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Pays : France 

60e Congrès de la SAES - RenaissanceS


Date :  du 03-06-2021 au 05-06-2021

Lieu :  à distance

Modalité :  intégralement à distance

Organisation :  Société des Anglicistes de l’enseignement supérieur (SAES)

Du fait des incertitudes sanitaires et dans le but de maintenir les échanges scientifiques de notre large communauté en anglistique le Comité d’organisation du Congrès SAES Renaissances 2021 de Tours et le Bureau de la SAES ont décidé de proposer une édition distancielle du Congrès SAES les 3-5 juin 2021.

Le programme scientifique reste inchangé : les ateliers des sociétés savantes affiliées à la SAES deviennent des ateliers distanciels, tout comme les autres événements scientifiques (tables rondes et doctoriales).

D’autres créations innovantes viendront s’ajouter au programme ; à découvrir sur notre site bientôt réouvert! Une plateforme dédiée (non choisie à ce jour) sera construite afin de permettre ces échanges; les inscriptions (gratuites) restent obligatoires toutefois. Des informations vous parviendront régulièrement.



Programme : 

L’Université de Tours a l’honneur d’accueillir le 60e Congrès de la S.A.E.S. invitant ses membres, anglicistes de tous pays, à explorer des horizons renouvelés et renouvelables vers une Renaissance des Renaissances.

Texte de cadrage

La Renaissance peut être conçue comme un repositionnement environnementaliste, l’Homme transformant ce que la nature, généreuse ou marâtre, lui offre. Renaître c’est, hier comme aujourd’hui, changer de perspective, et aborder autrement le rapport de l’individu l’environnement qui l’englobe.

Dans le sillage de la Renaissance du XIIe siècle et du long Moyen Âge, qui vit l’émergence de l’individu, maintint ou fit renaître, sous d’autres formes, traditions et sources anciennes, connut des bouleversements majeurs de la perception de l’espace et de l’environnement, des systèmes politique et économique, et de la pensée théologique, l’Angleterre de la Renaissance voit des évolutions importantes dans le domaine politique, économique, social, religieux, intellectuel. Geoffrey Elton (Reform and Reformation,1977) parle d’une révolution dans l’administration, d’une centralisation accrue du gouvernement, et bien sûr d’un renforcement du pouvoir et de l’autorité de la monarchie. La religion de la majorité de la population change, passant du Catholicisme à un Protestantisme modéré. L’économie se transforme : alors que John Hales ou William Harrison se lamentent des ravages causés par les enclosures dans les campagnes, les récits des explorations maritimes de Raleigh émerveillent Elizabeth I ; les échanges commerciaux avec l’étranger progressent : les marchands anglais exportent leur laine vers les Pays-Bas, Hambourg, puis au XVIIe siècle, vers les Indes et le Levant. Vers 1560 les Nouvelles Manufactures (New Draperies) dans le sud de l’Angleterre permettent la fabrication en masse et la diffusion d’étoffes moins chères. L’inflation galopante interpelle les contemporains comme Sir Thomas Smith (A Discourse of the Commonwealth of this Realm of England) ou Shakespeare (The Merchant of Venice) qui dénoncent l’individualisme et les excès liés à l’appât du gain. Les connaissances scientifiques, le système éducatif progressent considérablement, conduisant à un Âge d’Or de la science et de la littérature sous Elizabeth I, mais aussi une vision renouvelée du monde. C’est l’âge de Shakespeare, de Marlowe, Jonson, et aussi de Spenser, Donne. La science, l’histoire, la rhétorique, mais aussi les qualités morales et le sens du bien public sont, pour Thomas Overbury ou Thomas Elyot, les éléments essentiels de l’éducation de tout gentleman humaniste de la Renaissance.

Le concept de (re)naissance pourrait tout autant s’appliquer à l’ère victorienne ; pour François Crouzet et Michael Postan, la fin des hostilités avec la France permet la reprise du commerce avec le continent et une forte croissance économique. Cette période lointaine nous est cependant familière car elle a en somme préparé les bases du monde tel que nous le connaissons, avec des avancées significatives, voire même révolutionnaires, dans les domaines de l’industrie, des communications (transports, presse), des sciences et techniques, des idées, avec par exemple l’avènement du jeu démocratique à travers des partis modernes organisant la vie politique et institutionnelle, ou encore la naissance de mouvements religieux réformateurs. Elle consacre aussi l’émergence du mouvement ouvrier, de mieux en mieux organisé malgré de multiples obstacles et épreuves, comme Peterloo dont le bicentenaire sera célébré cette année à Manchester. La littérature et les arts se font l’écho de ces transformations, célébrant les avancées de l’époque, ses promesses, ou au contraire dénonçant sa laideur ou son inhumanité.

