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Pays : France       Langue(s) : français 

Les universités virtuelles dans le monde entre 1997 et 2001 : mythes et croyances autour de l'enseignement et la formation en ligne


Auteur(s) :  NARDIN Rozenn

Date de soutenance :  2004

Thèse délivrée par :  Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Section(s) CNU :  section 70 : Sciences de l'éducation

Discipline(s) :  Sciences de l'information et de la communication

Sous la direction de :  Jacques PERRIAULT

  Les universités virtuelles sont l’un des enjeux clé liés au développement de l’accès au savoir en ligne et constituent l’un des axes stratégiques de la promotion contemporaine d’une économie de la connaissance et d’une société dite « de l’information ». Dans un contexte marqué par l’imaginaire des technologies de l’information et de la communication, les universités virtuelles véhiculent à leur tour des mythes et des croyances, mais aussi des valeurs et des concepts, tant par le contenu qu’elles diffusent que par le recours à tel ou tel dispositif technique. En tant que dispositif de communication et de formation médiatisées, l’université virtuelle possède donc une double nature : communication et formation. Elle renvoie dés lors à la notion de machines à communiquer, celles-ci produisant des artefacts et un imaginaire qu’il faut mettre à jour. De plus, par sa nature hétérotopique, le dispositif d’université virtuelle devient l’autre lieu, celui de la réalisation d’utopies : comme celles d’un accès au savoir pour tous, n’importe où, n’importe quand, sans frontières… Ces utopies s’inscrivent dans l’histoire des techniques d’information et de communication et des machines à communiquer, traduisant la même espérance en un outil technique nous transportant dans un monde meilleur, nous apportant bien-être collectif et individuel. Du mythe de la puissance de la technique au mythe des machines à traiter et à diffuser le savoir, de la lanterne magique jusqu’aux universités virtuelles, les discours contemporains sur l’enseignement en ligne reproduisent les mêmes attentes et les mêmes craintes qu’à chaque apparition de ce type de machines. Mais l’université virtuelle, même si elle relève en partie d’un imaginaire, traduit aussi des enjeux stratégiques, économiques et politiques. Ne pouvant se faire de nulle part, l’enseignement en ligne via ces dispositifs reflète une instrumentalisation stratégique et géopolitique du savoir par les institutions universitaires et les Etats. La notion de territoire est donc primordiale : celui-ci est tant l’espace physique qu’une société s’approprie mais aussi le support à une culture, à une identité collective. Dans un contexte de mondialisation et dans l’utopie d’un village mondial tel que le promet aujourd’hui la figure du cyberespace, les universités virtuelles montrent une cartographie des espaces de savoir dans le Monde révélant des disparités et des inégalités existantes. Les stratégies géopolitiques à l’œuvre dans la conquête de nouveaux espaces de savoir, de nouveaux territoires culturels sont bien loin des mythes d’une démocratisation de l’accès au savoir en ligne, pour tous, n’importe où, n’importe quand. Ainsi l’analyse des dispositifs d’universités virtuelles sous-entend une question fondamentale : peut-on considérer les objets « universités virtuelles » comme des instruments de conquête territoriale, économique et politique véhiculant des valeurs, des concepts, des contenus culturels spécifiques plus que comme des outils éducatifs stricto sensu ? Dans quelle mesure est-elle liée à des stratégies de mise en visibilité internationale du savoir scientifique et technique d’un pays ? Dans quelle mesure peut-elle être détournée comme instrument politique par les pouvoirs publics et à quelle fin ? A chaque nouvelle machine à communiquer apparue dans l’histoire, il y a eu projection d’utopie en donnant à ces machines un pouvoir « magico-religieux » permettant l’avènement d’une société « mondialisée » et « démocratique ». De quelle manière l’université virtuelle est un point d’ancrage de cette histoire ? Ce système de croyances étant caractéristique du mode de pensée occidentale, n’y a-t-il pas dans l’expansion des universités virtuelles des tentatives d’hégémonie des pays du Nord sur le reste du Monde ? En comparant les données d’une analyse comparative des sites d’universités virtuelles aux discours, les stratégies géopolitiques aux Imaginaires à l’œuvre, ce travail est une contribution originale à l’analyse des mythes et des croyances autour des dispositifs d’accès au savoir.