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Pays : Maroc  Langue(s) : français 

Migrations et intégration linguistique. Dispositifs d’accueil, contenus d’enseignement et approches didactiques


Date :  du 01-12-2022 au 02-12-2022

Appel à communications ouvert jusqu'au :  30-09-2022

Lieu :  Boulevard Mohammed Ben Abdellah Regragui-Madinat Al Irfane Rabat, Maroc (6211)

Modalité :  présentiel

Organisation :  Université de Franche-Comté (UFC) - Université Mohammed V (UM5)

Le colloque international prévu les 1er et 2 décembre 2022 à la faculté des sciences de l'éducation à Rabat (Maroc) et co-organisé avec l'université de Franche-Comté (France) se veut d’abord une tentative de réflexion sur les pratiques langagières des migrants dans le but de porter un regard critique sur les politiques linguistiques et éducatives en rapport avec l’intégration linguistique, la gestion de la pluralité des langues et la scolarisation des jeunes migrants.

L’objectif de cette rencontre scientifique est non seulement de réunir les chercheurs de tous bords et de divers horizons travaillant sur ces problématiques similaires pour bénéficier de leurs expériences en matière d’intégration linguistique, mais aussi d’éveiller les consciences sur l’importance de la prise en compte des pratiques langagières dans les communautés de migrants dans la gestion des flux migratoires et la mise en place des politiques linguistiques.



Programme : 

Argumentaire

Les foyers d’instabilité apparus ces dernières décennies dans plusieurs régions du globe ont eu comme conséquence une amplification importante des mouvements migratoires, Sud-Nord et Sud-Sud. La question de l’accueil des populations migrantes est au centre de nombreuses préoccupations, sociales, économiques, politiques, linguistiques et culturelles. L’intégration linguistique est devenue un objet de recherche constamment questionné, aussi bien en sociolinguistique qu’en didactique des langues et des cultures (Leclerc, 2011). Cependant, c’est à travers les contextes européens que cette question a été le plus explorée et décrite (Adami, 2012 ; Blanchet, 2016 ; Extramiana, 2014 ; Leclercq, 2012). La longue expérience en matière d’accueil des migrants, forgée depuis plusieurs décennies, en est la principale explication.

La question de l’intégration linguistique commence à intéresser certains pays du Sud qui se transforment progressivement de pays de transit à celui d’accueil (Égypte, Maroc, Tunisie, etc.) (Organisation internationale pour les migrations, 2014). Plusieurs pays ont accepté de devenir pays d’accueil en régularisant des dizaines de milliers de migrants comme ce fut le cas au Maroc en 2014 et 2017 avec la mise en place de la « nouvelle politique d’intégration et d’asile » (Debbarh, 2014). Après le premier colloque international sur l’intégration linguistique des migrants, organisé en décembre 2019 à la Faculté des Sciences de l’Éducation (université Mohammed V, Rabat), la nécessité est apparue d’entamer une réflexion didactique globale afin de mieux préparer les systèmes éducatifs à accueillir les enfants et les adolescents allophones.

L’enseignement/apprentissage des langues du pays d’accueil et la prise en compte des langues d’origine se sont posés comme des questions importantes. La diversité des publics, de leurs langues d’origine (premières langues de socialisation) et de leurs langues secondes (acquises grâce à la scolarisation ou dans des situations d’apprentissage non guidé) doit être à la base de la réflexion. Toutefois, plus l’expérience de ces nouveaux pays d’accueil s’accroît, plus les considérations d’ordre didactique ou socio-didactique deviennent nombreuses.

Les systèmes éducatifs sont généralement pensés pour accueillir un public relativement homogène d’un point de vue sociolinguistique. En effet, les politiques linguistiques se soucient principalement des langues parlées sur le territoire en mettant en place une gestion intégrée du plurilinguisme afin de mieux appréhender les différentes disciplines scolaires (langues d’enseignement et enseignement des langues). Cet état est aujourd’hui bouleversé par l’amplification des mouvements migratoires. Les origines et les parcours migratoires variés produisent une hétérogénéité importante des publics, tant au niveau des langues maîtrisées et parlées que des modes d’apprentissage. Par conséquent, les systèmes éducatifs, les démarches pédagogiques ainsi que les modèles didactiques deviennent moins performants.

Les expériences menées dans de nombreux pays européens et nord-américains (cf. Mendonça Dias et al., 2020) peuvent aiguiller les décideurs et les chercheurs des nouveaux pays d’accueil à appréhender la question de l’inclusion des enfants et des adolescents dans le système scolaire. Ce qui n’empêche pas d’explorer de nouvelles approches (socio)didactiques afin de mieux penser la scolarisation des enfants issus de l’immigration et de la formation des enseignants en tenant compte à la fois de la pluralité et en tirant profit de la diversité.

