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     Langue(s) : français 

Le décrochage des filles en mathématiques dès le CP : une dynamique diffuse dans la société


Auteur(s) :  T. Breda, J. Sultan Parraud, L. Touitou

Editeur(s) :  Institut des politiques publiques (IPP)

Date :  02/2024

 

Présentation

Les filles ont le même niveau en mathématiques que les garçons en début de cours préparatoire (CP) mais décrochent dès le milieu de cette première année d’école primaire alors qu’elles conservent un avantage sur les garçons en français. Le décrochage des filles en mathématiques se poursuit de sorte qu’à l’entrée au cours élémentaire première année (CE1), leur rang ou centile moyen (lorsque l’on classe les élèves en centiles selon leurs performances et où 100 est la plus haute valeur), passe de 50e en CP à 44e en fin de CE1.

À partir de données de panel riches et exhaustives couplées avec des informations sur la catégorie socioprofessionnelle des parents, le corps enseignant dans chaque école, et les caractéristiques générales des écoles, cette note cherche à caractériser les décrocheuses et à mesurer les contributions respectives du milieu familial et de la scolarisation (l’école et les enseignants) pour expliquer l’émergence des écarts de performance observés en CP et en CE1.

Les auteurs montrent que le décrochage des filles se produit sur l’ensemble du territoire, dans tous les types d’écoles et dans tous les milieux familiaux. Autrement dit, aucune configuration scolaire (école publique, privée,
en réseau d’éducation prioritaire – REP – ou à pédagogie alternative) ni aucune configuration familiale (parents des catégories aisées, professions scientifiques ou familles homoparentales) ne permet d’éviter l’apparition d’un écart très tôt dans la scolarité en mathématiques en défaveur des filles.

Résultats clés

  • Cette note s’appuie sur les évaluations nationales standardisées administrées par la
    DEPP en début de CP, milieu de CP et en début de CE1 à plus de 2,5 millions d’élèves
    scolarisés en France entre 2018 et 2022.
  • Alors qu’il est inexistant au début du CP, un écart en faveur des garçons apparaît et se
    creuse en mathématiques au cours du CP. Ce décrochage des filles est observé pour
    toutes les cohortes évaluées et pour la majorité des exercices évalués (additionner, lire
    des nombres, résoudre des problèmes, etc.). Les filles ont en revanche un avantage sur
    les garçons en français qui demeure globalement stable durant l’année de CP.
  • Le décrochage a surtout lieu parmi les filles les plus performantes en début de CP (celles
    qui font partie du top 1%au début de CP). Ces filles perdent en moyenne près de 7 rangs
    en début de CE1 par rapport aux garçons appartenant au même centième initial.
  • L’évolution de l’écart en mathématiques entre les garçons et les filles s’observe dans
    toutes les catégories sociales et configurations familiales, et sur l’ensemble du territoire.
  • Le décrochage des filles par rapport aux garçons est moins important dans les classes
    incluant surtout des filles ou quand l’enseignant est une femme plutôt qu’un homme, et
    quand l’école est localisée dans une zone réseau d’éducation prioritaire plus (REP+). Ces
    caractéristiques liées à l’environnement scolaire ne parviennent cependant à expliquer
    qu’une une petite partie du décrochage global, ce qui suggère que la dynamique est
    commune à l’ensemble de la société.

Méthode et données

La note s’appuie sur les évaluations nationales standardisées obligatoires administrées à plus de 2,5 millions d’élèves de CP et CE1 scolarisés en France entre 2018 et 2022.

Les informations sur les caractéristiques des écoles sont issues de l’application d’Aide au Pilotage et à l’Auto-Évaluation du premier degré (APAE 1D). Outre le type d’école (public, privé, REP, REP+), des informations sur les effectifs d’élèves (nombre moyen d’élève par classe, proportion de filles, IPS de l’établissement) et sur les enseignants (proportion de femmes, âge moyen, ancienneté dans l’école) sont renseignés.

Les variables sur le genre de l’enseignant, la pédagogie de l’établissement ou le fait que l’établissement soit une école confessionnelle ont été construites à partir de champs texte d’APAE 1D ou des évaluations Repères (nom de classe pour le genre de l’enseignant, statut privé sous contrat et nom d’école pour la pédagogie de l’établissement et l’école confessionnelle).

Enfin, les constats des effectifs des élèves du second degré pour les élèves entrant en 6ème en 2023-2024 permettent d’avoir des informations sur les catégories socioprofessionnelles (PCS) des parents et types de famille des élèves de la première cohorte de CP (2018-2019). À partir des PCS des parents, les auteurs reconstruisent l’IPS individuel des représentants légaux et l’IPS croisé (famille), en utilisant les tables de passage de la DEPP . Les auteurs reconstruisent également les types de famille à partir des représentants légaux de l’enfant. Quand l’enfant n’a qu’un seul représentant légal déclaré, il fait partie d’une « famille monoparentale ». « Famille autre » désigne les enfants élevés par une autre personne que leurs parents (personne de sa famille hormis ses parents, éducateur, assistant familial, aide sociale à l’enfance, etc.).



Télécharger le document :  https://www.ipp.eu/.../Note_IPP___decrochage_filles_mathematiques-4.pdf


mot(s) clé(s) :  genre, inégalités, mathématiques (discipline)