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Les mondes étudiants au défi de la polarisation des sociétés. Étude comparée de la différence ethnoculturelle des étudiants en mobilité internationale à l’Université de Bordeaux (France) et à l’Université Laval (Québec)


Auteur(s) :  BENISSA Hachem

Date de soutenance :  2023

Thèse délivrée par :  Université de Bordeaux, Université Laval

Section(s) CNU :  section 70 : Sciences de l'éducation

Sous la direction de :  Fabien SABATIER & Jean-Philippe PERREAULT

Jury de thèse :  Charles Fleury ; Marie-Carmen Garcia ; Nicolas Bancel ; Rania Hanafi

 

"Le vaste mouvement de massification des universités et d'internationalisation du recrutement de leurs publics fait, de nos jours, des mondes étudiants des communautés marquées par le pluralisme ethnoculturel. Cette recomposition interne s'établit, en outre, dans un contexte marqué par une polarisation des sociétés fondée sur l'identité culturelle. Cette situation interpelle au premier chef les universités qui présentent une longue tradition de négligence en matière de gestion ouverte de la différence ethnoculturelle. Cette thèse entend, par l'usage d'une méthodologie mixte, analyser l’expérience de la différence ethnoculturelle vécue par les étudiants étrangers en mobilité individuelle, réalisant leur cursus universitaire à l’Université de Bordeaux (France) et à l’Université Laval (Québec) (2020-2023). Elle ambitionne également d’analyser les politiques universitaires de gestion de la diversité dans une double perspective, émique et étique. À l’aide d’une approche constructiviste, nous cherchons à étudier les processus d'exo-catégorisation conduisant au sentiment de discrimination chez le minoritaire (frontière en soi) et d'endo-catégorisation susceptibles de motiver un engagement dans des réseaux communautaires (frontière pour soi). Notre étude fait recours principalement au concept de frontière qui permet d’appréhender l’expérience des étudiants étrangers en situation de minoration, articulée aux problématiques d’enracinement et de reconnaissance dans les domaines corporel, linguistique et religieux. Les données de cette recherche sont constituées de 2 824 réponses à un questionnaire qui a été diffusé auprès des populations étudiantes dans les deux universités et de 82 entretiens réalisés avec des étudiants (59) et des responsables universitaires (23), ainsi que des données secondaires recueillies à l’aide d’un relevé de traces, d’une observation directe et indirecte et d’une analyse des documents institutionnels (plans d’action, rapports, sites numériques, etc.). Les résultats de notre recherche révèlent le taux du sentiment de discrimination fondé sur des marqueurs d’origine ethnique des étudiants et démontrent les mécanismes et les effets liés au traitement inégalitaire dans le milieu universitaire en particulier et dans la société en général. Paradoxalement, l’expérience de minoration peut conduire un nombre important d’étudiants à s’engager dans des réseaux communautaires. On assiste dès lors à l’émergence d’une solidarité collective, accentuée en l’absence d’une politique universitaire structurée d’accueil, d’accompagnement et d’inclusion, notamment pour le cas français. Les réseaux communautaires imposent une réflexion profonde sur l’usage de la culture d’origine et de la croyance religieuse comme leviers de socialisation, d’enracinement et de promotion des particularismes dans la société d’accueil. Ces réseaux deviennent ainsi un lieu d’affirmation identitaire et participent à l’établissement, au renfoncement ou à l’affaiblissement des frontières ethnoculturelles dans les mondes étudiants."

Student worlds facing societal polarization. A comparative study of ethnocultural differences among international students at the University of Bordeaux (France) and Laval University (Québec)

"The shift towards university massification and the globalization of student recruitment have transformed student communities into resulting in a marked increase in ethnocultural diversity. This internal reconfiguration occurs within a context characterized by societal polarization based on cultural identity. Universities, which traditionally overlooked the need of proactive management of ethnocultural differences, now face challenges in adapting to this evolving situation. This thesis adopts a mixed methodology to analyze the ethnocultural experiences of international students pursuing their higher education at the University of Bordeaux (France) and Laval University (Québec) during the period spanning from 2020 to 2023. It seeks to explore university policies concerning diversity management from both experiential and organizational lens. Employing a constructivist framework, we explore the processes of exo-categorization leading to feelings of discrimination among minority individuals (external boundaries) and endo-categorization that may motivate engagement in community networks (internal boundaries). Our study primarily relies upon the concept of boundaries as a means of comprehending the experiences of international students in contexts of marginalization, focusing on issues related to phenotype, language, and religious. The research data comprises a total of 2,824 questionnaire responses obtained from th student populations at both universities, accompanied by 82 interviews that were conducted with students (59) and university officials (23). Additionally, supplementary data were acquired through trace surveys, direct and indirect observations, as well as analysis of institutional documents (action plans, reports, digital platforms, etc.). The results of our study highlight the prevalence of discrimination rooted in ethnic markers among students, offering insights into the mechanisms and effects related to unequal treatment within the university environment and society at large. Paradoxically, experiences of marginalization can lead a significant number of students to engage in community networks. Therefore, there is an emergence of minority solidarity, particularly in the absence of a structured university policies of support and inclusion are lacking, notably in the context of France. These community networks necessitate deep reflection on the use of one’s cultural origin and religious beliefs as tools of socialization, integration, and promoting distinctiveness within the host society. Consequently, these networks serve as platform for identity affirmation and contribute to either the strengthening or weakening of ethnocultural boundaries within student communities."



URL :  https://theses.hal.science/tel-04431521v1/document


mot(s) clé(s) :  comparaison internationale, enseignement supérieur, inclusion