L'éducation, l'accueil et la prise en charge des très jeunes enfants (0-3 ans) : quelle politique ?
Editeur(s) : École européenne de gouvernance
Date : 11/2006
Bien accueillir le jeune enfant représente un enjeu fondamental pour la société. C’est à ce titre que le sujet apparaît désormais comme une forte préoccupation européenne. Les logiques qui sous-tendent l’action publique dans l’accueil, l’éducation et la prise en charge des très jeunes enfants sont cependant très variables d’un pays à l’autre. Elles reposent sur des conceptions de l’enfance, de la place respective de l’État et des familles, qui sont ancrées dans des représentations culturelles profondes. A cet égard, la France se singularise par un important effort en faveur de l’éducation et de l’accueil du jeune enfant (EAJE). Ayant ses origines au XIXe siècle, l’EAJE poursuit aujourd’hui trois objectifs majeurs : permettre une meilleure articulation entre la vie familiale et la vie professionnelle, assurer les conditions favorables au bon développement et épanouissement de l’enfant, lutter contre les inégalités. Le libre choix des familles est désormais un principe phare qui guide l’action de l’Etat. L’offre en matière d’accueil du jeune enfant est considérée comme généreuse et diversifiée, unique en Europe. Elle a fait l’objet de plusieurs réformes récentes et l’effort financier public est conséquent, la France consacrant près de dix-sept milliards d’euros à la petite enfance. Elle présente néanmoins toujours des insuffisances au regard des objectifs poursuivis. Les besoins de l’enfant ne sont pas encore suffisamment pris en compte. Les inégalités sociales et territoriales dans l’accès aux modes de garde persistent. L’articulation des choix familiaux et professionnels reste difficile, le plus souvent au détriment des femmes. Enfin, la gouvernance de la politique de la petite enfance demeure complexe pour les gestionnaires publics comme pour les usagers. Pour remédier à cette situation, doter la France d’une politique cohérente, centrée sur l’intérêt de l’enfant, implique d’accroître l’offre en modes de garde collectif et individuel. Cet effort doit s’accompagner de la mise en réseau de l’ensemble des modes d’accueil, pour un aménagement du territoire plus uniforme. Des « Maisons du jeune enfant », sous la forme d’un groupement d’intérêt public, en seraient la traduction sur le terrain. Important moyen de promotion de la cohésion sociale, le dispositif nécessite d’être recentré sur les publics les plus défavorisés pour assurer aux familles victimes d’exclusion un réel accès aux modes de garde. Une meilleure prise en compte de l’intérêt de l’enfant ne peut être assurée qu’en offrant aux parents les moyens de choisir sereinement le mode d’accueil qu’ils souhaitent pour leur enfant. Voir aussi la Lettre VST n°11 : L'éducation avant 6 ans (Format Pdf, 817 Ko, 97 pages)
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