17ème Université d'été du secteur Langue du GFEN - En classe de langues, (se) jouer des contraintes, bousculer les modèles
Date : du 22-08-2025 au 25-08-2025
Lieu : Vénissieux
Modalité : présentiel
Organisation : Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN)
Programme :
*** Programme et inscription en ligne***
Une institution est une forme sociale établie que l’on peut définir par son caractère contraignant et dont le rôle est d’organiser la vie en société. L’École est une institution et en cela, elle est constituée d’un « ensemble de normes qui régissent l’organisation des rapports sociaux entre les individus » (Hesse, 1978). D’autre part, une institution est par essence conservatrice et ne peut se maintenir que par les conflits qui la traversent et qui assurent sa dynamique. C’est ainsi que Lourau distingue l’institué et l’instituant. L’institué, c’est « l’ordre établi, les valeurs, modes de représentation et d’organisation considérés comme normaux, mais aussi les procédures habituelles de prévision (économique, sociale, politique) ». L’instituant, c’est « la contestation, la capacité d’innovation » (Lourau, 1969). Ce sont des instances complémentaires : « Un pouvoir institué qui ne se nourrit pas d’opposition est voué à se scléroser et à disparaître » (Muyshondt, 2016).
L’École, comme institution, est un lieu de transmission : il s’agit de transmettre, de façon programmée et obligatoire, aux générations qui viennent, les savoirs que la société juge nécessaires pour la formation du citoyen. Ce qui suppose des normes et des contraintes qui garantissent cet objectif mais qui, faute de débat, a tôt fait de se scléroser. Par ailleurs, ce souci de transmission est censé s’accomplir dans un espace public et démocratique qui accueille tous les enfants et les adolescents, réunis autour d’objets culturels communs. Mais malheureusement, ces principes sont loin d’être mis en oeuvre dans l’institution aujourd’hui : développement des filières et des options favorisant le communautarisme entre « initiés », établissements fortement différenciés avec une progression du privé financé en grande partie par les deniers publics1, inflation d’évaluations-contrôles conduisant au décrochage, orientation socialement différenciée, etc. Avec pour conséquence le fait que : « le changement dans le système scolaire ne se fait pas. L’innovation pédagogique, à l’échelle de l’institution, est un échec ; elle ne produit pas d’effets positifs pour une raison majeure : elle n’est pas mise en oeuvre et l’immobilisme des acteurs est patent » (Houssaye, 2014). Ces propos datent de 2014 mais on peut les reprendre aujourd’hui, sans rien en modifier.
Dans le domaine des langues étrangères, malgré les discours sur le plurilinguisme, l’impératif de communication ou les compétences à acquérir (entre autres…), on doit se rendre à l’évidence : point de plurilinguisme (sauf dans le cas des élèves primo-arrivants, par la force des choses) mais une offre linguistique de plus en plus restreinte ; une communication réduite le plus souvent au cours dialogué où les interactions consistent majoritairement à répondre aux questions magistrales, orales ou écrites ; une focalisation sur la performance, pour répondre aux évaluations-contrôles, au détriment de la construction et du développement de la compétence langagière.
L’école est en pleine crise de légitimité et les enseignants, soumis à une avalanche de réformes, de contraintes infantilisantes et d’injonctions paradoxales, sombrent dans le désenchantement, la démobilisation, voire le renoncement total… Sauf quand ils choisissent de refuser cette maltraitance et de reprendre la main sur le travail (Garcia, 2024) et décident de (se) jouer des contraintes et de bousculer les modèles !
URL : https://gfen.asso.fr/.../
mot(s) clé(s) : langues vivantes