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     Langue(s) : français 

Premiers pas. Développement du jeune enfant et politique publique


Editeur(s) :  Caisse nationale des Allocations familiales (CNAF) - Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA)France Stratégie ;

Date :  10/2021

 

Ce séminaire visait à nourrir la réflexion sur l’opportunité et les enjeux, en France, d’une politique publique visant le développement du jeune enfant et à en esquisser les contours. La note publiée ce jour rassemble les principaux enseignements de ce séminaire. Après avoir rappelé l’importance cruciale des premières années de la vie pour le développement de l’enfant, et le rôle joué par ses parents et par son environnement, elle dresse un état des lieux des forces et faiblesses de l’action publique en direction des jeunes enfants en France, puis dessine les grandes orientations d’une politique publique du jeune enfant renouvelée autour de l’objectif de son développement.

Les travaux du séminaire « Premiers pas » ont permis de dégager un diagnostic de l’action publique conduite en France en direction des jeunes enfants et de leurs familles, au regard de l’enjeu de développement du tout-petit. Malgré une intervention publique massive et multidimensionnelle (politiques de redistribution et de lutte contre les inégalités, de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle et de soutien à la parentalité, politiques sanitaires, d’emploi…), cette action publique ne prend qu’imparfaitement en compte la finalité de meilleur développement de l’enfant.


À l’aune de cette finalité, trois domaines méritent d’être revisités :

  • le recours aux modes d’accueil n’est pas universel – moins d’une famille sur deux y recourt – et est inégalitaire : ce sont les familles les plus modestes qui y recourent le moins puisque près de 80 % des familles sous le seuil de pauvreté ne les utilisent pas, alors que ce sont leurs enfants qui pourraient en bénéficier le plus ;
  • le congé parental, insuffisamment indemnisé, n’est que très rarement partagé entre les parents, et n’est utilisé que par 10% des familles avec un enfant de 0 à 3 ans, alors que l’enfant a besoin de temps avec ses parents dans ses premiers mois de vie pour fonder une relation sécurisante et stimulante ;
  • les dispositifs de soutien aux parents et à la parentalité font l’objet d’un recours limité alors même que les familles expriment un besoin dans ce domaine.

Sur la base de ce diagnostic, les travaux du séminaire ont permis de dégager des orientations pour une intervention publique souhaitable renouvelée afin d’améliorer le développement du jeune enfant. La principale évolution consisterait à offrir à tous les enfants, avant leur entrée à l’école, la possibilité d’une expérience de socialisation progressive, ludique et stimulante avec d’autres enfants, dans d’autres espaces que la maison. Cette expérience pourrait prendre la forme, pour les enfants à partir de six mois, d’un accès régulier, hebdomadaire et progressif pour atteindre au moins quatre demi-journées par semaine en groupe.

Cette évolution devrait être complétée par une action des pouvoirs publics en direction des parents plus structurée autour notamment de trois axes : l’instauration d’un congé parental mieux rémunéré, pouvant être partagé entre les deux parents au moins jusqu’au 6ème mois de l’enfant ; une offre d’accompagnement à la parentalité proposant à chaque famille une possibilité d’écoute, des ressources fiables et accessibles, et des échanges entre pairs ; et enfin, une promotion du dialogue social, pour inciter les entreprises à créer les conditions permettant de mieux équilibrer l’exercice de l’activité professionnelle avec le rôle parental.

La traduction en politique publique de ces grandes orientations, qui modifierait le quotidien de deux millions de jeunes enfants et de leurs familles, supposerait des évolutions d’ampleur : un effort financier d’importance, des changements dans les responsabilités des différents acteurs qui nécessiteraient des évolutions législatives conséquentes et la mise en œuvre concrète de ces propositions. Il s’agit d’un projet dont l’horizon est celui de la décennie.

L’enfant, acteur de son developpement avec l’appui de ses parents, de son environnement et de l’intervention publique
1)  Le développement par l’enfant, dès le début de sa vie, de capacités fondatrices pour son devenir, avec le soutien de ses parents
L’enfant naît curieux et acquiert des compétences fondamentales pour son devenir adulte
Durant les premiers mois, l’enfant a besoin de temps avec les membres de sa famille, en particulier
avec ses parents
L’investissement des parents peut être utilement soutenu dans les passages sensibles du développement et les situations fragilisantes, sans imposer de modèle normatif
2) La convergence de modèles théoriques et empiriques démontrant l’influence de l’environnement, sur le développement de l’enfant
Le développement de l’enfant dépend de son cadre de vie, qui est affecté par les inégalités sociales
Le développement des compétences de l’enfant est également marqué par son environnement même s’il n’existe ni déterminisme ni linéarité
La fréquentation d’un mode d’accueil de qualité avec d’autres enfants permet de réduire ces inégalités de manière forte et durable


Des politiques françaises puissantes en direction des jeunes enfants, mais perfectibles au regard des enjeux de développement
1) Une dépense publique pour la petite enfance de 28,5 milliards d’euros, hors santé
2) Des résultats contrastés sur les modes d’accueil : un bon taux de couverture, des
normes structurantes, mais de fortes inégalités d’accès
Un recours élevé mais inégalitaire aux modes d’accueil formels
Des modes d’accueil dont les normes sont homogènes, pour chaque type d’accueil
3) Les faiblesses des politiques de congés parentaux et de soutien des familles, malgré
des évolutions récentes
Des congés parentaux insusamment pensés pour « laisser le temps » aux parents d’accompagner
le développement de leurs enfants
Des dispositifs de soutien et d’accompagnement des parents, éclatés et peu connus, et l’émergence
récente d’un parcours « parentalité »
4) Une gouvernance perfectible au regard des enjeux
5) Un objectif de développement de l’enfant encore secondaire par rapport à l’objectif
historique de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle


Pour une politique de la petite enfance renouvelée au bénéfice du développement du jeune enfant
1) Faire du développement de l’enfant un objectif central des politiques en direction
des jeunes enfants
2) Une offre d’accueil repensée, s’ouvrant à une socialisation favorable au développement
pour tous les enfants
Vers un contenu de l’offre d’accueil plus homogène notamment en termes de qualité procédurale
Comment inciter les familles à recourir à cette offre ?
3) Dégager du temps parental pour le développement de l’enfant et généraliser le
soutien et l’appui à la parentalité
Des congés parentaux courts et mieux rémunérés
Des dispositifs de soutien à la parentalité, généralisés et accessibles, adaptés à la diversité des parents
4) Une gouvernance rénovée pour une politique de la première enfance effective

 



Télécharger le document :  https://www.strategie.gouv.fr/.../seminaire_premiers_pas_-_developpement_jeune_enfant_et_politiques_publiques_-_octobre_0.pdf


mot(s) clé(s) :  petite enfance et pré-primaire (ou école maternelle)