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Pays : France  Langue(s) : français 

La thèse et le doctorat. Socio-histoire d'un grade universitaire (XIXe-XXIe siècles)


Date :  du 08-09-2022 au 09-09-2022

Appel à communications ouvert jusqu'au :  19-03-2022

Lieu :  Sorbonne, Paris et/ou à distance

Modalité :  en présentiel et/ou distanciel

Organisation :  Sorbonne Université (UFC) - Université de Franche-Comté

Le colloque est organisé dans le cadre du projet ès lettres financé par le GIS CollEx-Persée et porté par la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne et le Centre Lucien Febvre (université de Franche-Comté).



Programme : 
Argumentaire

Pour Émile Durkheim, c’est la délivrance des grades, c’est-à-dire la mise en place d’un contrôle juridiquement certifié d’un corpus donné de compétences, qui distingue fondamentalement l’université des institutions d’enseignement qui l’ont précédée. Au sein du système universitaire tel qu’il se (re)cristallise, au cours du XIXe siècle, en France mais aussi dans le reste du monde, l’un de ces grades, le doctorat, acquiert une importance spécifique. D’une part, alors qu’initialement il visait à prouver la maîtrise d’un ensemble de savoir-faire intellectuels, il tend progressivement à certifier aussi la capacité à produire des connaissances nouvelles, devenant ainsi le seul grade à exiger une production de savoir original. D’autre part, il devient la barrière et le niveau régulant l’accès au corps universitaire lui-même, et la hiérarchisation au sein de celui-ci. Le doctorat se trouve ainsi placé à l’interface entre le système de production des savoirs et le système de reproduction des élites intellectuelles.

En tant que tel, il est un objet et un outil d’action politique, pour les États comme pour certains groupes d’universitaires, parce qu’il constitue un levier permettant d’agir efficacement sur le mode de production des faits scientifiques et sur la reproduction du corps des porteurs de savoir professionnels. Sa position spécifique fait aussi du doctorat un observatoire précieux de l’institutionnalisation des différentes disciplines et, plus finement, des différents programmes de recherche qui les organisent. L’étude temporellement située des dispositifs doctoraux constitue dès lors un angle d’approche efficace pour analyser les reconfigurations des politiques de l’enseignement supérieur et de la recherche – y compris du point de vue de la circulation internationale de ces politiques –, les transformations des rapports de force et les normes qui structurent le champ académique, mais aussi et plus généralement, les façons dont la recherche est délimitée, définie, encadrée, mise en cérémonie, débattue et jugée.

Pourtant, ce grade reste très peu exploré par l’historiographie, par manque d’outils pour aborder une documentation à la fois massive et dispersée. Partant de ce constat, le projet ès lettres se propose d’encourager l’étude et la valorisation des thèses de doctorat, en partant du corpus des thèses de doctorat ès lettres soutenues en France au XIXe siècle. Le but est de rassembler des informations relatives à ces documents, actuellement dispersées entre de multiples sources, de procéder à la numérisation de ces thèses tout en préparant celle de documents qui leur sont associés (notamment les rapports de soutenance). Il s’agit en outre d’élaborer une bibliographie à la fois générale et spécialisée sur ces thèses, et de constituer une base de données en ligne et reliée à des référentiels à partir de l’ensemble de ces éléments. La mise en ligne est prévue en avril-mai 2022. Financé par le groupement d’intérêt scientifique (GIS) CollEx-Persée, il est porté conjointement par la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne et le Centre Lucien Febvre (université de Franche-Comté), associés à une série de partenaires : l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066), le Centre d’histoire du XIXe siècle (EA 3550), le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (EA 2448), ainsi que la Bibliothèque nationale de France, les Archives nationales, la Bibliothèque de l’École nationale des chartes, et les SCD de l’université de Franche-Comté, d’Aix-Marseille université et de l’université Toulouse – Jean Jaurès.

Le présent colloque se propose de valoriser scientifiquement ces matériaux, ainsi que d’étendre le questionnement jusqu’aux temps les plus contemporains, en vue d’une extension future du projet, dans le temps, du point de vue disciplinaire, et éventuellement dans l’espace. Il s’agit de poser ainsi les jalons d’une étude sociohistorique des différentes formes de doctorat, s’intéressant aux mécanismes sociaux de formation à la recherche et aux fonctions sociales de ces mécanismes, aux enjeux sociaux et politiques qu’ils constituent, afin de contribuer à une historicisation des règles – trop souvent naturalisées – du jeu académique. La périodisation est très ouverte : il s’agit de susciter des propositions touchant la mise en place des systèmes universitaires modernes comme leurs métamorphoses les plus récentes (la massification, pour citer un seul exemple). La diffusion de ce titre étant le fruit de dynamiques internationales, l’inscription spatiale des phénomènes étudiés est également très ouverte : sont attendues des propositions traitant du cas français comme d’autres cas européens ou extra-européens. Les contributions pourront dès lors s’inscrire dans un ou plusieurs axes, sans exclusive :

- L’évolution du contenu des thèses de doctorat et du profil des docteurs et docteures, de leur rôle dans la production de connaissances nouvelles et de leurs conditions symboliques et matérielles de travail et d’étude ;
- Le rôle de la thèse et du doctorat dans les trajectoires des scientifiques, savantes et savants et – plus largement – des travailleurs et travailleuses intellectuelles, sa place dans la dynamique des carrières académiques et dans la structuration de l’espace des disciplines ainsi que ses usages dans les carrières extra-académiques et dans les logiques d’accès aux fractions dominantes des espaces sociaux nationaux
- L’internationalisation des études doctorales, la circulation des étudiantes et étudiants en formation à la recherche comme des modèles de formation.
L'appel complet est disponible sur Calenda. Vous trouverez un article programmatique revenant sur les enjeux du projet dans la dernière livraison de la Revue d'histoire des sciences humaines.

Modalités de soumission

Les propositions, en français ou en anglais, de 200-300 mots, doivent être accompagnées d’une courte présentation (structure de rattachement, sujet de recherche, travaux...). Elles doivent être envoyées avant le samedi 19 mars 2022 à l’adresse suivante : colloquedoctorat@gmail.com
Les auteurs et autrices dont les propositions auront été retenues seront informées avant le 4 avril 2022.
Le colloque aura lieu les 8 et 9 septembre 2022 à la Sorbonne.
Les personnes intéressées ne doivent pas hésiter à nous contacter en amont (pierre.verschueren@univ-fcomte.fr et cecile.obligi@bis-sorbonne.fr), si elles souhaitent accéder à la documentation réunie dans le cadre du projet ès lettres.
Une sélection de communications sera publiée dans le cadre d’un ouvrage collectif.
Les modalités d’organisation – présentiel ou visioconférence, voire les deux – de ce colloque seront choisies en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et précisées par la suite.


URL :  https://calenda.org/.../947087


mot(s) clé(s) :  diplôme et certification, enseignement supérieur