Veille et analyses de l'ifé

   Vous êtes ici : Accueil » Détails du podcast

École privée: faut-il revoir les termes du contrat?


Programme source :   Être et savoir

Produit par :   France Culture, Louise TOURRET

Animé par :   Louise TOURRET

Intervenant(s) :  MERLE Pierre

 

Quid du caractère religieux et de la concurrence avec l'école publique ?

Pas moins de quatre livres sur l’enseignement privé, dont deux enquêtes, viennent de paraître. Rappelons la loi Debré de 1959 : "Dans les établissements privés qui ont passé un des contrats prévus, l'enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l'Etat. L'établissement, tout en conservant son caractère propre, doit donner cet enseignement dans le respect total de la liberté de conscience. Tous les enfants sans distinction d'origine, d'opinion ou de croyance, y ont accès." Dès lors, voici les questions qui seront soulevées dans cette émission. Premier point : l'enseignement privé scolarise 2 millions d'élèves dans environ 7500 établissements : comment est réellement financé le privé en 2025 ? Par l’Etat, les collectivités locales, les familles ? Et dans quelles proportions ?

Deuxième point : quelle est l’importance de la dimension religieuse pour les établissements sous contrat ? Peut-on faire prier les élèves en classe avec un professeur payé avec de l’argent public comme le souhaite Guillaume Prévot, secrétaire général de l’Enseignement catholique, qui vient de déclarer "Moi je pense qu'il faut autoriser les enseignants qui le souhaitent à dire une prière avec leurs élèves. Pourvu qu'ils se soient assurés des conditions de liberté de l'enfant." Et quelle place pour les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ? Le secteur privé va-t-il les aménager au nom de son caractère propre ?

Enfin, troisième point : le recrutement du privé, qui s’embourgeoise – et ce d’après toutes les données disponibles - contribue-t-il à dégrader l’enseignement public ? Question subsidiaire : l’enseignement dit "libre" serait-il porteur de réponses organisationnelles, éducatives ou pédagogiques qui correspondent à une demande des familles ?

Louise Tourret s'entretient avec ses invités : Pierre Merle, sociologue, professeur émérite d’université à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE) de Bretagne et à l’Université de Bretagne Occidentale, il vient de publier L'enseignement privé (La Découverte, 2025), Vivien Joby, chef d’établissement de l’ensemble Saint-Michel à Annecy, ancien président du SNCEEL (syndicat national des chefs d'établissements de l'enseignement libre), et Hélène Haus, journaliste au Parisien, spécialisée dans les questions d'éducation, elle vient de publier Public ou privé - quelle école choisir pour nos enfants ? (Fayard, 2025).

Dans cette émission vous entendrez également la voix d'Alexis Da Silva, journaliste indépendant, il vient de publier l’enquête Quand les écoles privées religieuses font leur loi (Robert Laffont, 2025).

Le chiffre de 75 % de financement public du privé est bon selon Pierre Merle, mais il explique qu'il y a un flou : "En gros c'est 10 milliards, il s'agit des dépenses de fonctionnement, mais une partie des dépenses n'est pas couverte et donc il y a un flou sur cette question, mais  il faut dire aussi que les contreparties ne sont pas toujours assumées. Comment établir un contrat satisfaisant entre le caractère propre et le montant des financements ? C'est une question qui reste discutée depuis 1959."

Pour Hélène Haus le terme d'"école privée" est assez peu approprié puisqu'il y a 75 % de financement de fonds publics. "Ce n'est pas en payant 2000 euros par an qu'on peut financer une école privée, on découvre vraiment le prix des écoles privées quand on scolarise ses enfants dans le supérieur privé et là c'est 10 ou 15000 euros par an...Pour moi le véritable enseignement privé est l'enseignement privé hors contrat qui scolarise environs 80000 élèves. L'enseignement privé est un enseignement, entre guillemets, public bis."

Il y a une réalité économique, certains parents ne peuvent pas inscrire leur enfant dans le privé, reconnait Vivien Joby :"Mais on a beaucoup progressé depuis le protocole d'accord de 2023 sur la mixité, les établissements catholiques ont massivement mis en place des contributions différenciées cette rentrée. Beaucoup d'efforts sont faits depuis la publication des Indices de Position Sociale. Par ailleurs, on nous laisse très rarement nous implanter dans les périphéries et les zones nouvelles, l'argument qu'on nous oppose c'est vous allez aspirer une partie de la population et pas une autre. "



URL :  https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/etre-et-savoir/l-ecole-privee-joue-t-elle-contre-l-ecole-publique-4684828


mot(s) clé(s) :  privatisation de l'éducation, recherche en éducation