Veille et analyses de l'ifé

Entre recherches et pratiques

   Vous êtes ici : Accueil » Détails de la thèse

Transitions postscolaires et inégalité sociale à Lima : poursuite éducative et insertion professionnelle des jeunes de la génération «Ochentas»


Auteur(s) :  ETESSE Manuel

Date de soutenance :  2019

Thèse délivrée par :  Université Paris Descartes

Section(s) CNU :  section 19 : Sociologie, démographie

Sous la direction de :  Marc PILON & Martin BENAVIDES

Jury de thèse :  Carole Brugeilles ; Robin Cavagnoud ; Maria Cosio Zavala ; Sandra Gaviria ; Marc Pilon ; Martin Benavides

 

"Depuis les années 1990, le Pérou connaît une stabilité économique et sociale prolongée, qui est la toile de fond d'une génération née pendant une des pires crises de l'histoire du pays. Cette génération « Ochentas » (années 1980) a grandi au cours de la relance néolibérale, sous laquelle l'expansion de l'enseignement privé a été fulgurant et l'emploi s'est fortement accru mais aussi flexibilisé. Par ailleurs, le modèle familial patriarcal péruvien tend à évoluer vers des formes nouvelles, notamment l'érosion des rôles de genre traditionnels et de l'autorité parentale. Dans ce contexte, où perdurent des inégalités sociales historiques, les jeunes de la génération étudiée ont vécu leur sortie du collège et ont fait face aux premiers choix décisifs pour leur avenir, choix encadrés par des possibilités et des significations spécifiques selon le milieu social dont ils sont issus. La thèse traite des transitions postscolaires au niveau des trajectoires éducative (dans l'enseignement supérieur) et professionnelle dans la ville de Lima. Elle offre un regard approfondi de la dimension chronologique et sur les mécanismes sociaux qui l'influencent. D'une part, elle examine l'hétérogénéité sociale des transitions, notamment l'influence du contexte familial dans la poursuite d'études et l'insertion professionnelle en prenant en compte ses caractéristiques éducatives, socioéconomiques, démographiques et migratoires. D'autre part, elle identifie des spécificités des itinéraires masculins et féminins à la sortie de l'enseignement secondaire. Finalement, elle analyse l'influence spécifique de l'accès à l'enseignement supérieur dans l'entourage du jeune, dans le ménage et le quartier de résidence. Pour retracer les trajectoires et la socialisation des jeunes de la génération Ochentas, le travail articule une approche quantitative inédite (analyses descriptives et multivariées) des données censitaires de 2007 avec une approche qualitative basée sur des entretiens approfondis réalisés en 2017. Les résultats montrent des écarts considérables dans les transitions éducatives et professionnelles à la sortie du collège, notamment en termes d'inégalités d'accès à l'enseignement supérieur et à travers le type de filière d'études intégrée. Si plusieurs facteurs sont déterminants, le capital culturel parental en est de premier ordre, ce qui n'est que vaguement étudié dans la littérature concernant les dynamiques sociales au Pérou. De même, les rapports sociaux de genre donnent forme à ces transitions, en particulier concernant l'insertion professionnelle. Par ailleurs, le travail de recherche montre que la ségrégation sociale dans la métropole, observée à l'échelle du quartier, est associée à des transitions postscolaires offrant moins d'autonomie et d'indépendance individuelle. Enfin, les résultats obtenus illustrent tout le potentiel d'analyse des données censitaires -en dépit de leurs limites- par rapport aux données d'enquêtes."

Post-school transitions and social inequality in Lima (Peru) : Educational continuity and professional integration of young people of the Ochentas generation

"Since the 1990s, Peru has enjoyed sustained economic and social stability, which is the backdrop for a generation born during one of the worst crises in the country's history. This "Ochentas" generation (1980s) grew up during the neoliberal revival, under which the expansion of private education was dazzling and employment grew strongly but also more flexible. In addition, the patriarchal family model tends to evolve into new forms, including the erosion of gender roles and parental authority. In this context, where historical social inequalities persist, young people of the generation studied have gone out of college and faced the first decisive choices for their future, choices framed by specific possibilities and meanings depending on the social milieu they are from. The thesis deals with post-school transitions at the level of education (in higher education) and work trajectories in the city of Lima. It offers an in-depth look at the chronological dimension and the social mechanisms that influence it. On the one hand, it examines the social heterogeneity of transitions, in particular the influence of the family context in the pursuit of studies and professional integration, taking into account its educational, socio-economic, demographic and migratory characteristics. On the other hand, it identifies specificities of the male and female routes at the end of secondary education. Finally, she analyzes the specific influence of access to higher education in the environment of the young person, in the household and the neighborhood of residence. To trace the trajectories and socialization of the Ochentas generation, the work articulates an unprecedented quantitative approach (descriptive and multivariate analyzes) of the 2007 census data with a qualitative approach based on in-depth interviews conducted in 2017. The results show considerable differences in educational and vocational transitions after high school, particularly in terms of inequalities of access to higher education and through the type of study pathways. If several factors are decisive, the parental cultural capital is of first order, which is only marginally studied in the literature concerning the social dynamics in Peru. Similarly, gender relations give shape to these transitions, in particular concerning occupational integration. In addition, the research shows that social segregation in the metropolis, observed at the neighborhood level, is associated with post-school transitions leading to lesser autonomy and independence. Finally, the results obtained show the potential for census data -despite their limitation- compared to survey data.  "



URL :  https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02538842/document


mot(s) clé(s) :  genre, orientation scolaire, origines socioculturelles