Convoquer le concept de renaissance, c’est aussi s’interroger sur l’idée même de naissance originelle et du flou qui l’entoure. On sera nécessairement amené à considérer la dimension idéologique d’un tel terme dans le contexte de l’historiographie : qu’il soit attribué par un contemporain (Vasari utilisant précisément ce mot en 1550 pour qualifier ce qu’il percevait comme un renouveau artistique et épistémologique) ou donné après coup (Matthiessen circonscrivant en 1941 une « Renaissance américaine »), le terme de renaissance n’a rien d’une évidence, si l’on en croit les débats qui, depuis les années 1970, agitent les historiens bien en peine de proposer un cadrage chronologique fixe. Outre que l’idée de renaissance implique un renouveau après une période sombre marquée par la barbarie et privée des Lumières de la connaissance, son succès dans la France du XIXe siècle où le terme fut relayé par les grands historiens de l’époque – dont Michelet attire l’attention sur la dimension politique d’un choix lexical permettant de valoriser les choix du pouvoir en place (Louis XVIII utilisant les figures charismatiques des rois éclairés pour tenter d’asseoir sa légitimité).

Qu’il soit récupéré ou attribué selon des principes humanistes, le terme de renaissance peut inviter à une considération moins téléologique que migratoire : que l’on songe à l’émergence de la Nation américaine en quête d’un idiome qui lui soit propre et aux premiers récits de cette jeune République, dont l’hybridité générique signale l’emprunt à des formes européennes; que l’on pense aussi aux romans, nouvelles, poèmes ou essais constitutifs de cette « Renaissance américaine » dont le caractère palimpsestique met en valeur la capacité de la culture à renaître, par migration, par transplantation.
Les Etats-Unis sont le lieu de toutes les «
renaissances », si l’on en croit les noms donnés aux voix de la marge, depuis la « Renaissance de Harlem » héritière des travaux du sociologue, écrivain et historien W.E.B. Dubois qui, entre les deux guerres mondiales, donne enfin une visibilité à la contestation noire, jusqu’à la « Renaissance amérindienne » (« Native-American Renaissance »), ainsi nommée en 1983 par le critique littéraire Kenneth Lincoln qui y voyait, pour l’essentiel, la transcription de récits hérités de la tradition orale.

A rebours de cette conception de la renaissance comme émergence de voix jusque-là maintenues en sourdine et comme participant de la visibilisation de communautés minorées, on pourra se demander si certaines formes de renaissance ne relèvent pas davantage d’un repli identitaire sur fond d’idéalisation (The Irish Renaissance).

Assiste-t-on à différents moments de l’histoire à l’éternel retour (et recours) aux mythographies des récits des origines du monde ? La figure du Phoenix est-elle un invariant culturel sur la ligne du temps comme elle l’est géographiquement, d’une communauté à une autre, sous diverses latitudes et longitudes ?

Dans le domaine culturel et politique, il faut s’interroger sur ce qui, dans les pays de l’ancien Empire colonial britannique, peut faire renaître, ou refleurir des modes de gouvernance et de gouvernement alternatifs à notre portée.

L’ère Obama a fait croire à l’arrivée d’une période « post moderne » et post raciale ; les divisions qui aux Etats-Unis ont conduit au Civil Rights Movement semblaient dépassées, comme effacées. Avec l’arrivée de Donald Trump, des signes contraires resurgissent et creusent un peu plus ces divisions renaissantes : en témoignent les manifestations violentes à Charlottesville rappelant les défilés du Ku Klux Klan et les scènes de lynchages dans les Etats du Sud profond (the Deep South) au début du XXe siècle. L’antisémitisme et le racisme renaissent également des cendres du politiquement correct pour envahir l’espace public. En Europe, l’avènement de l’Union Européenne, la création de la zone euro et de l’espace Schengen apparaissaient comme la fin programmée des divisions. Or il n’en est rien : le vote sur le Brexit et les conséquences qui en découlent prouvent également que le pouvoir ou la volonté - de réunification en Europe a été surestimé. Les tendances les plus populistes, les plus protectionnistes et nationalistes d’antan renaissent également.

Ce congrès de la S.A.E.S. pourrait être l’occasion de faire le point sur les enclaves, les groupuscules contestataires ou parallèles, les formations populistes, les sociétés industrielles ou secrètes, les réseaux (compagnonnage ou autres, plus inédits), le rôle et le fonctionnement des corporations encore à l’œuvre dans le tissu (post-) industriel de nos sociétés marchandes, et les structures (politiques, sociales, associatives...) résistant à la mondialisation et à ses retentissements.

Dans le champ de la linguistique, on pourra bien sûr conduire un raisonnement diachronique, tant dans le domaine de la syntaxe que celui du lexique ou de la phonologie : toutefois, la thématique ne porte pas simplement sur la réapparition ou la remotivation de formes et structures anciennes, mais tout aussi bien sur leur maintien dans certaines variétés, géographiques ou stylistiques, ou encore leur réinvestissement à des fins dialectiques diverses.

