Autrement dit, le risque d’insécurité financière est plus élevé chez les personnes étudiantes qui sont déjà vulnérables aux inégalités sociales et économiques (ibid.).
Accessibilité financière aux études : quelles conditions pour la réussite étudiante ?
Editeur(s) : Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (ORES)
Date : 09/2023
Au Québec, le modèle d’accessibilité aux études a été mis en place dans les années 1960, avec la création des premiers cégeps, du réseau de l’Université du Québec et de l’adoption de la loi québécoise sur l’aide financière aux études (AFE). Fondé sur la redistribution, le programme d’AFE continue d’avoir des effets positifs sur l’accessibilité à l’enseignement supérieur de plusieurs groupes de la population étudiante (de première génération, de milieu défavorisé, par exemple) en réduisant les barrières financières et les inégalités des chances (Bouchard St-Amant, 2020; Colas et al., 2021).
L’accessibilité financière aux études est également favorisée par un gel des droits de scolarité à différents moments depuis les années 1960, fruit des luttes d’un mouvement étudiant structuré et présent dans l’espace public (Beaupré-Lavallée et Bégin-Caouette, 2019). Depuis le « printemps érable » de 2012, le consensus sur l’indexation des droits de scolarité à l’inflation est partagé par l’ensemble des acteurs et actrices de l’enseignement supérieur.
Or, cette inflation est en forte croissance ces dernières années : l’Indice des prix à la consommation a augmenté de près de 11 % en 2022, un sommet en 40 ans depuis la récession de 1982 (Statistique Canada, 2023).
Au sein même de la population étudiante, les répercussions de l’inflation sont inégales et atteignent davantage certaines personnes étudiantes, dont celles qui sont dans une ou des situations suivantes (Bottorff et al., 2020; Savoie-Roskos et al., 2023) :
- Provenir de milieu socioéconomique défavorisé;
- Être en situation de handicap;
- Être de la première génération à fréquenter un établissement d’enseignement supérieur;
- Provenir d’un autre pays;
- Vivre sur le campus;
- Faire partie de la diversité sexuelle et de genre;
- S’identifier à une minorité ethnoculturelle;
- Avoir des personnes à charge.
L’accessibilité financière aux études est donc compromise par l’insécurité alimentaire ou encore le manque de logements abordables (UTILE, 2022b). Les conséquences de cette augmentation du coût de la vie ne sont pas encore toutes connues, mais l’endettement croissant par crédit à la consommation (Fiset et Pugliese, 2021) risque de croître chez la population étudiante.
Par ailleurs, le programme québécois d’aide financière aux études repose sur de solides fondations sur lesquelles il est possible de s’appuyer en ces temps d’incertitude économique, afin de ne laisser aucune personne étudiante derrière.
En tant qu’espaces de formation au jugement critique, les établissements d’enseignement supérieur pourraient-ils devenir le lieu privilégié d’une éducation financière adaptée aux réalités étudiantes actuelles ?
Télécharger le document : https://oresquebec.ca/.../Dossier_AccessibiliteFinanciere_72DPI_VFF.pdf
mot(s) clé(s) : politiques éducatives, vie étudiante