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Pays : France       Langue(s) : français 

L'éducation à la santé à l'école : processus de réflexivité, conformité et convenance dans les projets de médiation sanitaire en milieu scolaire


Auteur(s) :  PHILIPPE Christian

Date de soutenance :  2005

Thèse délivrée par :  Université Bordeaux-Segalen - Bordeaux 2

Section(s) CNU :  section 19 : Sociologie, démographie

Discipline(s) :  Sociologie

Sous la direction de :  Michel JAMET

  L'institution scolaire affiche depuis plus d'un siècle ses ambitions d'éducation à la santé. L'hygiénisme est demeuré central dans ses pratiques, confinées dans la classe .Il a contribué à démédicaliser le discours préventif. L'arrivée, dans les années 90 des dispositifs de promotion, autour des CES puis CESC, modifie les pratiques de santé internes, plus autonomes au regard de l'enseignement, et le rapport à l'environnement de l'école. Cette évolution favorise de nouvelles initiatives et notamment celle des Projets santé. qui veulent rendre les jeunes " acteurs de leur prévention ". Cette étude veut en comprendre les effets locaux ou globaux, sur l'école et sur les enjeux de socialisation. Apparaissent ainsi des stratégies et des relations renouvelées au cadre d'expérience scolaire, ce qui libère des angles morts, et mobilise des compétences et des modalités nouvelles d'individualisation. Ce mouvement conforte la déscolarisation de la santé . Les projets santé sont dans ce contexte " intempestifs ". Ils assurent une action concrète et réflexive des élèves sur l'institution et sur leurs propres biographies. Ils autorisent une véritable individualisation du rapport au corps par intimisation et dévoilement conjoints comme éléments de médiation aux autres et particulièrement à la famille aux amis et aussi à soi. Ils assurent aussi une rétro-action éducative sur l'institution, en développant des compétences (langage, corporéité, affectivité) non enseignées qui viennent troubler les critères de sélection) et qui produisent en retour, presque à la marge des protocoles évaluatifs, des stratégies qui viennent nourrir les liens sociaux fragilisés par l'allongement de la durée du parcours scolaire. Cette rétro-action , cette forme de réflexivité nous la nommons l'inversion éducative. Mais en retour ce côté intempestif vient conforter une certaine évolution voulue de l'école, pour répondre aux commandes sociales notamment celles des enjeux sécuritaires. Cette inversion éducative vient en réalité réguler le rapport double de l'école à l'individu, dans le présent, et à l'individu et à la société dans le futur . Ce rapport est facilité par les passeurs de socialité externes que le projet mobilise et qui viennent, renforcer les liens amicaux et familiaux, restaurer ou consolider les rapports directs des jeunes à l'institution scolaire, faire contrepoids à la neutralité du corps professoral dans ce domaine. Sur ce quiproquo d'objectif, l'éducation à la santé comme par miracle, à l'insu de l'école en apparence, mais pas sans son concours don-contre-don- conduit vers la socialisation et l'intégration sociale des jeunes élèves. Particulièrement ceux de la classe moyenne ou ceux pour qui la réussite scolaire est imparfaite à produire les conditions de la réussite sociale. En ce sens l'inversion éducative peut être considérée comme l'une des réponses périphériques aux difficultés du collège unique. Elle viendrait ainsi contredire sur leur terrain propre de prédilection, toutes les théorisations psychosociologiques sur l'adolescence à risque et sur la désocialisation proclamée des jeunes. Elle démontrerait la tension normative des conduites de santé. La santé deviendrait ainsi le principal créateur de lien social. Aujourd'hui dans l'école, elle s'affiche en effet au travers d'une rencontre fusionnelle entre le savoir savant et le savoir profane, et autour non plus de l'enjeu de la maladie mais autour de celui de la santé. Ce qui ouvre sur des espaces et des pratiques démédicalisés, socialisants ou intégratifs. La santé échappe ainsi à son appariement avec la maladie. L'éducation à la santé s'émancipe de toute vision préventive. Elle se fonde-au risque de s'y noyer- dans une culture de citoyenneté et répond aux besoins de convenance affirmés par les jeunes. Ces rôles attendus d'elle, la santé peut les jouer au travers de la contiguïté qu'elle entretient avec le concept de sécurité, qui lui-même joue un rôle central dans la construction moderne des normes sociales et pareillement dans leur individualisation nécessaire. Au prix d'un équilibre consenti ? -entre l'éducation sanitaire-normative et l'éducation pour la santé-individualisée-, la santé prend appui sur un système d'itinéraire fluctuant entre la conformité totale qui protège, et assure la carrière scolaire et la convenance qui contribue par moments à ouvrir des espaces d'alternative, visant à programmer la sortie du système scolaire, et à remplacer les rites de passage collectifs, abolis ou occultés. The school system has clearly asserted for more than a century that one of its goals is health education. General hygiene practised at school is one of the pillars of this principle and it has contributed to de-medicalize prevention. In the 90s, plans of promotion (CES then CESC) were put into place and modified health practice, whose namely those called ¤projets santé¤ whose goals are to make teenagers play a part in prevention. This study is aimed at understanding the local or global effects on the school system and on socialising stakes. Thus strategies and renewed relations appear in the school frame analysis, which liberate from invisible places and call up competencies and new methods of individualization. They ensure a reflexive and concrete action of the pupils on the system and on their own lives. They also ensure an educational feedback on the system, by developing skills(language, affectivity, body...)which are not taught. This feed back, this form of reflexiveness, we call it « l'inversion éducative ». It creates an interaction between a strict accordance (to the system) and a more individualized convenience. But this rebellious aspect ensures a deliberate evolution of school, as an answer to the social commands namely issues for security .Even though there is a misunderstanding about the goal, health education rather unexpectedly leads to socialization and social integration of young pupils Particularly those of the middle class or those for whom academic success is not apt to produce the conditions of social success. In that respect ¤l'inversion educative¤ can be considered as one possible peripheral answer to the difficulties of the ¤college unique¤. It also contradicts all the psycho-sociologic theories about high risk behaviour during the teenage years and about the proclaimed desocialization of young people. Its shows the normative tension of health practices. Health thus creates social links.