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Réussir l'entrée dans l'enseignement supérieur


n° 59, décembre 2010   

 

Auteur(s) :  Laure Endrizzi

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Résumé : 
Si la massification de l'enseignement supérieur est avérée, sa démocratisation reste partielle. Les inégalités n'ont en effet pas disparu, elles se sont déplacées. La transition secondaire / supérieur reste marquée par l'auto-sélection et la composition sociale des différentes filières, sélectives ou non, reste typée.

Les phénomènes d'échec et d'abandon sont massivement constatés en France comme ailleurs : un étudiant sur cinq sortant de l'enseignement supérieur est toujours non diplômé trois ans après dans l'hexagone.

Les facteurs contextuels et individuels prédisant ces difficultés sont désormais connus. À titre d'exemple, les chances de réussite sont significativement moindres pour un garçon d'une famille ouvrière, titulaire d'un baccalauréat technologique et inscrit en L1 dans la filière AES, ou pour une fille issue d'un milieu modeste, ayant obtenu son baccalauréat en retard et sans mention, inscrite en licence de psychologie.

Mais une telle catégorisation ne saurait rendre compte de l'ensemble des difficultés qui touchent l'entrée dans le métier d'étudiant : ceux qui échouent sont parfois aussi ceux qui réussissaient au lycée et qui ne parviennent pas à s'adapter à leur nouvel environnement. La capacité des étudiants à anticiper ces difficultés et à trouver des alternatives est considérée comme déterminante.

La diversité des parcours et des expériences invite donc à relativiser le diagnostic de l'échec immédiat et à privilégier une approche multidimensionnelle de l'aide à apporter, en cohérence avec la complexité qui les caractérise. Il ne s'agit plus de mettre en place des dispositifs de tutorat pour pallier tous les échecs. L'aide à la réussite induit également des transformations en termes d'offre de formation (moins spécialisée au début), d'organisation pédagogique (meilleur encadrement, contrôle continu, etc.) et de pédagogie.

D'autant que les dispositifs d'accompagnement personnalisé ne touchent pas leur cible supposée : ce sont les étudiants qui ont déjà des chances significatives de réussir qui y participent. Concentrer les efforts exclusivement sur ce type de dispositifs, c'est aussi ne pas reconnaître la faiblesse des relations entre étudiants et enseignants, pourtant nécessaires au processus d'affiliation.

L'importance de disposer d'outils performants pour identifier les pré-requis disciplinaires et transversaux d'une part et pour repérer les décrocheurs d'autre part, est mise en évidence dans les recherches récentes. L'évaluation de la qualité des enseignements, notamment par les étudiants, représente également un levier d'actions. Il s'agit à la fois de mieux prendre en compte l'hétérogénéité de la population étudiante, de favoriser la régulation entre étudiants et enseignants et plus globalement de promouvoir une dynamique pédagogique d'explicitation. C'est le goût d'apprendre qui peut garantir l'investissement des étudiants dans leur nouveau métier.

Télécharger la version En bref (2 pages) et L'essentiel (4 pages)


Abstract : 
While the massification of higher education has been proven, its democratization is only partial. Inequalities have not disappeared, but have moved. The transition from secondary to higher education remains characterized by self-selection, and the social composition of the various courses of study, selective or not, remains marked.

The phenomena of failure and dropping-out in great numbers are to be noted in France as elsewhere: one student out of five leaving higher education still has no qualifications three years later.

The contextual and individual factors predicting these difficulties are now known. By way of example, at the university, the chances of success are significantly less for a boy from a working-class family, with a technological baccalauréat and enrolled in the first year of a general administration degree course, or for a girl from a modest background, who just scraped through her baccalauréat later than usual, and enrolled in a psychology degree course.

But such a categorization cannot give an account of all the difficulties that students encounter as they set out: those who fail are also sometimes those who succeeded in secondary school and who have not managed to adapt to their new environment. Students' ability to anticipate these difficulties and to find alternatives is regarded as a determining success factor.

The diversity of courses and experiences should therefore make one try and put the diagnosis of immediate failure into perspective and give preference to a multidimensional approach to the assistance that needs to be provided, in keeping with the complexity which is such a feature of them. It is no longer a question of setting up tutoring systems to counter all failures. Assistance for success also leads to transformations in terms of the training offer (less specialized at the beginning), of educational organization (better supervision, continuous assessment, etc.) and teaching methods.

This is especially true as the measures for personalized assistance do not reach their supposed target: it is those students who already have significant chances of succeeding who take part in them. Concentrating efforts solely on this type of measure, also means not recognizing the weakness of the relations between students and teachers, which are, however, necessary to the process of affiliation.

The importance of having powerful tools available, both to identify the disciplinary and transverse prerequisites and to locate those who are likely to drop out , has been highlighted in recent research. Evaluation of quality teaching, in particular by students, is also a lever for action. It means to take better account of the heterogeneity of the student population, encourage regulation between students and teachers and more generally promote an educational process of clarification. The enjoyment of learning is what will guarantee that students will invest in their new occupation.