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Pays : France  Langue(s) : français 

Sport et littérature pour la jeunesse : d'autres regards sur les corps en mouvement ?


Date :  du 13-06-2024 au 14-06-2024

Appel à communications ouvert jusqu'au :  20-11-2023

Lieu :  BnF, Quai François Mauriac, 75013 Paris (Petit auditorium) et médiathèque Marguerite-Duras, Paris

Modalité :  présentiel

Organisation :  Centre national de la littérature pour la jeunesse (CNLJ) - Culture Sport Santé Société (Laboratoire C3S)

Ce colloque international est organisé par la Bibliothèque nationale de France / Centre national de la littérature pour la jeunesse et le laboratoire « Culture, Sport, Santé, Société » de l'Université de Franche-Comté, en partenariat avec la médiathèque Marguerite-Duras de la Ville de Paris.



Programme : 

De nos jours, l’actualité sportive, très souvent compétitive, spectacularisée ou professionnelle, bénéficie d’un large traitement médiatique1 offrant une vision réductrice d’un sport qui n’est alors envisagé qu’au prisme de la performance2. À l’écran dans les supports imprimés ou sur la toile numérique, les images fixes ou animées imposent fréquemment à leurs différents publics une représentation normée et standardisée du sport et des corps en mouvement. Cependant, la vision conforme à l’idéal d’un sport compétitif, massivement répandue dans différents médias (presse écrite3, télévision4, etc.), n’est pas unique. De nombreuses autres mises en scène du sport existent et en donnent une vision plus étendue. Elles mettent alors en avant la variabilité des formes de pratiques sportives (éducatives, compétitives, récréatives, ludiques, hygiéniques, festives, etc.) et permettent de saisir les pratiques corporelles dans leur diversité culturelle et symbolique.

Des corps sportifs dans la littérature pour la jeunesse ?

Les enfants et les adolescents, à travers leurs loisirs ou les différentes institutions éducatives qu’ils fréquentent, sont eux-mêmes quotidiennement exposés à de nombreuses représentations du sport. Les manuels scolaires qu’ils découvrent dans leur salle de classe5 ou les diverses productions culturelles (littérature, cinéma, jeux vidéo, etc.) qui leur sont adressées sont autant de discours sur le sport qui participent à la construction de leurs représentations des activités physiques. Les exemples abondent de ces personnages iconiques – humains ou animaux anthropomorphes – qui, au cours de leurs aventures, se confrontent, depuis plusieurs décennies, de manière plus ou moins académique au sport : Martine, Caroline, Harry Potter, Mortelle Adèle, Tom-Tom et Nana, Astérix et Obélix, Ariol, etc6. Or, les histoires de ces célèbres personnages, comme celles d’autres héroïnes et héros peut-être moins connus, ne sont-elles qu’un miroir reflétant, à l’identique, les représentations communes, mainstream du phénomène sportif ? Si certaines œuvres confortent cette mise en scène du spectacle sportif, la connaissance des multiples productions pour la jeunesse (presse et revues pour la jeunesse, contes, romans, albums et documentaires, bandes dessinées, mangas, etc.) permet de rapidement nuancer ce constat.

Le sport est aujourd’hui un élément inévitable de la culture de masse7. Sa représentation dans la littérature pour la jeunesse, à travers ses fictions et ses documentaires, résonne assurément avec bon nombre d’événements ultra-médiatisés, que ce soit la Coupe du monde de football au Qatar en décembre 2022, l’organisation de la Coupe du monde de rugby à XV en France en 2023 ou des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. En effet, alors que la France s’apprête à accueillir cet événement d’envergure internationale, le sport n’en finit pas de trouver une place de choix au sein de l’actualité médiatique, culturelle mais également scientifique. Des événements comme l’exposition « J'ai pas dit "Partez !" » organisée en 2022 au Centre André François à Margny-lès-Compiègne portant sur les représentations du sport dans la littérature pour la jeunesse8 ou le numéro à venir de la revue Cahiers Robinson centré sur les « représentations du sport en littérature et culture d’enfance et de jeunesse »9 témoignent de cet intérêt renouvelé pour les mises en scène de la thématique sportive dans les productions destinées aux enfants et aux adolescents.

