Les mutations du genre dans l'action sociale : La mise en place du concept du 'couple éducatif', sa logique et son évolution au sein de la Protection de l'enfance
Auteur(s) : QUILLIOU Mikaël
Date de soutenance : 2021
Thèse délivrée par : Conservatoire national des arts et métiers
Section(s) CNU : section 19 : Sociologie, démographie
Sous la direction de : Marcel JAEGER
Jury de thèse : Emmanuel Jovelin ; Jean-Yves Dartiguenave ; Martine Janner-Raimondi ; Gisèle Dambuyant-Wargny ; Régis Schlagdenhauffen
La recherche présentée s’intéresse aux mutations du genre en action sociale à travers l’étude du « couple éducatif », son histoire et son évolution en protection de l’enfance.L’analyse de cette méthode empirique fondée sur l’affirmation égalitaire des identités éducatives de genre, placées en interactions (Goffman, 2002), s’est articulée autour d’entretiens semi-directifs avec les pionniers de l’action sociale, avec des éducateurs spécialisés pratiquant actuellement au sein de l’Aide sociale à l’enfance dans un équilibre de genre femme-homme et de l’analyse de mémoires de fin de formation d’éducateurs spécialisés de Buc-Ressources de 1968 à 2005.Cette thèse montre les apports d’une socialisation de genre dans l’éducation des enfants placés à l’aide sociale à l’enfance.Faisant suite aux ordonnances de 1945 et aux techniques innovantes du Coteau de Vitry (Amado, 1961), le couple éducatif était un courant de pensées issues des actions pionnières des éducateurs des deux sexes inscrits dans une mixité de genre. Il se traduit dans l’action éducative par la mise en place d’une dimension d’accompagnement femme-homme en internat relevant de la protection de l’Enfance.Fondé à l’origine, sur un imaginaire social (Castoriadis, 1975) familial nucléaire, les professionnels des deux sexes vont participer à une construction sociale de la réalité (Berger, Luckmann, 2018) ayant pour objet de socialiser des enfants en déficit de repères sociaux dans un registre identificatoire positif du féminin, du masculin et d’un équilibre possible et apaisé entre ces identités de genre.Progressivement au tournant des années 70, cette pratique va cesser pour évoluer vers une mise en avant des individualités du féminin et du masculin, inscrites dans une perspective de modernité (Gauchet, 1985) et d’individualisme contemporain (Lipovetsky, 2009).Cette thèse montre l’évolution et les mutations du genre en action sociale en donnant la parole aux acteurs éducatifs impliqués. Partant d’une dimension solidaire et égalitaire, située en équilibre de genre dans l’accompagnement au quotidien des enfants placés en internat éducatif, le couple éducatif va tomber en désuétude, signifiant ainsi un trouble dans les identités de genre (Butler, 2006) au sein des pratiques éducatives des éducateurs spécialisés.Tout en soulignant les bénéfices passés et présents pour les enfants accompagnés d’un équilibre dans les identités de genre, ayant pour objet de socialiser des enfants en déficit de repères sociaux dans des registres respectueux des identités de genre, cette thèse affirme la dimension égalitaire, individualiste et moderne de l’évolution de l’action sociale.
Mutations of gender in social action : The introduction of the concept of 'educational couple', its logic and its evolution within the Child Protection
This thesis examines the transformation of gender within the field of social work by addressing the changing history of the « educational couple » in child welfare. The analysis of this empirical study, based on an egalitarian defence of interactive (Goffman, 2002) gender identities within education, is structured around semi-directed interviews with the pioneers of social work and with special-needs practitioners in child welfare working in gender-balanced contexts, and around close analysis of final dissertations produced by special-needs educators at Buc-Ressources from 1968 to 2005. This PhD thesis shows the contribution of gendered socialisation in child welfare programmes. Following the 1945 rulings and the innovative techniques of the Coteau de Vitry Institute (Amado, 1961), the educational couple was a school of thought emerging from pioneering co-educational practice of male and female educators implemented through the establishment of co-ed support in child-protection boarding schools. Originally based on the social model of the nuclear family (Castoriadis, 1975), professionals of both sexes went on to participate in a social construction of reality (Berger, Luckmann, 2018) with the aim of socializing children who lacked social reference points in a more positive form of male and female identification and a possible and peaceful balance between these gender identities. Gradually from the beginning of the 1970s this practice disappeared, replaced by a focus on gender difference, inscribed in a vision of modernity (Gauchet, 1985) and in contemporary individualism (Lipovetsky, 2009). This thesis shows the evolution and changes in gender as a category in social work by giving voice to the educational practitioners involved. Rooted in an inclusive and egalitarian approach, situated in the gender-balanced contexts of the everyday care of children placed in special-needs boarding institutions, the concept of the educational couple fell into disuse and began to indicate a form of gender trouble (Butler, 2006) within the educational practices of special-needs educators. While emphasizing the past and present benefits for children placed within gender-balanced care contexts, aiming to socialize children who lack social reference points in relation to gender and identity, this thesis affirms the egalitarian, individualistic, and modern dimension to the evolution of social work.
URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03340193/document
mot(s) clé(s) : besoins éducatifs particuliers, genre