Axe 1 : intégration linguistique et approches plurilingues

L’éducation plurilingue (Blanchet, 2021) pourrait ainsi être la voie à suivre pour entamer de nouvelles réflexions autour de la scolarisation des migrants en contexte exolingue. Les cadres conceptuels comme le CARAP (Candelier, 2008 ; Candelier et Castelloti, 2013) offrant la possibilité de mettre sur pieds des modèles didactiques prenant appui sur l’interculturel, le plurilinguisme et la didactique intégrée pourraient s’avérer utiles dans la conception de contenus didactiques favorisant l’échange, l’altérité et la tolérance (Coste, 2013). Toutefois, l’on s’interroge sur le degré d’efficacité de ces méthodes dans des contextes multilingues moins ouverts au plurilinguisme et dont les politiques linguistiques font le chemin inverse et sont en quête d’homogénéisation linguistique. Si les approches plurilingues sont préconisées dans certains cas, principalement en Europe avec l’intégration de la compétence plurilingue et à des fins de construction d’une citoyenneté européenne (Beacco, 2005 ; Beacco et Byram, 2007), il appert que leur intégration dans des systèmes éducatifs moins enclins aux changements pose problème au niveau de leurs applications didactiques et sur le plan des représentations. S’ajoute à cela une priorisation des publics concernés par le plurilinguisme qui laisse croire que les enfants-migrants seraient plus réceptifs à ce type d’enseignement/apprentissage des langues, tandis que les problèmes identitaires et d’affirmation du plurilinguisme ne sont pas des préoccupations urgentes pour les publics adultes confrontés à d’autres problèmes plus concrets et dont la résolution et conditionnée par la maitrise de la ou les langues du pays d’accueil (Adami, 2012). Ces interrogations nous amènent donc à réfléchir au rôle que pourraient jouer les approches plurilingues dans des contextes différents et face aux réalités sociolinguistiques des États devenus récemment pays d’accueil.

Axe 2 : contenus et approches didactiques pour un public migrant en contexte exolingue

Les enfants-migrants qui entament leurs premiers mois au sein des écoles dans les pays d’accueil arrivent avec un déficit de taille, i.e. la non-maitrise de langue de scolarisation qui est souvent considérée comme le principal obstacle à la scolarisation des migrants (Cortier, 2007). En effet, ayant du mal à comprendre le contenu des cours dispensés dans des langues qu’ils ne parlent pas, les enfants-migrants décrochent parfois de manière précoce et n’ont plus aucun repère social. Si dans beaucoup de pays européens, les enfants migrants bénéficient de dispositifs d’accueil institutionnalisés et adaptés à leurs besoins, ceux arrivant dans les nouveaux pays d’accueil sont livrés à eux-mêmes. Les associations et les ONG qui essaient tant bien que mal d’accompagner les migrants dans leur intégration sociale sont souvent dépassées par le nombre important de candidats qui ne cesse d’augmenter et sont dans l’obligation de recourir au tri ou à l’exclusion faute de moyens. Les États quant à eux n’arrivent pas à proposer de solutions concrètes et passent sous silence les difficultés rencontrées sur le terrain en attendant des jours meilleurs. Les conditions d’accueil favorables n’existant pas, il est plus qu’urgent aujourd’hui de réfléchir à des dispositifs et des modèles didactiques (Schneuwly et Dolz, 1998) et sur des démarches de remédiation linguistique via l’introduction de contenus didactiques à même de répondre de manière urgente et progressive aux besoins des enfants-migrants en âge d’être scolarisés. La mise en place des dispositifs didactiques sous forme de discipline scolaire à part entière en enseignement formel ou informel ou de contenus additionnels pourrait être envisagée à condition qu’une analyse des besoins ait été menée. La réalisation des contenus pourrait aussi passer par la fabrication de méthodes de langue exclusivement destinées aux enfant-migrants.

Le même travail pourrait être envisageable pour les migrants adultes en quête de la maitrise des langues des pays d’accueil. Cette maitrise qui représente pour le migrant un passeport pour intégrer le marché de l’emploi et gagner en autonomie facilitera davantage son intégration sociale. Des programmes ciblés en fonction des domaines incluant une forte composante technolectale (Messaoudi, 2010, 2013) constitueraient un point de départ pour la mise en place d’une base de données facilitant la création de corpus destinés aux didacticiens et autres responsables des politiques éducatives.

Axe 3 : formation des formateurs pour un public migrant

Les choix des approches et des contenus didactiques passent aussi par une prise en compte de la formation des formateurs. En effet, si les contenus didactiques sont réalisés pour répondre à des besoins spécifiques, ils ne sauraient être efficaces sans un accompagnement des enseignants chargés de dispenser les cours. Il serait donc inutile de concevoir des méthodes de langues destinées à un public précis sans mettre à la disposition des utilisateurs tous les outils conceptuels dont ils auront besoins. Les enseignants devront être initiés à l’accompagnement des migrants au sein de leurs classes que cela soit dans des groupes séparés ou avec leurs camarades originaires des pays d’accueil. L’initiation implique une sensibilisation aux problématiques liées à l’intégration linguistique et à la gestion de la diversité en classe de langue ainsi que la maitrise d’un certain nombre de compétences relatives aux différentes approches (CECRL, CARAP) et champs en didactique (le français langue d’intégration (FL2I) (Adami et André, 2012) ou le français sur objectifs spécifiques (FOS) (Mangiante et Parpette, 2004), ou tout simplement le FLE/FLS). Quelles pourraient être alors les différentes formes de formations ciblées destinées aux enseignants ? Quels contenus privilégier ? Quels pourraient être les acteurs et les profils qui pourraient être sollicités ? Autant de questions qui restent aujourd’hui sans réponses dans beaucoup de pays confrontés aux afflux importants de migrants allophones cherchant à trouver une place dans des sociétés qui ne parlent pas leurs langues.

Modalités de soumission

Les propositions de communication devront être envoyés sous format Word ou RTF à l’adresse suivante colloquefse.migration@gmail.com.

Elles devront comporter le nom et le prénom de l’intervenant, l’établissement d’affiliation, l’adresse électronique, le titre de la communication et le résumé qui ne doit pas dépasser 2500 signes (espaces compris).

Calendrier

  • 30 avril 2022 : publication de l’appel à communication.
  • 30 septembre 2022 : date limite de réception des propositions.
  • 10 octobre 2022 : notification d’acceptation aux auteurs.



URL :  https://calenda.org/.../971358


mot(s) clé(s) :  langues vivantes, migration