Langage et recherche collaborative : effets de la construction d’une communauté discursive d’enseignants en grammaire sur leurs modes d’agir, parler et penser et sur ceux de leurs élèves dans la discipline
Auteur(s) : DURRIEU-GARDELLE Magali
Date de soutenance : 2024
Thèse délivrée par : Université de Bordeaux
Section(s) CNU : section 70 : Sciences de l'éducation
Sous la direction de : Martine JAUBERT
Jury de thèse : Marie-Laure Elalouf ; Ecaterina Bulea ; Stéphane Bonnéry ; Véronique Paolacci ; Ana Dias-Chiaruttini ; Thierry Piot ; Martine Jaubert
"Notre travail doctoral porte sur l’oral pour enseigner et apprendre en grammaire à la fin de l’école élémentaire française. Il interroge les effets d’une recherche collaborative portant sur le langage pour apprendre en grammaire au cycle 3 (9 -10 ans), sur les pratiques entre autres langagières des enseignants en classe, les usages langagiers de leurs élèves et leur conscience disciplinaire de l’oral et de la grammaire. Il s’ancre dans une perspective historique et culturelle qui nous conduit dans un premier temps à revenir sur la constitution de la grammaire scolaire comme discipline pour comprendre les difficultés auxquelles sont confrontés les enseignants. Notre ancrage nous conduit, à la suite de Vygotski (1934/1997), à attribuer un rôle majeur au langage, et à la médiation langagière de l’enseignant dans la construction et l’appropriation par les élèves des savoirs en dépôt dans la culture. Nous sommes ainsi amenés à mobiliser, à l’échelle de la classe, le concept de Communauté Discursive Disciplinaire et Scolaire (Jaubert, Rebière et Bernié, 2003) pour comprendre, sur le plan langagier, la co-activité d’enseignement- apprentissage qui permet aux élèves de s’approprier des manières d’agir, de parler et de penser propres à la grammaire. Ce positionnement nous amène à interroger le modèle dominant de la leçon magistrale en grammaire suivie d’exercices d’application héritée du Moyen Age qui laisse peu de place à l’activité cognitive et langagière des élèves nécessaire à la négociation de la signification de l’activité grammaticale et des savoirs qu’il leur faut s’approprier. Par ailleurs l’injonction ministérielle de développer le langage pour apprendre en toute discipline, laisse nombre d’enseignants désarçonnés. Nous faisons ainsi l’hypothèse qu’une recherche collaborative sur la question du langage pour enseigner et apprendre en grammaire pourrait aider les enseignants impliqués à prendre conscience de l’importance du langage des différents acteurs dans la classe et à modifier leurs pratiques au bénéfice des apprentissages cognitifs et langagiers des élèves et du renforcement de leur conscience disciplinaire (Reuter, 2007). Nous avons mis en place une recherche collaborative sur 2 ans, adossée à l’analyse de l’activité (Clot & Faïta, 2000), avec 4 enseignantes de cycle 3. Nous disposons des films et verbatims de 8 séances de grammaire menées par les enseignantes sur la notion phrase simple/complexe, avant et en fin de recherche, des 12 verbatims des auto-confrontations, confrontations croisées et séances de travail collectif ainsi que de deux séries de questionnaires élèves visant à (1) identifier leurs pratiques langagières écrites en grammaire et (2) cerner leur conscience de la grammaire et de l’oral en grammaire, en début et en fin de recherche. La comparaison des verbatims des séances permet d’observer des transformations dans les pratiques enseignantes effectives (corpus, activité sollicitée, interventions discursives, traitement de l’erreur, savoir enseigner), temps de parole des acteurs nature des interactions verbales, positionnement énonciatif et usages langagiers des élèves. L’analyse des verbatims des entretiens permet de mettre en évidence que les éléments de la pratique qui ont été transformés ont tous été objets de discours, reformulés, interrogés, débattus, reconfigurés, signe de déplacements cognitifs et langagiers. L’analyse des questionnaires montre les transformations de leurs usages langagiers écrits, une conscience disciplinaire plus en phase avec l’activité grammaticale et un début d’objectivation de l’oral pour apprendre en grammaire. Dans la discussion, nous revenons sur les apports de cette recherche exploratoire ainsi que sur ses limites et nous interrogeons l’intérêt des recherches collaboratives, pour la formation."
Language and collaborative research : the effects of building a discursive community of grammar-based teachers on their ways of acting, speaking and thinking in the discipline and their students
"Our doctoral work focuses on oral language for teaching and learning in grammar at the end of French primary schools. It examines the effects of collaborative research into language for learning in grammar in cycle 3 (9-10 years old), on teachers‘ classroom practices, their pupils’ use of language and their awareness of oral language and grammar as a subject. It is rooted in a historical and cultural perspective that leads us first to look back to the establishment of school grammar as a discipline in order to understand the difficulties faced by teachers. Following in the footsteps of Vygotski (1934/1997), our roots lead us to attribute a major role to language, conceived as a semiotic, dialogical tool with contextualised uses (Bakhtin, 1984), and to the teacher's mediation of language in the construction and appropriation by pupils of the knowledge deposited in culture. We are thus led to mobilise, the concept of the Communauté Discursive Disciplinaire et Scolaire (Jaubert, Rebière and Bernié, 2003) at the class level to understand, and at the language level, the teaching-learning co-activity that enables pupils to appropriate ways of acting, speaking and thinking that are specific to grammar. This position leads us to question the dominant model of the masterly grammar lesson followed by drill exercises inherited from the Middle Ages, which leaves little room for the cognitive and linguistic activity required by pupils to negotiate the meaning of grammatical activity and the knowledge they need to acquire. Moreover, the ministerial injunction to develop language for learning in every subject leaves many teachers bewildered. We therefore hypothesise that collaborative research into the question of language for teaching and learning in grammar could help the teachers involved to become aware of the importance of the language of the various players in the classroom and to modify their practices for the benefit of pupils' cognitive and language learning and to strengthen their disciplinary awareness (Reuter, 2007). We set up a 2-year collaborative research project, based on activity analysis (Clot & Faita, 2000), with four cycle-3 teachers We had films and verbatims of 8 grammar sessions conducted by the teachers on the notion of simple/complex sentence, before and at the end of the research, 12 verbatims of self-confrontations, cross-confrontations and group work sessions as well as two series of student questionnaires aimed at (1) identifying their written language practices in grammar and (2) defining their awareness of grammar and oral grammar, at the beginning and end of the research. The comparison of the verbatims of the sessions enables us to observe transformations in the actual teaching practices (corpus, activity solicited, discursive interventions, handling of errors, knowledge taught) as well as the speaking time of the actors, the nature of the verbal interactions, the enunciative positioning and language uses of the pupils. The analysis of the interview transcripts shows that the elements of practice that were transformed were all the subject of discourse, either reformulated or questioned, or debated or even reconfigured as a sign of cognitive and linguistic shifts on the part of the participants. Finally, the initial processing of the student questionnaires showed changes in their use of written language, a disciplinary awareness more in tune with grammatical activity and the beginnings of an objectification of oral language for learning grammar."
URL : https://theses.fr/2024BORD0398
mot(s) clé(s) : analyse de pratiques, enseignement primaire (ou école élémentaire), littératie, compétences et pratiques langagières, ressources pour enseigner ou apprendre