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Pays : France  Langue(s) : français 

Pratiques pédagogiques de l’éducation populaire : histoires et actualités d’un projet politique


Date :  du 27-05-2024 au 28-05-2024

Appel à communications ouvert jusqu'au :  01-12-2023

Lieu :  faculté d’éducation de l'université de Montpellier

Modalité :  présentiel

Organisation :  Laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique (LIRDEF) - éducation et formation

Le colloque « Pratiques pédagogiques de l’éducation populaire : histoires et actualités d’un projet politique » aura lieu les 27 et 28 mai 2024 à la faculté d’éducation de l'université de Montpellier. Il est organisé par

  • le LIRDEF (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Education et Formation) - UM/UM3
  • le CEDRHE (Centre d’Histoire de l’éducation de la Faculté d’éducation de l’UM).
  • En collaboration avec le PAJEP (pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d'éducation populaire).


Programme : 

L'éducation populaire, « objet carrefour » des sciences de l'éducation de nature polysémique, connaît une longue histoire complexe et mouvementée, entre projet politique émancipateur et phase d'institutionnalisation par l'État. Caractérisée en autre par ses pratiques éducatives inspirées des méthodes actives, ce concept aux délimitations larges, semble s'inscrire dans un long héritage issue des XIXe et XXe siécles et semble connaitre depuis le début des années 2000 de nouvelles formes d'expressions, de nouvelles pratiques et de nouveaux acteurs. Cet appel à communication s'intéresse particulièrement aux pédagogies, reflexions, structurations et pratiques de l'éducation populaire. De quelle manière peut-on analyser et définir ces pratiques pédagogiques ? À quel projet politique répondent-elles ? Y-a-t-il encore un lien entre pédagogie et émancipation ? Quel lien entre histoire et actualité de l'éducation populaire ?

Argumentaire

En évoquant le terme d’ « éducation populaire », il est chose commune et courante de mettre en exergue sa nature polysémique. Cette indéfinition, comme le souligne Emmanuel de Lescure, Laurent Besse et Emmanuel Porte dans un récent rapport de l’INJEP, semble être la résultante de la diversité de ses pratiques, faisant ainsi de cette expression un « terme valise » (Tétard, 2007). L’absence de définition dite académique, confiant un caractère nébuleux à l’éducation populaire, peut donc flouter ses champs d’intervention et ainsi complexifier une lecture précise et partagée de son projet politique : de quoi parlons-nous lorsque nous parlons d’éducation populaire ? Quelles en sont les finalités politiques ?

L’animation et l’éducation populaire sont considérées comme un objet carrefour (Lebon, 2020), les domaines d’exploration peuvent donc être multiples (sociologie, sciences de l’éducation, sciences politiques, histoire, politiques culturelles, etc.) et ses domaines d’application demeurent particulièrement larges (jeunesse, citoyenneté, culture, scolarité, loisirs, formation, emploi, etc.). Cette multitude de champs confère ainsi une caractéristique propre à l’éducation populaire : la diversité de statuts et de fonctions des acteurs et actrices qui la composent (salarié·e·s, bénévoles, cadres, élu·e·s, mis·e·s à disposition de la fonction publique, etc.) organisé·e·s traditionnellement autour d’un fort engagement associatif et/ou militant (Besse De Lescure, Porte, 2016).

Interroger les pratiques pédagogiques de l’éducation populaire d’hier et d’aujourd’hui, c’est s’intéresser à l’un des principes forts de cette notion, à savoir le lien entre la complexité de son/ses projet/s politique/s et la diversité de ses actes éducatifs quotidiens.

Historiquement, l’éducation populaire a nourri et construit sa réflexion pédagogique ainsi que sa méthodologie d’intervention à partir des travaux des pédagogues novateurs de la première moitié du XXe siècle (Élise et Célestin Freinet, Roger Cousinet, Fernand Oury, etc.) créant ainsi des liens étroits entre éducation nouvelle, pédagogie sociale et éducation populaire avec par exemple la création des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active (CEMEA) en 1937 ou encore les Francs et Franches Camarades (FRANCAS) en 1944. Les techniques d’éducation populaire entendent également remettre en cause le rapport hiérarchique, vertical, entre enseignant et enseigné, entre « sachant » et ignorant (Rancière, 1987), pour y substituer des rapports de coopération et des situations d’éducation mutuelle (Vennin, 2017).

En ce début de XXIe siècle, le travail d’éducation populaire semble principalement caractérisé par les pratiques dites socioculturelles (Maurel, 2010), par l’organisation des loisirs en direction de l’enfance et de la jeunesse et par la « relative » complémentarité éducative avec l’instruction académique. Or son projet politique initial qui s’inscrivait dans une volonté émancipatrice affichée (Bonnefon, 2016) et d’éducation politique du citoyen, s’est vu vidé avec le temps de sa « substance », sociale, citoyenne et éducative (Poujol, 2000) au profit d’une instrumentalisation croissante par les pouvoirs publics dans une perspective purement occupationnelle et libérale (Lebon, De Lescure, 2016). Cette atténuation du « politique » pourrait-elle être une conséquence de l’institutionnalisation de l’éducation populaire (Morvan, 2011) par l’État et les collectivités locales au profit d’un ordre économique et politique ? En favorisant l’ouverture du secteur de l’éducation aux mécanismes des marchés publics et donc à la concurrence, la notion même de « commun » (Dardot, Laval, 2015) n’est-elle pas soumise à une « neutralisation » des aspirations politiques démocratiques ?

