Inégalités de parcours éducatifs en France : le rôle des ressources et des compétences
Auteur(s) : GROBON Sébastien
Date de soutenance : 2024
Thèse délivrée par : Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne
Section(s) CNU : section 05 : Sciences économiques
Sous la direction de : François-Charless WOLFF & Jérôme GAUTIé
Jury de thèse : Elise Huillery ; Xavier Joutard ; Jean-François Giret ; Julien Grenet ; Sander Wagner
"Cette thèse d’économie analyse les inégalités de parcours éducatifs du collège aux études supérieures, selon le milieu socio-économique des parents, notamment leur revenu, et selon le genre. Les différences de parcours sont reliées à deux facteurs explicatifs principaux : les ressources financières disponibles d’une part, et les compétences d’autre part. Il s’agit tout d’abord de quantifier les inégalités, d’établir le lien avec les différents facteurs explicatifs potentiels et d’en déduire des conséquences concernant la modélisation économique des comportements en général, et plus particulièrement le fonctionnement des politiques publiques, du système d’enseignement supérieur et de l’aide publique aux jeunes en France. Le premier chapitre quantifie les fortes inégalités d’accès à l’enseignement supérieur et aux filières sélectives en France, selon le revenu des parents. Malgré des frais d’inscription réduits et un moindre niveau d’inégalités de revenu qu’aux États-Unis, l’ampleur des inégalités d’accès s’avère similaire entre les deux pays. En France, les inégalités semblent moins liées à une barrière financière qu’à des compétences plus inégales selon le milieu socio-économique, une orientation précoce et des aspirations moins positives dans les milieux défavorisés. Ces inégalités d’accès impliquent que les dépenses publiques d’enseignement supérieur bénéficient davantage aux jeunes dont les parents sont les plus aisés. Le deuxième chapitre aborde plus en détail la question des ressources financières des étudiants boursiers en France, en étudiant la manière dont évolue l’aide financière des parents quand l’aide publique augmente. Pour un euro de plus de bourse, l’aide parentale décroît de cinquante centimes. Implicitement, le montant des bourses se trouve partagé entre les jeunes, qui voient leur situation financière s’améliorer, et les familles modestes, qui peuvent réduire le sacrifice financier servant à financer le coût des études. Malgré cette éviction, le bénéfice de l’aide publique versée aux jeunes n’est pas totalement annulé par une réduction de l’aide parentale. Le troisième chapitre étudie les durées des études, plus importantes pour les femmes en moyenne, en les reliant aux différences de compétences mesurées au collège. 45 % des différences de durée des études entre les femmes et les hommes sont corrélées aux disparités de niveaux de compétences mesurées en 6e, qu’il s’agisse de compétences académiques, cognitives ou socio-comportementales. Ces dernières, qui renvoient à des savoirs-être tels que la motivation ou la croyance en ses compétences, sont déterminantes et à l’avantage des femmes. Les meilleurs résultats des femmes dans les évaluations nationales en Français jouent également un rôle, dans une moindre mesure. Malgré un avantage en mathématiques, le désavantage des hommes pour certaines compétences socio-comportementales et en Français les conduit plus fréquemment en filière professionnelle, et limite pour certains les possibilités de poursuivre des études longues. L’ensemble de ces résultats invite à un accompagnement de nature différente selon le genre, et à un soutien financier des étudiants de milieux modestes, complété par un renforcement précoce des compétences et un soutien à l’orientation."
Unequal Educational Pathways in France : The Role of Resources and Skills
"This economics thesis examines the disparities in educational opportunities between secondary school and higher education based on the socio-economic background of parents, specifically their income, and gender. The variations in educational opportunities are attributed to two primary factors: financial resources and skills. The objective of this work is to quantify inequalities and establish their link with potential explanatory factors. The consequences for economic modeling of behavior in general, and specifically for the operation of public policies and the higher education and public aid systems for young adults in France, are then deduced. The first chapter presents the strong inequalities in enrollment in higher education and selective streams in France, according to parental income. Despite lower tuition fees and less inequality than in the USA, France still faces similar levels of inequality in participation to higher education. Inequalities in France appear to be less related to financial barriers and more related to unequal skills based on socio-economic background, early tracking in 10th grade, and less positive aspirations in disadvantaged environments. These access inequalities mean that public spending on higher education primarily benefits young adults whose parents are better off. The second chapter examines the financial resources of scholarship students in France, specifically how parental financial support changes with an increase in public aid. For each additional euro in scholarship aid, parental aid decreases by fifty cents. This implies that the grant amount is split between the student, who experiences an improvement in their financial situation, and low-income families, who can reduce the financial burden of education. The hypothesis that parental aid reduction would result in a complete removal of aid paid to young people is not supported. The third chapter examines the length of study, which is higher on average for women, by linking it to differences in skills measured in middle school. Forty-five percent of the difference in length-of-study between women and men are correlated with disparities in skill levels measured in 6th grade, whether academic, cognitive, or socio-behavioral. The latter, which refer to life skills such as motivation and belief in one's abilities, are decisive and favor women. Women perform better than men in national French assessments, which contributes to their higher success rates. Although men have an advantage in mathematics, their weaker socio-behavioral skills and French proficiency lead them to pursue vocational streams more often, limiting their opportunities for further education. These findings suggest the need for financial assistance for students from low-income backgrounds, as well as early skills reinforcement and guidance support. Additionally, gender-specific support may be beneficial."
URL : https://theses.hal.science/tel-04977843v1
mot(s) clé(s) : économie de l'éducation, inégalités, origines socioculturelles