Des pratiques physiques passées par le prisme de la littérature pour la jeunesse

Le sens donné au substantif « sport » ne doit pas tromper. Certes, certains auteurs insistent sur les dimensions compétitives du sport ou identifient des critères précis pour le caractériser10. Néanmoins, pour comprendre le regard que pose la littérature de jeunesse sur le sport, il convient de dépasser une définition restrictive exclusivement centrée sur la recherche de performance et l’affrontement institutionnalisé. C’est pourquoi la référence à un « sens plus étendu », dans lequel le sport engloberait notamment « tout type d’activité physique réalisé dans un but récréatif, hygiénique ou compétitif et dans un cadre réglementaire minimal »11 est pertinente à envisager. Certes, il serait vain de retracer dans cet appel à communications les débats historiographiques existant sur ses origines du sport ou sur ses définitions. Toutefois, il est certain que les manières d’envisager le sport sont nombreuses, tout comme les modalités de pratiques qui le caractérisent. Ainsi, la mise en scène de jeunes personnages qui apprennent seulement à faire du vélo, à l’instar de la petite Suzanne de l’album Au bout du monde et sans tomber12 ou du très populaire T’choupi13, n’est pas moins intéressante que les histoires de ces véloces champion.ne.s de fiction comme Bernard Filbert, dans le roman Piège sur le Tour de France14, ou Alfonsina Strada, cette « reine du vélo » qui participa véritablement à de nombreuses courses cyclistes dans les premières décennies du XXe siècle15. Plus encore, d’autres pratiques physiques, comme les pratiques artistiques (danse, cirque, etc.), les jeux enfantins, les jeux traditionnels ou, pour reprendre la classification de Pierre Parlebas, les activités « ludomotrices », c’est-à-dire celles « au cours desquelles l’action motrice des pratiquants est pertinente »16 peuvent, avec leurs spécificités et les usages différents du corps qu’elles impliquent, intégrer les corpus étudiés.

Les chercheuses et chercheurs en sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, anthropologie, sciences de l’information et de la communication, littérature, etc.), qu’ils inscrivent ou non leurs études dans le champ des STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), ont depuis plusieurs années commencé à interroger les représentations des activités physiques et des pratiques corporelles, imprimées dans différents supports et médias relevant de la littérature pour la jeunesse : albums17, romans18, bandes dessinées19, presse jeunesse20, mangas21, etc. Dans leurs travaux, plutôt que de prendre le sport comme une évidence, un fait commun et historiquement immuable, ces chercheuses et chercheurs proposent de décrypter spécifiquement ses représentations pour la jeunesse, vues commed’authentiques constructions sociales. Néanmoins, il convient de ne pas oublier que ces représentations circulent d’un support à l’autre. Nombreux sont les exemples qui, à l’instar des albums canadiens de P. Bourgeois et B. Clark consacrés au personnage de Franklin la tortue et devenus une série télévisée à succès, ou de Babar, héros de l’œuvre de Jean de Brunhoff ayant connu différentes adaptations pour le petit écran, témoignent de cette porosité entre le champ de la littérature pour la jeunesse et celui de l’animation. S’il s’intéressera prioritairement aux œuvres relevant de la littérature de jeunesse, ce colloque sera donc aussi l’occasion d’étudier la manière dont ces représentations de sportives et de sportifs dialoguent, dans une perspective transmédiatique22, en articulant les publications imprimées et audiovisuelles : jeux vidéo,dessins animés, etc. L’approche pluridisciplinaire proposée permettra d’analyser des corpus issus de genres et supports différents, en ne restreignant en aucun cas les réflexions à la période contemporaine ou à la production francophone, prenant inévitablement en compte le caractère historique et international des créations pour la jeunesse. Par conséquent, les débats porteront aussi sur la circulation des représentations des corps en mouvement, envisagées dans leur dimension sociale, de la production à la réception des œuvres culturelles considérées sous de multiples angles thématiques complémentaires.