Dans le domaine de la didactique, le thème ‘renaissances’ pourra être envisagé tout à la fois dans les champs de la formation des étudiants à l’université et des futurs enseignants. On pourra, par exemple, s’interroger sur l’apport des technologies de l’information et de la communication dans un possible renouveau des paradigmes sous-tendant l’enseignement, l’apprentissage et l’enseignement de l’anglais dans les formations universitaires.
On pourra également faire état d’évolutions
- institutionnelles et/ou touchant au champ de la recherche ayant eu pour effet unerégénération des méthodes d’apprentissage et méthodologies d’enseignement de l’anglais aux publics scolaires, de l’école maternelle à l’université.

Du côté de la traductologie et de la traduction, la renaissance est liée, voire initiée, par le développement des nouvelles technologies, notamment avec la traduction neuronale, et invite à une refondation des théories et des formations.

Quant à l'anglais de spécialité (ASP), parfois connu sous son acronyme anglais ESP (pour English for Specific Purposes), il pourra trouver dans la thématique proposée matière à réfléchir à une façon d'œuvrer à sa propre renaissance. En effet, l'ASP, et les langues de spécialité (LSP) en général, ont largement forgé leur identité autonome en s'éloignant des domaines classiques de l'étude des langues, telles la littérature, la civilisation et la linguistique. En visant la professionnalisation et la technicité, l'étude des LSPa souvent privilégié l'employabilité rapide des apprenants, la synchronie et les compétences immédiates, au risque d'oublier la culture, la diachronie et l'enracinement des spécialités dans l'humus socio-historique d'où elles émergent. À rebours, l'actualité de l'ASP témoigne d'un regain d'intérêt pour la diachronie, les cultures professionnelles et les liens multiples tissés entre les variétés spécialisées de l'anglais, la littérature et la civilisation.

C’est ainsi tout naturellement que Ronsard, Rabelais, Montaigne, et bien d’autres penseurs de la Renaissance d’horizons plus lointains, peuvent nous interpeller sur les terres tourangelles afin de nous inspirer des thématiques universelles très contemporaines.

Programme du Congrès

Toutes les manifestations (doctoriales, ateliers, conférence plénière, tables rondes, assemblée générale, etc.) auront lieu sur la plateforme Zoom. Les liens seront communiqués aux congressistes dûment inscrits.

Jeudi 3 juin

Matinée : Doctoriales

Conférence « Satisfaction au travail et santé des doctorants », Adèle Combes et Colin Lemée. Représentants des collectifs Doctopus et Vies de thèse

« Le nonsense chez Peake : une renaissance qui passe par la transgression », Vanessa
Bonnet (Université Côte d’Azur - LIRCES)

« Du groupe à l'individu : renaissance(s) et occultisme britannique de fin de
XIXe siècle », Anaïs Aledo (Université de Toulon/Babel EA2649)

Ateliers 1 l'après-midi

17h - 18h30 - Ouverture officielle du congrès

Conférence plénière de l’invité d’honneur : Sanjay Subrahmanyam, “An argosy bound to Tripolis, another to the Indies”: Reflections on Renaissance Connections.
Présentation par Didier Girard, Professeur de littératures anglophones à l’Université de Tours

Vendredi 4 juin

Ateliers 2 le matin

Tables rondes (sessions parallèles)

  • Table ronde recherche

Georges Letissier, Introduction
Marie-Pierre Pouly, «Jalons historiques pour l'étude de l'équilibre des
spécialités au sein de l’anglistique en France »
Anne Page, « Identifier, archiver, diffuser : les études anglophones et les enjeux de la patrimonialisation »
Charles Soulié, « Morphologie et transformations des facultés en France depuis les années 80 »

  • Table ronde sur la nouvelle question de civilisation au programme de l’agrégation 2022

Panels interdisciplinaires thématiques (sessions parallèles) - après-midi

  1. « Sciences et Littératures : nouveaux outils, nouvelles questions »,
    modération 
    assurée par Liliane Campos (laboratoire PRISMES, Université Sorbonne Nouvelle) et Pierre-Louis Patoine (laboratoire PRISMES, Université Sorbonne Nouvelle)

  2. « Compétences transversales et projets interdisciplinaires dans l'enseignement : le rôle des anglicistes »,
    modération assurée par Claire Chaplier et Anne-Marie O’Connell – UMR EFTS (Éducation, Formation, Travail, Savoirs)/Université Toulouse-Jean Jaurès ; Hanane Boutenbat EA 1569 TransCrit/Université Paris 8

  3. « Droit et littérature dans le monde anglophone : bilan et perspectives de la recherche en France et dans les pays anglo-saxons »,
    modération assurée par Armelle Sabatier et Claire Wrobel, maîtres de conférences à l’Université Paris Panthéon-Assas, membres du laboratoire VALE (Sorbonne Université

16h - 18 h - Assemblée générale de la SAES

Samedi 5 juin 2021, matinée

Ateliers 3

Ateliers 4



URL :  https://congres2021.saesfrance.org/...