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Enseignement primaire, activités industrielles et croissance économique en France au XIXe siècle


Auteur(s) :  MONTALBO Adrien

Date de soutenance :  2019

Thèse délivrée par :  École des hautes études en sciences sociales

Section(s) CNU :  section 05 : Sciences économiques

Sous la direction de :  Jérôme BOURDIEU

Jury de thèse :  Charlotte LE CHAPELAIN ; David MITCH ; Gabriele CAPPELLI ; Lionel KESZTENBAUM ; Éric MAURIN; Jérôme BOURDIEU

 

"Cette thèse vise à étudier les liens entre instruction primaire, activités industrielles et développement économique en France au XIXe siècle. Au sein du premier chapitre, j'étudie les caractéristiques de l'instruction primaire et de son expansion en France, entre la période révolutionnaire et la loi Guizot de 1833. L'inégal développement de l'instruction primaire a été profondément étudié au niveau départemental. L'influence de la richesse économique et de caractéristiques géographiques ou culturelles est aujourd'hui bien connue. Toutefois, très peu d'études ont tenté de mesurer l'influence du fonctionnement des écoles primaires sur le développement de l'instruction. Grâce à l'utilisation de données très précises au niveau des communes et des écoles elles-mêmes, je montre que, suite à la Révolution, les communes ont pris le contrôle de l'instruction dans les régions où les écoles étaient déjà fortement concentrées. Celles-ci ont alors contribué à abaisser les frais d'écolage et donc le coût de l'éducation pour les familles en subventionnant les écoles primaires et les enseignants. Ceci a contribué à augmenter le taux de scolarisation dans les communes concernées. Des enseignants plus qualifiés et compétents étaient également recrutés dans les écoles subventionnées par les communes, ce qui contribua à accroître le qualité de l'instruction et l'accumulation du capital humain. L'investissement municipal, déterminé à la fois par des effets d'offre et de demande, constitue donc un facteur essentiel pour comprendre le développement de l'instruction primaire au XIXe siècle en France. Au sein du deuxième chapitre, j'étudie les relations entre activités industrielles et instruction primaire en France au début du XIXe siècle. Je me concentre en particulier sur l'influence de l'industrie sur la présence d'écoles, les taux de scolarisation ainsi que l'accumulation du capital humain au niveau des communes. Pour ce faire, j'utilise la localisation de minerai afin d'instrumenter la présence d'industries. Celles-ci ont eu un impact positif sur la présence d'écoles primaires à travers un effet de richesse indirect. Une production industrielle importante permettait aux communes de prélever davantage de ressources sur cette production par le biais de la taxation, ce qui augmentait à son tour les possibilités d'investissement dans l'instruction. Je ne trouve toutefois pas d'effet positif de l'industrie sur la scolarisation ou l'accumulation du capital humain. Au contraire, certains secteurs industriels, particulièrement le textile et les activités minières, étaient négativement corrélées aux taux de scolarisation au début du XIXe siècle.Dans le troisième chapitre, j'étudie l'influence de l'instruction primaire sur le développement économique des communes en France au XIXe siècle et jusqu'à la Première Guerre mondiale. J'utilise pour cela trois techniques d'estimations différentes. Tout d'abord, je me sers de la loi Guizot de 1833 pour mesurer l'influence de la création d'écoles primaires sur la croissance des communes. Ensuite, j'utilise la proximité des communes aux imprimeries implantées avant 1500 pour instrumenter l'expansion de l'instruction primaire. Les deux méthodes permettent de conclure à une influence positive de cette instruction sur le développement des communes au XIXe siècle. Enfin, j'utilise une technique d'appariement pour mesurer l'effet de la qualité de l'instruction sur le développement. Cette dernière a également eu un effet positif sur la croissance des communes. L'instruction primaire, et donc l'acquisition de connaissances "de base" ou élémentaires, a donc contribué à la croissance des communes françaises au cours du siècle d'industrialisation et de modernisation.  "

Primary education, industrial activities and economic growth in nineteenth-century France

" In this thesis, I study the links between primary education, industrial activities and economic development in nineteenth-century France. In the first chapter, I investigate the rationale behind the expansion of primary education in France, from the Revolution to the Guizot Law of 1833. If the unequal educational achievements between French departments have been deeply studied and related to economic, geographic and cultural factors, nearly nothing has been said about the influence of primary schools' functioning on these achievements. Thanks to the use of precise data at the level of municipalities and primary schools themselves, I show that, after the Revolution, municipalities took over the control of primary schooling in areas previously well-endowed in primary schools. By subsidising teachers, they contributed to alleviate the schooling fees and therefore the cost of education for families. This contributed to increase enrolment rates. Also, municipalities subsidising schools were recruiting and attracting more qualified and efficient teachers, which contributed to increase teaching quality and the accumulation of human capital. Municipal investment, determined both by demand and supply forces, is therefore a key factor in understanding the development of primary schooling in nineteenth-century France. The second chapter focuses on the relations between primary education and industrial activities in early nineteenth-century France. I investigate in particular how these activities influenced the presence of primary schools, enrolment rates and human capital accumulation within municipalities. To do so, I use the presence of mineral deposits to instrument the location of factories. I find that industrial activities favoured the presence of schools through an indirect income effect. A higher industrial production was leading to a higher amount of taxes collected by municipalities and therefore to a greater financial capacity to subsidise primary schooling. However, I find no positive link between industry and enrolment rates or human capital accumulation. On the contrary, I present evidence of a negative association between some industrial sectors, mining and textile in particular, and enrolment rates. In the third chapter, I study the influence of primary schooling on economic development in nineteenth-century France and up to World War I. To do so, I use three different estimation strategies. Firstly, I exploit a regression discontinuity induced by the Guizot Law to determine the impact of primary school's creation. Secondly, I use the proximity of municipalities to printing presses established by 1500 to instrument primary schooling achievement. Both methods return a positive effect of education on the subsequent growth of municipalities. Finally, I use a matching technique to evaluate the influence of schooling quality on growth, which I also find to be positive. Therefore, basic education and the acquisition of elementary knowledge and skills contributed to the development of French municipalities during the century of industrialisation and modernisation.  "



URL :  https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03168306/document


mot(s) clé(s) :  économie de l'éducation, histoire de l'éducation