Produire une réforme contestée. Clivages et interdépendances des espaces impliqués dans la Loi de Programmation de la Recherche (2018-2020)
Auteur(s) : SOLER Coline
Date de soutenance : 2025
Thèse délivrée par : Université Paris Saclay
Section(s) CNU : section 19 : Sociologie, démographie
Sous la direction de : Frederic LEBARON
Jury de thèse : Corine Eyraud ; Jérôme Aust ; Clémentine Gozlan ; Bertrand Geay ; Frédéric Lebaron
"Cette thèse analyse le processus d'élaboration d'une réforme contestée, la Loi de Programmation de la Recherche (LPR), promulguée en décembre 2020. Elle cherche à comprendre les conditions qui ont rendu possible l'adoption de cette réforme malgré l'opposition qu'elle a suscitée dans la communauté académique.En articulant sociologie de l'action publique et théorie des champs, nous analysons les dynamiques qui structurent les différentes étapes du processus, les arènes de l'élaboration de la réforme, les relations entre les collectifs mobilisés et les décideurs politiques, ainsi que les formes d'actualisation des enjeux liés à la recherche dans différents espaces.Cette recherche combine analyse quantitative et analyse qualitative, en mobilisant des méthodes mixtes (analyse lexicale, analyse des correspondances multiples, entretiens, observations). Ce travail éclaire les dynamiques institutionnelles, politiques et professionnelles qui ont structuré la fabrication de cette loi. L'étude met d'abord en évidence la structuration du champ de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR) et les transformations qui l'affectent depuis plusieurs décennies. Elle montre que la LPR s'inscrit dans un continuum réformateur, marqué par la diffusion d'un « sens commun réformateur » qui légitime certaines orientations politiques, telles que l'autonomie accrue des établissements, la compétition pour les financements et la différenciation statutaire des personnels.En analysant les agents et les arènes où la réforme a été discutée, cette recherche montre les clivages qui structurent l'espace d'élaboration de la réforme. La thèse met ainsi en lumière les mécanismes de synchronisation des intérêts entre les différents espaces impliqués dans la production de la loi, expliquant pourquoi certaines propositions ont été reprises dans le texte final tandis que d'autres ont été écartées. Nous en concluons que l'articulation entre la structure sociale de production d'une politique sectorielle et des facteurs conjoncturels crée les conditions de possibilité de la réforme.Enfin, cette recherche propose un modèle d'analyse sociologique de l'action publique applicable à d'autres secteurs. Elle souligne l'articulation entre les structures sociales des champs engagés dans la production de la loi et les dynamiques conjoncturelles qui façonnent les trajectoires des réformes. À travers le cas de la LPR, elle contribue à une meilleure compréhension des évolutions d'un groupe professionnel et du processus de légitimation et d'adoption des politiques publiques sectorielles."
Crafting a Contested Reform : Divisions and Interdependencies Among the Fields Involved in the Research Programming Law (2018-2020)
"This dissertation analyzes the process of crafting a contested reform, the Research Programming Law (LPR), enacted in December 2020. It seeks to understand the conditions that made it possible to adopt this reform despite the opposition it faced within the academic community.By combining public policy sociology and field theory, we examine the dynamics shaping the different stages of the process, the arenas in which the reform was developed, the relationships between mobilized collectives and political decision-makers, as well as the ways in which research-related issues were reframed across different fields.This research employs both quantitative and qualitative analyses, using a mixed-methods approach (lexical analysis, multiple correspondence analysis, interviews, and observations). It sheds light on the institutional, political, and professional dynamics that structured the making of this law.The study first highlights the structure of the higher education and research (HER) field and the transformations that have affected it over several decades. It shows that the LPR is part of a broader continuum of reforms characterized by the dissemination of a “reformist common sense”, which legitimizes certain political orientations, such as increased institutional autonomy, competition for funding, and differentiated employment statuses.By analyzing the actors and arenas where the reform was debated, this research reveals the divisions structuring the space of reform-making. The dissertation thus highlights the mechanisms that synchronized interests across the different fields involved in the legislative process, explaining why certain proposals were incorporated into the final text while others were dismissed. We conclude that the interplay between the social structure of sectoral policymaking and conjunctural factors creates the conditions for reform feasibility.Finally, this research proposes a sociological framework for analyzing public policy, applicable to other sectors. It underscores the relationship between the social structures of the fields engaged in lawmaking and the conjunctural dynamics shaping reform trajectories. Through the case of the LPR, it contributes to a better understanding of the transformations of a professional group and the processes of legitimation and adoption of sectoral public policies."
URL : https://theses.hal.science/tel-05113075
mot(s) clé(s) : enseignement supérieur, politiques éducatives