Langue(s) : anglais 

The Challenge of Shadow Education : Private tutoring and its implications for policy makers

Auteur(s) :  Mark Bray (dir.)

Editeur(s) :  Network of Experts in Social Sciences of Education and Training (NESET)

Date :  05/2011

 

• La question du soutien scolaire privé est une question de dimension européenne. Cette pratique s’est largement répandue dans la plupart des États Membres.
• L’étendue et l’intensité croissantes du soutien scolaire privé au sein de l’Union européenne caractérisent un phénomène qui a des implications économiques, sociales, et éducatives profondes, d'autant plus fortes dans le domaine de l'équité, du travail des écoles publiques et de la vie des enfants et des familles, et qui est révélateur de la nature de l'enseignement de l'école publique.
• Le soutien scolaire privé ne s'est pas développé de la même manière dans tous les Etats Membres de l'UE. Le sud de l’Europe enregistre des taux de soutien scolaire particulièrement élevés. Le soutien scolaire privé est également répandu dans les Etats Membres du Centre et de l'Est de l'UE. Alors qu'en Europe occidentale le soutien scolaire a fortement progressé au cours des dix dernières années, les Etats Membres nordiques paraissent les moins affectés par ce phénomène jusqu'à présent. Ces pays assurent, en effet, un service de qualité dans l'enseignement public qui semble satisfaire largement les attentes des familles.
• S'il est vrai que le soutien scolaire constitue souvent un recours parce que le système scolaire traditionnel présente des faiblesses, d'autres explications entrent en jeu. Certains pays ayant des systèmes éducatifs bien développés connaissent, pourtant, une forte demande en matière de soutien scolaire, qui est alimentée par la compétition et la préparation des examens.
• Dans les pays de l’Europe de l’est, le déclin du pouvoir d’achat des enseignants a été une raison majeure qui a conduit à l'expansion d’une éducation parallèle dans les années 1990.
• En Europe occidentale, la compétition imposée par la société, la course aux résultats scolaires, la préparation intensive des examens et la pression transmise aux familles ainsi qu’aux enfants ont davantage contribué à l’expansion d’une éducation parallèle. À cela s’ajoutent des restrictions budgétaires qui ont réduit la capacité des établissements scolaires à fournir un soutien scolaire individuel au sein de l’école.
• Ce sont principalement les meilleurs éléments d’une classe qui sont demandeurs de cours particuliers. Le soutien scolaire privé ne consiste pas tant à offrir un soutien à des élèves ayant réellement besoin d’une aide qu’ils ne peuvent pas trouver à l’école que de maintenir les avantages concurrentiels des élèves privilégiés qui réussissent déjà.
• Dans certains États membres, le soutien scolaire privé semble être plus répandu chez les élèves fréquentant déjà des établissements d’enseignement secondaire privés et payants.
• Si on l’abandonne aux forces du marché, le soutien scolaire privé risque de maintenir et d’exacerber les inégalités, car les familles aux revenus les plus élevés pourront s’offrir des cours particuliers en plus grande quantité et de meilleure qualité.
• Dans certains États Membres, le soutien scolaire privé domine la vie des enfants et limite leurs loisirs, ce qui est néfaste sur le plan psychologique et éducatif. Dans certains cas, il peut également être perçu comme une forme de corruption qui ébranle la confiance sociale.
• Bon nombre des cours particuliers ont une valeur pédagogique faible. Ils encouragent le bachotage en mettant l’accent sur les sujets d’examen passés et en se bornant à donner des conseils sur les questions probables et à inculquer des stratégies pour répondre aux questions dans les limites de temps imposées.
• Les élèves issus du milieu urbain sont plus susceptibles de suivre des cours particuliers que leurs homologues du milieu rural pour des raisons liées à l’offre et à la demande.
• De plus en plus de cours particuliers sont dispensés par des sociétés travaillant à l’échelle locale, nationale ou internationale. De nombreuses sociétés spécialisées dans le soutien scolaire, notamment en Europe occidentale, emploient du personnel n’ayant reçu aucune formation de professeur particulier.
• Dans certains États membres, les cours particuliers sont souvent dispensés par des enseignants du système scolaire traditionnel pour arrondir leurs fins de mois. Une partie de ces professeurs suivent déjà les mêmes élèves à l’école. Cette pratique peut être extrêmement dangereuse, car elle incite les professeurs à détourner les efforts de leurs classes pour les consacrer aux cours particuliers qu’aux cours collectifs en classe.
• L’industrie du soutien scolaire est génératrice de plus en plus d’emplois, et s'avère également un moyen pour beaucoup de professeurs d'écoles publiques d'encaisser des revenus supplémentaires. Cela semble être l’une des raisons pour lesquelles les gouvernements comme les syndicats tendent à éluder le sujet.
• Le soutien scolaire est une activité menée d'une manière informelle, qui est rarement déclarée et échappe au contrôle de l’administration fiscale.
• Certains gouvernements de l’Union européenne octroient des allègements fiscaux aux familles qui investissent dans le soutien scolaire ; la plupart des familles qui bénéficient de ces allègements sont relativement aisées.
• Certains États membres de l’Union européenne ont des lacunes importantes dans leur réglementation, d’autres ont des réglementations ambiguës et d’autres encore ont des réglementations claires qui ne sont pas rigoureusement appliquées. De nombreux décideurs politiques et planificateurs préfèrent éviter les décisions difficiles en ignorant le phénomène et en l’abandonnant aux forces du marché.
• D’autres études sur le phénomène sont nécessaires. La pénurie actuelle de données reflète deux facteurs : 1) de nombreux acteurs évitent délibérément la transparence ; 2) il y a peu de temps encore, l’éducation parallèle figurait à peine au programme des chercheurs et des analystes politiques.

(697 Ko, 80 pages)

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