L’un des dénominateurs communs à l’ensemble des pratiques d’éducation populaire pourrait être l’attachement à des pratiques pédagogiques spécifiques, comme les méthodes dites « actives », « participatives » ou encore issues de l’éducation nouvelle. Mais comment l’éducation populaire actuelle réinterprète-t-elle cet héritage ? De quelles manières peut-on analyser et définir ces nouvelles pratiques pédagogiques ? A quel projet politique répondent-elles ? Y a-t-il encore un lien entre pédagogie et émancipation ? Ainsi, la proximité entre éducation populaire et pédagogies émancipatrices n’est-elle aujourd’hui plus une évidence tant « le poids croissant des équipements socioculturels et la neutralisation idéologique qui les accompagne entraînent un déclin relatif de l'importance accordée à la pédagogie au profit d'une dimension plus gestionnaire » (Besse, Chateigner, Ihaddadene, 2016). Il apparaît alors que le retour à la question éducative et pédagogique pourrait être central et déterminant pour tenter de renouer avec l’ambition politique initiale et retrouver le lien entre discours et pratiques, par exemple en réinterrogeant de nouveau le concept d’éducation intégrale (Depoil, 2022).

C’est dans cette perspective que la pédagogie peut être un levier de rupture avec les logiques de « dispositif » inspirées des politiques libérales, ou encore des logiques « d’équipement » héritées du socioculturel. Enfin, il est important de souligner ici l’apport de l’éducation populaire dans les dispositifs de formation (Besse, Chateigner, Ihaddadene, 2016) avec la création entre autres de nombreux outils qualifiés de « techniques d’éduc’ pop’ » (Brusadelli, 2021), comme par exemple des jeux « brise-glaces », débats « mouvants », « petits groupes / grands groupes », le « débat pétale », etc. Ces pratiques seront largement reprises et développées par certaines SCOOP d’éducation populaire politique, faisant ainsi de ces méthodes participatives leurs marques de fabrique (Brusadelli, 2021).

Les propositions pourront s’inscrire dans un des axes proposés :

1. L’histoire de l’éducation populaire comme laboratoire d’expériences, de réflexions et de pratiques

Dans quelle mesure l’histoire de l’éducation populaire peut-elle être envisagée comme laboratoire d’expériences, de réflexions et de pratiques, entre pédagogie traditionnelle et forme scolaire ? Quelle la place du projet pédagogique dans les Accueils Collectifs de Mineurs (ACM) ? L’alternatif par rapport à la forme scolaire n’est-il qu’une vue de l’esprit, et si tel n’est pas le cas, comment se manifeste cette pédagogie autonomisée ? Comment penser les continuités, la captation d’héritages comme autant de perspectives d’innovation en pédagogie ?

2. Structuration du monde associatif et transformation des cadres des pratiques

Dans quelle mesure la bureaucratisation des structures encadrant les pratiques d’éducation populaire concourt à en transformer la teneur ? Les SCOP, les modèles inscrits dans l’économie sociale et solidaire, les tiers-lieux, etc. permettent-ils de renouveler les pratiques professionnelles et les gestes pédagogiques ? Dans quelle mesures ces dernières sont des espaces de résistance ou au contraire de reproduction des formes de rationalité néolibérale, incluant pratiques managériales, pédagogie par projet, travail gratuit ?

3. Les pédagogies « radicales » et l’éducation populaire politique ?

Quelles sont les actualités de la critique pédagogique dans la vulgate la plus radicale ? Quels en sont les effets ? Quels sont les contenus des formations se revendiquant explicitement de la conscientisation politique? Quels nouveaux combats ou paradigmes (l’intersectionnalité par exemple), nouveaux espaces d’intervention et nouveaux outils sont déployés par les pédagogues et les praticiens ?

4. L’éducation populaire et l’éducation intégrale : des histoires croisées ?

Quels liens entre éducation populaire et éducation intégrale ? Quelles sont les pratiques actuelles et les enjeux de demain pour une éducation populaire favorisant un développement intellectuel, physique, affectif et émancipateur ? L’éducation populaire est-elle de fait intégrale ? La segmentation de l’éducation populaire constitue-elle la limite d’une approche globale ? La pédagogie sociale est-elle intégrale ? La réactivation de l’héritage de l’éducation intégrale dans le monde de l’éducation populaire peut-elle apparaître comme une réponse face aux logiques néolibérales ?

5. L’histoire de l’éducation populaire et son patrimoine, objet de construction et de transmission

Quelle est la présence du passé dans le présent de l’éducation populaire ? Quels sont les rôles des recherches universitaires et des transmissions militantes dans cette histoire et cette actualité de l’éducation populaire ? Comment faire connaitre les lieux de mémoires, d’archives, et de transmissions de l’éducation populaire ? Quelle est la part de l’appropriation du passé dans l’actualité et l’avenir des mouvements de l’éducation populaire ?

Modalités de soumission

Les propositions sont attendues au plus tard le 1er décembre 2023

Elles sont à transmettre conjointement à Mathieu Depoil (mathieu.depoil@etu.univ-montp3.fr) et Léo Vennin (leo.vennin@iepg.fr)

Notification d’acceptation le 15 janvier 2024.

Il est a noter que les contributions de cette journée pourront faire l’objet d’une publication écrite dans un numéro prévu de la revue Trema pour fin 2024.

Chaque proposition devra comporter les éléments suivants

Nom, prénom, statut et institution de rattachement
Titre de la communication et axe dans lequel la proposition s’inscrit
Résumé de la proposition de 5000 signes maximum
Présentation de la méthodologie choisie et des sources mobilisées (archives, entretiens, enquêtes, publications etc.)
3 à 5 références bibliographiques



URL :  https://calenda.org/.../1096880


mot(s) clé(s) :  analyse de pratiques, éducation non formelle