Développement professionnel et processus de subjectivation chez les formateurs de la formation continue courte du travail social : de la technicité à la transformation de soi ?
Auteur(s) : MONTAGNE Florence
Date de soutenance : 2024
Thèse délivrée par : Université de Lorraine
Section(s) CNU : section 70 : Sciences de l'éducation
Sous la direction de : Saeed PAIVANDI
Jury de thèse : Guy Lapostolle ; Saeed Paivandi ; Emmanuel Jovelin ; Nathalie Younes ; Patricia Champy-Remoussenard
"La recherche vise à explorer le développement professionnel des formateurs de la formation continue courte intervenant auprès des travailleurs sociaux et questionne, à la fois, l’activité de formation et le travail social, champ dans le cadre duquel les formateurs ont préalablement développé leur expertise.Formation et travail social sont des activités adressées à autrui, celles-ci visant la transformation de l’autre et accordant, de fait, une très large place aux dimensions relationnelles (Piot, 2007). S’il est important de rendre prédominante la culture de la relation et d’adopter une pratique réflexive (Piot, 2007 ; Hébrard, 2017 ; Tardif, 2018), constat est que la proximité de la formation continue courte avec le monde du travail et les enjeux économiques, politiques, sociétaux sous-jacents au travail social, donnent à voir des conceptions plutôt utilitaristes se reposant sur du pragmatisme, de la rationalisation et de l’expertise technique, autant de dimensions empêchant une transformation possible.Et pourtant, des travaux menés auprès de professionnels du travail social ont mis à jour que ces formations pouvaient être le moteur de transformations silencieuses intervenant sur la croissance de la vie adulte (Julien, 2009 ; Di Patrizio, 2017).Qu’en est-il alors de la pratique des formateurs ?Cette recherche a pour objectif d’apporter un début de réponse. Pour ce faire, une étude qualitative (Mucchielli, 2009) est menée auprès de vingt formateurs intervenant à l’Ecole des Parents et des Educateurs de Moselle (EPE57), organisme spécialisé de la formation continue courte dans le champ social. Les données empiriques sont recueillies et traitées, dans une perspective de théorisation ancrée (Paillé, 1994), à partir d’entretiens de type semi-directif selon une approche compréhensive (Kaufmann, 1996) et d’explicitation de la pratique (Vermersch, 1994).Cette exploration prend ancrage dans les théories de l’apprentissage (Vygotski, 1934), de l’action (Dewey, 1916) et issues de l’approche centrée sur la personne (Rogers, 1961). Elle est étayée par un cadre conceptuel mobilisant les notions de développement professionnel (Wittorski, 2007), de conception de la formation (Marton, 1983) et de subjectivation, les propos recueillis donnant à entendre toute l’importance, pour les formateurs, de la relation, de la réflexivité et des enjeux du développement de la personne.En effet, l’ensemble des données contribue à approcher le développement professionnel à travers le prisme du processus de subjectivation, processus tout à la fois de socialisation et de construction dans le temps renvoyant notamment à la capacité d’être sujet et d’agir en fonction de ses choix (Wieviorka, 2012), d’avoir accès à la conscience et connaissance de soi (Foucault, 1969) et d’être en capacité d’apprendre (Bourgeois, 2018). Ainsi, à travers les discours, explorer des dimensions relevant du rapport au savoir, au pouvoir, à l’action, à soi, à l’autre, a permis d’identifier des invariants tels que l’agentivité, l’engagement, l’autoformation, la transmission de savoirs, la connaissance de soi, la reconnaissance de l’autre, la transformation de soi, mais aussi de tracer les contours de quatre profils de formateurs dont l’activité génère possiblement des moments formateurs, voire transformateurs.L’étude ouvre ainsi sur des pistes nouvelles, notamment la complémentarité entre une activité de formation courte et un métier de l’accompagnement, cette complémentarité générant réflexivité et appropriation des savoirs expérientiels (Kolb, 1984 ; Argyris et Schön, 1989) mais aussi une dynamique d’autoformation, une connaissance de soi et une reconnaissance de l’autre."
Professional development and subjectivation processes in social work short continuing education trainers : from pragmatism to self-transformation?
"This research aims to explore the professional development of short continuing education trainers working with social workers, and questions both the training activity and social work, in which the trainers have previously developed their expertise.The training and the social work are activities addressed to others, and they aim to transform the other, with a strong emphasis on relational aspects (Piot, 2007). Although it is important to make the culture of relationships predominant and to adopt a reflective practice (Piot, 2007; Hébrard, 2017; Tardif, 2018), the observation is that the proximity of short continuing education to the world of work, and the economic, political and societal issues related to social work, show utilitarian conceptions based on pragmatism, rationalization and technical expertise, which will prevent transformation.And yet, research, particularly with short training trainees, has shown that such training can be the driving force behind progressive transformations that affect the growth of adult life (Julien, 2009; Di Patrizio, 2017).What about trainers' practices?The aim of this research is to provide the beginnings of an answer. A qualitative study (Mucchielli, 2009) was carried out with twenty trainers from the Ecole des Parents et des Educateurs de Moselle, a training center specializing in short-term continuing education in the social field. Empirical data were collected and processed from a grounded theory perspective (Paillé, 1994), using semi-directive interviews based on a comprehensive approach (Kaufmann, 1996) and the explicitation of practice (Vermersch, 1994).This study uses the theories of learning (Vygotski, 1934), action (Dewey, 1916) and the person-centred approach (Rogers, 1961). It is supported by a conceptual framework that mobilizes the notions of professional development (Wittorski, 2007) training conception (Marton, 1983) and subjectivation. Indeed, the trainers' comments highlight the importance of relationships, reflexivity and the challenges of personal development.All the data contributed to approaching professional development through the prism of the subjectivation process, a process of both socialization and construction over time, referring in particular to the ability to be a subject and to act according to one's choices (Wieviorka, 2012), to have access to self-awareness and self-knowledge (Foucault, 1969) and to be in a position to learn (Bourgeois, 2018). Thus, through the discourses, exploring dimensions relating to knowledge, power, action, the self and the other, has enabled us to identify invariants such as agentivity, commitment, self-training, the transmission of knowledge, self-knowledge, recognition of the other, self-transformation, but also to identify four profiles of trainers whose activity possibly generates formative, or even, transformative moments.The study also suggests new perspectives, notably the complementarity between a short training activity and an accompaniment profession, this complementarity generating reflexivity and appropriation of experiential knowledge (Kolb, 1984; Argyris and Schön, 1989), a dynamic of self-training and a knowledge of self and recognition of the other."
URL : https://theses.fr/2024LORR0237
mot(s) clé(s) : enseignement et formation professionnels