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     Langue(s) : français 

Enfants et écrans. À la recherche du temps perdu


Auteur(s) :  Carole Bousquet-Bérard et Alexandre Pascal

Editeur(s) :  Présidence de la République

Date :  05/2024

 

Présentation du rapport 

La Commission dresse un ensemble de constats sur l'exposition des enfants aux écrans :

  • les enfants, à l'image de leurs parents, évoluent dans un univers dans lequel les écrans et le numérique occupent une place prépondérante. Les enfants sont très largement exposés et de plus en plus jeunes, aux écrans, que ce soit au sein de leur domicile, à l'école, dans l'espace public, et avec les équipements dont ils peuvent disposer pour leurs usages propres ;
  • les écrans ont des conséquences néfastes sur plusieurs aspects de la santé somatique des enfants et des adolescents. En particulier, l'utilisation des écrans contribue, directement ou indirectement, aux déficits de sommeil, à la sédentarité et au manque d'activité physique, à l'obésité et à l'ensemble des pathologies chroniques qui en découlent, ainsi qu'aux problèmes de vue ;
  • les études sur les conséquences des écrans sur le neurodéveloppement des enfants et des adolescents nécessitent encore d'être approfondies ;
  • la notion "d'addiction aux écrans" en tant que telle n'est pas encore reconnue par la science, mais les "écrans", et en particulier l'utilisation des réseaux sociaux peuvent apporter des facteurs de risque supplémentaires lorsqu'il y a une vulnérabilité préexistante chez un enfant ou un adolescent, notamment de dépression ou d'anxiété ;
  • l'accès non maitrisé des enfants aux écrans et l'insuffisante régulation des contenus auxquels les mineurs peuvent être exposés, en matière de pornographie et d'extrême violence, font peser un risque élevé sur leur équilibre, voire parfois leur sécurité. Ils soulèvent des questions sur le plan sociétal, par exemple avec la diffusion massive de certains stéréotypes ou représentations délétères sur les relations entre les hommes et les femmes, sur la sexualité, sur le "vivre ensemble". 

La commission formule 29 recommandations et notamment :

  • renforcer la recommandation en vigueur de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans, et de déconseiller leur usage jusqu’à l’âge de 6 ans, ou tout au moins qu’il soit fortement limité, occasionnel, avec des contenus à qualité éducative, et accompagné par un adulte.
  • Après 6 ans, tendre vers une exposition modérée et contrôlée, qui trouve sa juste place parmi des activités qui se doivent d’être diversifiées et variées pour le développement des enfants et des adolescents.
  • La Commission estime ainsi qu’il n’est pas opportun que les enfants disposent de téléphone portable avant l’âge de 11 ans, soit l’entrée dans le secondaire ; qu’à partir de 11 ans, s’ils disposent d’un téléphone, il est recommandé que celui-ci ne puisse pas être utilisé pour se connecter à Internet ; qu’à partir de 13 ans s’ils disposent d’un téléphone connecté, il ne doit pas permettre d’accéder aux réseaux sociaux ni aux contenus illégaux ; qu’à compter de 15 ans, âge symbolique de la majorité numérique, l’accès aux réseaux sociaux soit limité à ceux pourvus d’une conception éthique.

Sommaire 

PARTIE 1 – « EXPOSITION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS AUX ÉCRANS » : DE QUOI PARLE-T-ON ?
PARTIE 2 – « EXPOSITION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS AUX ÉCRANS » : EST-CE GRAVE ?
2.1- Les écrans en tant que technologie présentent des risques aujourd’hui établis par la science sur certains aspects de la santé physique des enfants et des adolescents
2.2- Concernant le développement des enfants et de leur cerveau, il convient prioritairement d’être vigilants sur les effets des écrans sur les enfants les plus jeunes et sur le risque de « technoférence » qui peuvent leur nuire durablement
2.3- En matière de santé mentale, notamment de dépression et d’anxiété, l’utilisation des réseaux sociaux semble être un facteur de risque lorsqu’il y a une vulnérabilité préexistante
2.4- L’accès non maîtrisé des mineurs aux écrans les expose à des contenus insuffisamment régulés, parfois traumatiques, pouvant mettre en cause leur équilibre, leur santé et leur sécurité
2.5 – Au-delà des enjeux de santé publique et d’intégrité individuelle, quels impacts sur le plan sociétal ?

PARTIE 3 – « EXPOSITION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS AUX ÉCRANS » : QU’A-T-ON FAIT JUSQU’À PRESENT ?
3.1- Un corpus juridique européen et national est d’ores et déjà prévu ou en cours de déploiement pour protéger les plus jeunes et fournit un encadrement utile qui reste à investir pleinement sur de nombreux aspects
3.2- Des règles et messages de sensibilisation ainsi que des outils d’accompagnement ont été progressivement déployés mais leurs effets sur les pratiques restent limités faute de connaissance des recommandations et de cadre d’action harmonisé
3.3- Face aux situations les plus graves, des outils de modération, de signalement et de répression existent mais sont mis au défi de l’explosion des contenus choquants
3.4- Des acteurs économiques qui ne font pas alliance au service de la protection des enfants, mais se retrouvent dans le renvoi de la responsabilité aux parents
3.5- Un cadre de référence sur le numérique éducatif à mieux articuler avec les enjeux sociétaux et de santé, en lien avec les familles
3.6- Une gouvernance insuffisante de tous les acteurs, en l’absence de stratégie structurelle, collective et interministérielle

PARTIE 4 : « EXPOSITION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS AUX ÉCRANS » : QUELLE AMBITION ET COMMENT LA CONCRETISER ?
4.1- Axe n°1 : S’attaquer, pour les interdire, aux conceptions addictogènes et enfermantes de certains services numériques afin de redonner du choix aux jeunes
4.2- Axe n°2 : Protéger, plutôt que contrôler, les enfants : une bataille qui doit se mener et peut se gagner auprès des acteurs économiques
4.3- Axe n°3 : Assumer et organiser une progression des usages des écrans et du numérique chez les enfants en fonction de leur âge
4.4- Axe n°4 : Préparer sérieusement les jeunes à leur autonomie sur les écrans, leur donner le pouvoir d’agir et, dans le même temps, redonner toute leur place aux enfants et aux jeunes dans la vie collective
4.5- Axe n°5 : Mieux outiller, mieux former au numérique et mieux accompagner les parents, les enseignants, les éducateurs et tous ceux qui interviennent auprès des enfants, tout en organisant une société qui remet l’écran et le numérique à sa juste place
4.6- Axe n°6 : Mettre en place un dispositif ambitieux de gouvernance permettant à la puissance publique de définir une véritable stratégie, de disposer de capacités de pilotage, de pouvoir mieux soutenir les acteurs qui interviennent auprès des jeunes et des familles, et d’informer les citoyens

Tableau récapitulatif des propositions
Annexe 1 : Présentation des membres de la Commission
Annexe 2 : Liste des personnes auditionnées et des contributions reçues



Télécharger le document :  https://www.vie-publique.fr/.../293978.pdf


mot(s) clé(s) :  éducation aux médias et à l'information, enfance, adolescence, jeunesse