Dossiers de synthèse Veille et Analyses :
L'enseignement supérieur sous le regard des chercheurs
février 2005
Auteur(s) : Olivier REY (en partenariat avec le Réseau d'Etude sur l'Enseignement Supérieur - RESUP)
Résumé :
L'université a longtemps fait figure de parent pauvre des recherches en éducation en France, même si l'on élargit le domaine à l'ensemble de l'enseignement supérieur (grandes et moins grandes écoles comprises).
Si l'objet de ce travail n'est pas de livrer un recensement des travaux de recherche concernant l'université depuis les cinquante dernières années, la simple consultation de la bibliographie des ouvrages parus sur la question témoigne de l'inexistence d'un champ scientifique vraiment cumulatif jusqu'à la fin des années 80.
Non pas que l'université ne fasse pas l'objet d'attentions : dès avant la crise de mai 68 et jusqu'à nos jours, des ouvrages sont régulièrement parus sur le sujet. Dans l'écrasante majorité des cas, néanmoins, il s'agit d'essais ou de témoignages livrant un diagnostic politique ou professionnel de la situation universitaire (et des remèdes préconisés), plus que de compte-rendus de recherche.
Peu de travaux des années 60 et 70 émergent ainsi, à la notable exception des Héritiers (Bourdieu et Passeron, 1964). Cet ouvrage (1) a d'ailleurs plutôt donné lieu à des débats postérieurs sur sa portée sociologique générale qu'à des prolongements portant sur les populations universitaires : le travail de Bourdieu et Passeron est fondateur d'un courant de recherche sur la reproduction des inégalités sociales avant que d'être l'initiateur d'un ensemble de travaux sur la population universitaire.
Nous pourrions oser quelques variations sur la réticence des universitaires à se poser en objet de leurs propres études. Au delà de cette hypothèse difficilement vérifiable, il est en revanche plausible que la faiblesse de la recherche dans le domaine avait à voir avec la situation des universités françaises elles-mêmes.
A partir de son expérience de président d'université à Nanterre, R. Rémond (1979) avançait l'idée que la société française n'aimait pas ses universités, sans trop de risques d'être démenti à l'époque.
Les travaux historiques et sociologiques sur l'université française convergent en effet ces dernières années (notamment Charle, 1994, Musselin, 2001) pour souligner la faiblesse institutionnelle des universités en France, de la Révolution aux années 90.
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