des élèves, un bilan est proposé à trois temps : une première fois en Terminale pour faire un état des lieux concernant chaque élève, puis une deuxième fois juste après la rentrée universitaire, et enfin une troisième fois en début de second semestre de l’enseignement supérieur. Le bilan est composé d’un entretien semi-directif et de trois échelles à compléter : l’Inventaire de Coping pour Situations Stressantes (CISS), l’Inventaire d’Anxiété Trait et Etat (STAI), et l’Inventaire de Dépression de Beck abrégé (BDI).
Le recueil des données se déroule ainsi sur deux ans. Les réponses aux bilans sont saisies et traitées sur les logiciels SPSS et R, et les réponses aux questionnaires d’anciens élèves et de parents sur Sphinx Lexica pour les réponses « textes », et sur R pour les analyses
statistiques.
Les résultats obtenus, après ajustement sur les facteurs de confusion, confirment nos hypothèses de départ. Les anciens élèves des pédagogies nouvelles s’adaptent mieux à l’entrée dans l’enseignement supérieur que les sujets du système traditionnel. Ils présentent un meilleur bien-être psychologique (niveau d’anxiété et de dépression plus faibles, et satisfaction de la vie plus grande), et des performances scolaires supérieures aux autres sujets de l’étude (résultats obtenus au premier semestre universitaire).
Concernant les facteurs pouvant expliquer cette plus grande qualité d’adaptation, les analyses statistiques révèlent une différence significative en faveur des sujets des pédagogies nouvelles par rapport à l’utilisation préférentielle de stratégies de coping centrées sur le problème, la perception d’un réseau relationnel plus stable et soutenant, et la présence plus fréquente d’un sentiment d’auto-efficacité par rapport à la réussite universitaire. En revanche, peu de différences significatives apparaissent entre les groupes de pédagogies nouvelles, mis à part un meilleur réseau relationnel déclaré par les Ecoles nouvelles/Montessori, et des résultats universitaires supérieurs pour les sujets de Steiner. Il est possible qu’en ayant accès à une population plus importante, d’autres différences apparaissent. Cette piste de recherche reste à approfondir pour savoir si les caractéristiques développées sont liées à une méthode particulière (celles-ci étant très différentes entre nos
deux groupes de pédagogies nouvelles), ou plutôt liées à l’attitude de l’équipe pédagogique face à l’enfant (celle-ci étant similaire dans les pédagogies nouvelles).
L’analyse des questionnaires « anciens élèves » et « parents » apporte des compléments d’information pour les variables ayant un impact potentiel sur l’adaptation. Les résultats soulignent notamment une déclaration plus fréquente de compétences telles que la créativité, l’autonomie, la confiance en soi et en l’avenir, chez les sujets des écoles à pédagogie nouvelle.
Nos résultats indiquent ainsi que l’hypothèse d’une aide à l’adaptation pour les anciens élèves des pédagogies nouvelles est confirmée au sein de notre population. Pourtant, il semble que malgré les qualités relevées dans notre étude, ces sujets ont parfois une image d’euxmêmes
dévalorisée (complexe interne ou préjugés externes stigmatisants), au point d’en faire peut-être une source de mobilisation supplémentaire pour s’adapter de manière efficace. Il serait donc intéressant de mener une étude plus approfondie sur cet aspect. Par ailleurs, pour mesurer la qualité de l’adaptation à la société actuelle, il serait utile d’effectuer une étude concernant le suivi des sujets issus de différentes pédagogies lors de l’adaptation au monde du travail.
Dans l’ensemble, notre étude exploratoire permet d’apporter une vision plus précise et objective des apports et des limites des écoles à pédagogie nouvelle concernant l’adaptation des élèves à la sortie de leur scolarité. De plus, elle oriente vers de nombreuses pistes de
recherche. »

URL :  http://www.bu.univ-paris8.fr/web/collections/theses/ShanklandThese.pdf


mot(s) clé(s) :  enseignement supérieur