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L’Enseignement Supérieur au Mozambique : une analyse de l’orientation scolaire des femmes et des hommes dans les filières universitaires de Licence


Auteur(s) :  RAFAEL Duarte Patrício

Date de soutenance :  2021

Thèse délivrée par :  Université Bordeaux Montaigne

Section(s) CNU :  section 70 : Sciences de l'éducation

Sous la direction de :  Régis MALET & Stéphanie RUBI

Jury de thèse :  Benjamin Moignard ; Isabelle Collet ; Nelson Casimiro Zavale ; Marlaine Cacouault-Bitaud

 

"Les transformations économiques et politiques que le Mozambique a connu depuis la fin des années 1980, notamment la transition du socialisme à la démocratie multipartiste, formellement achevée par la Constitution de 1990 et la fin de la guerre civile en 1992, ont marqué une nouvelle ère dans l’histoire des politiques éducatives, en particulier celle de l'enseignement supérieur au Mozambique (ESM). Les investissements croissants de l'État sur ce secteur et la libéralisation du marché qui a permis l'intervention d'acteurs privés, ont augmenté rapidement l'offre de l'enseignement supérieur à travers l'ouverture de nouvelles institutions et de nouveaux cursus. Cependant, malgré l'expansion du système et l'augmentation de l'offre, les inégalités de sexe restent persistantes. Si d'un côté, les filles continuent d'être moins présentes par rapport aux garçons dans le système, d'un autre côté, leurs choix d'orientation se tournent davantage vers les filières des Sciences Humaines et Sociales (SHS), considérées comme moins rentables par rapport aux filières des Sciences et Technologies (ST) dominées par les garçons, et où les filles sont quasi absentes. On se questionne sur qu’est-ce qui est à l’origine de ces inégalités sexuées dans les choix de filières entre filles et garçons dans l’ESM ? On cherche, de façon plus spécifique, à analyser le rôle joué par l’origine socioculturelle des étudiant.e.s dans la production de ces inégalités, ainsi que le rôle de l’institution scolaire dans le cheminement différencié des étudiant.e.s. En plus, on se questionne sur le rôle des représentations que les filles et les garçons se font des métiers d’après les stéréotypes de sexe liés à la division sexuée du travail, associées aux perceptions subjectives des chances de réussite fondées sur une base sexuée. À partir d'une combinaison de méthodes qui inclut un travail de terrain dans deux établissements d'enseignement secondaire et deux d'enseignement supérieur, privées et publiques, consistant en la mise en œuvre d'un questionnaire aux étudiant.e.s ainsi que la réalisation d'entretiens semi-directifs auprès de responsables pédagogiques et d’observations de terrain, nous cherchons à étudier les mécanismes qui sont à l'origine de ces disparités dans les choix différenciés et inégaux entre filles et garçons, en analysant, de façon particulière, le rôle de l'origine sociale, de l'institution scolaire et le rôle des représentations que les filles et les garçons se font des métiers. Les résultats suggèrent que les pratiques des institutions, notamment au travers des programmes d’aide et de soutien à l’orientation mis à disposition des étudiant.e.s, jouent un rôle important dans le processus de prise de décision d’orientation. En plus, ce rôle s’avère surtout important, lorsque le contexte social d’origine de l’étudiant.e est plus modeste car il y a un manque d’informations clés sur les filières, qui est souvent aussi lié à un rapport éloigné de la famille vis-à-vis de l’école. Dans ce cas, les filles semblent être beaucoup plus contraintes que les garçons dans ces mêmes situations, limitant leurs choix à des options moins ambitieuses. La condition socioéconomique se révèle alors décisive dans les choix, dans la mesure où elle conditionne le renoncement à des formations considérées difficiles ou celles qui nécessitent une durée d’étude plus longue."

Higher Education in Mozambique : an analysis of school guidance of women and men in undergraduate university courses

"Mozambique's economic and political transformations since the late 1980s, including the transition from socialism to multi-party democracy, formally completed by the 1990 Constitution, and the end of the 1992 civil war, marked a new era in the path of education, especially Higher Education in Mozambique (HEM). Increasing State investment in this sector and the liberalization of the market, which has allowed the intervention of private actors, has rapidly increased the supply of higher education through the opening of new institutions and curricula. However, despite the expansion of the system and the increase in supply, gender inequalities are persistent throughout the years. If on the one hand, girls continue to be less present compared to boys in the system, on the other hand, their choices of orientation turn more towards the sectors of the Humanities and Social Sciences (HSS), regarded as less cost-effective compared to Science and technology (ST), dominated by boys, and where girls are almost absent. We wonder what is at the origin of these gender inequalities in the choice of courses between girls and boys in HEM. More specifically, we seek to analyze the role played by socio-cultural origin of students in the production of these inequalities, as well as the role of the educational institution in the differentiated orientation of girls and boys. In addition, we wonder about the role of the representations that girls and boys have of work according to gender stereotypes linked to gendered division of work, associated with subjective perceptions of the chances of school success on a gender basis. Using a combination of methods that includes fieldwork in two secondary and two higher education institutions, both private and public, consisting of the implementation of a student questionnaire, the realization of semi-structured interviews with educational leaders and observations in the field, we seek to study the mechanisms that are at the root of these disparities in differentiated and unequal choices between girls and boys, analyzing, in a particular way, the role of the social origin, of the school institution and the role of representations that girls and boys make of trades. The results suggest that the practices of the institutions, especially through the support programs available to students, play an important role in the decision-making process. In addition, this role is especially important when the student's social origin is more modest and where there is a lack of key information about university rules. In this case, girls seem to be much more constrained than boys in these situations, limiting their choices to less ambitious options. The socio-economic condition is important for the choices, as it determines the choice of formations considered difficult or those which have a longer duration."



URL :  https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03618362/document


mot(s) clé(s) :  enseignement supérieur, genre, orientation scolaire