L’expertise en éducation : savoirs, acteurs, réseaux (France, XIXe-XXIe siècles)
Date : du 27-10-2026 au 29-10-2026
Appel à communications ouvert jusqu'au : 31-10-2025
Lieu : Nancy
Modalité : présentiel
Organisation : Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication (LISEC) - Université de Lorraine (UL)
Programme :
Le rôle de l’expertise dans la construction des politiques publiques est un thème majeur des
recherches sur l’éducation et la formation aujourd’hui, depuis au moins deux perspectives différentes
mais complémentaires.
D’une part, des travaux s’inscrivant dans le champ de la sociologie de l’action publique ont éclairé
l’émergence et la structuration de savoirs spécialisés destinés à réguler les systèmes éducatifs face aux
conjonctures problématiques nouvelles des XXe et XXIe siècles (Van Zanten, 2008 ; Buisson-Fenet &
Pons, 2014). Ces études ont établi un lien clair entre politiques de gouvernement et de promotion de
certains savoirs, mettant en évidence la nature d’autant plus politique des savoirs experts qu’ils se
présentent le plus souvent sous une forme dépolitisée voire comme l’incarnation d’une rationalité
objective (Léglise & Garric, 2012). Guy Lapostolle a par exemple étudié la concurrence, dans la période
contemporaine, entre les sciences de l’éducation, constituées en champ disciplinaire reconnu par le
Conseil national des universités (CNU), et les neurosciences comme « savoirs experts » dans les
processus de réforme de l’enseignement secondaire du ministère Blanquer (Lapostolle, 2019 ;
Lapostolle et al. 2021).
D’autre part, en réponse notamment à un appel généralisé dans les disciplines associées aux
humanités à pluraliser les voix auxquelles on donne de la visibilité, de nombreux travaux ont cherché
à donner du crédit à une forme de « contre-expertise » (Ollitrault & Jouzel, 2015), d’« expertise
profane » (Blondiaux, 2008) ou « militante » (Mouchard, 2011). Dans leur sillage, on a pu parler d’une
« crise » (Calafat, 2011) ou d’une « disqualification des experts » dans la période contemporaine
(Baechler et al., 2012). Au-delà du caractère politique de cette entreprise, analysé notamment par
Emmanuel Triby (2024), le bénéfice global de cette approche pour les sciences de l’éducation a par
exemple été souligné par Gaëlle Espinosa (2022) dans le cas des enfants et adolescents, dont elle met
en évidence les capacités d’auto-analyse de leur propre expérience autour de la question du bien-être.
Sur le plan pédagogique, nombreux sont ceux et celles qui ont insisté sur la qualification des
enseignants à penser leur pratique, qu’il s’agisse d’en produire des normes morales (Prairat, 2015), des
dispositifs didactiques (Le Brun, 2022) ou encore d’envisager des institutions alternatives (Go & Prot,
2023) – autant de projets qui supposent de développer des savoirs spécialisés. Sur la période récente,
on peut ainsi parler d’une tension entre l’État et les différentes professions dans la définition, les rôles
et les modalités de l’expertise en éducation (Buisson-Fenet & Pons, 2014).
(...)
Le présent colloque entend donc combler cette lacune historiographique, en faisant l’hypothèse qu’une genèse sur le temps long est susceptible d’éclairer les tendances et les conflits actuels portant sur la définition de l’expertise en éducation, ses modalités notamment
institutionnelles d’existence et le type de savoirs sur lesquels elle repose. Il s’efforcera, en travaillant
à partir d’études de cas précises mais aussi d’interven2ons privilégiant la reconstitution de tendances
plus longues, de faire droit tout à la fois aux poids des héritages – théoriques, institutionnels,
administratifs – et à la spécificité des conjonctures historiques ; aux voix institutionnelles des
« experts » reconnus et mandatés ainsi qu’aux savoirs et individus qui ont de fait été écartés de ce
processus ou qui l’ont subi, notamment dans un contexte de « globalisation des mondes de
l’éducation » (Droux & Hofstetter, 2015) et d’histoire globale voire « décoloniale » de l’éducation
(Matasci, 2022).
Le cadre de l’étude sera le cas de la France, dans ses relations et ses réseaux internationaux,
en particulier européens et/ou (post)coloniaux. Le terme initial correspond à la création d’un État
centralisé et prenant en charge à l’échelle du territoire national l’organisation de l’éducation, de la
première enfance jusqu’à la formation des maîtres, à l’articulation des XVIIIe et XIXe siècles. Nous
souhaitons prolonger l’enquête jusqu’au temps présent, afin de mettre en évidence les phénomènes
de permanence ou au contraire de reconfiguration, sur le temps long, en jeu dans le recours à
différentes formes d’expertise en éducation.
Les communciations pourront s'inscrire dans 4 axes principaux : savoirs, acteurs, configurations, réseaux.
appel complet en ligne.
URL : https://www.lisec-recherche.eu/.../AAC_Expertise-19-21.pdf
mot(s) clé(s) : politiques éducatives, recherche en éducation