Analyser d'autres regards sur les corps en mouvement

Car la voix singulière de la littérature pour la jeunesse et des diverses productions culturelles afférentes offre l’opportunité de d’explorer d’autres regards portés sur le sport. Ne pourrait- elle pas ainsi contribuer à en renouveler l’approche ? Effectivement, les discours façonnés dans ces œuvres ne sont pas forcément produits par des spécialistes du sport, dévoilant de fait d’autres perceptions des corps en mouvement que celles habituellement étudiées. Quoi qu’il en soit, ces regards sont ceux produits généralement par des adultes (illustrateurs, auteurs, éditeurs, etc.) pour des publics spécifiques : l’enfance et la jeunesse. Dès lors, il semble essentiel de s’interroger sur ce qu’une société choisit de montrer des sports et des pratiques corporelles aux jeunes générations, sur les imaginaires qu’elle fabrique, laissant transparaître ses mythes et ses croyances. Nul doute par exemple que les bibliothèques ou les chambres d’enfants et d’adolescents renferment des œuvres révélant des corps sportifs aux morphologies et aux conditions physiques variées. Dans ces livres, peuvent apparaître des personnages chétifs ou musculeux, entraînés ou débutants, maladroits ou prestes, athlétiques ou sédentaires, éreintés ou infatigables, vigoureux ou abîmé, etc. Ces représentations produites doivent d’autant plus être interrogées qu’elles transmettent, volontairement ou pas, explicitement ou non, des savoirs, des normes, des valeurs, des modèles, une culture aux jeunes lecteurs qui ne doivent cependant pas être considérés comme des êtres passifs.

Finalement, dans quelle mesure la littérature de jeunesse participe-t-elle à la reproduction de représentations stéréotypées ou à la création de contre-représentations du sport ? Car si les représentations construites par la littérature de jeunesse se conforment à bien des égards aux canons sportifs et stéréotypes très largement diffusés, ses auteurs peuvent, au contraire,s’approprier les codes sportifs, les détourner, les définir différemment, jouer avec eux, voire les transgresser. Leurs représentations des jeux, des loisirs corporels sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont susceptibles de dévoiler une autre vision du sport, et plus globalement du corps en mouvement, que celle conçue par les productions guidées par la compétition et la recherche de performance spectacularisée. Non pas que ces dimensions soient absentes des ouvrages pour la jeunesse, mais la vision élargie du sport qu’ils proposent permet de prendre du recul pour envisager des cultures corporelles nous menant sur d’autres terrains que les stades. Ainsi, du Superlapin Simon qui ne veut pas aller à la piscine dans un album de Stephanie Blake aux compétitions de Quidditch de Poudlard, en passant par l’entraînement de Naruto pour devenir ninja ou par les extravagantes inventions et maladresses sportives de Gaston Lagaffe, la littérature de jeunesse n’offrirait-elle pas des regards singuliers, spécifiques sur les activités physiques ? Les représentations produites pour le jeune âge n’autoriseraient-elles pas l’émergence d’autres regards sur le sport, d’autres visions des pratiques corporelles ?

Ce faisant, les communications et les échanges proposés lors de ce colloque permettront d’envisager la manière dont la littérature pour la jeunesse participe, ou non, à créer d’autres manières d’appréhender l’éducation des corps, leur mise en mouvement, la compétition et la performance, l’olympisme, le genre, l’identité ethno-raciale, le rapport au temps, à la nature, la santé, etc. La liste est loin d’être exhaustive et des propositions invitant à questionner d’autres aspects des activités corporelles seront évidemment les bienvenues.

Modalités d’envoi des propositions et calendrier
Le colloque se tiendra le jeudi 13 juin 2024, au Petit auditorium de la BNF (Paris, 13e), et le vendredi 14 juin 2024, à la médiathèque Marguerite Duras (Paris, 20e).

Le colloque est ouvert à l’international. Les langues du colloque seront le français et l’anglais.

Les frais de déplacement et d’hébergement des intervenant·e·s ne seront pas pris en charge par les organisateurs de l’événement.

Date de remise des propositions : 20 octobre 2023

Adresses d’envoi des propositions : lucas.profillet@univ-fcomte.fr et virginie.meyer@bnf.fr

Les propositions de communications, comprenant le titre de la communication, un résumé (500 mots environ), 5 mots-clés et quelques références bibliographiques, seront complétées par une courte présentation (bio-bibliographie) de l’auteur·e ou des auteur·e·s (avec université, adresse électronique et numéro de téléphone).

Le document, au format .pdf, portera le nom de la première personne soumettant la proposition : Nom_Prénom.pdf

Réponse aux propositions : décembre 2023

Les communications seront enregistrées afin d’être éventuellement mises en ligne sur le site de la BnF et de ses partenaires.

Afin de prolonger les réflexions et les échanges nés à l’occasion de ce colloque, des perspectives de publication seront envisagées.



URL :  https://3slf.fr/.../


mot(s) clé(s) :  éducation physique, sportive et à la santé, ressources pour enseigner ou apprendre