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Entre recherches et pratiques

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Pays : France       Langue(s) : français 

Ruptures et continuités dans la familiarisation pratique de l'école pré-élémentaire au collège


Auteur(s) :  LASSON Christophe

Date de soutenance :  2004

Thèse délivrée par :  École normale supérieure de Cachan

Section(s) CNU :  NSP

Discipline(s) :  Sciences de l'éducation

Sous la direction de :  Jean-Louis MARTINAND

Jury de thèse :  Lebeaume, Joël/ Ginestie, Jacques/ Baron, Georges-Louis

  La « familiarisation pratique » comme « objet » de recherche peut surprendre si l’on « pense » les disciplines scolaires comme des apprentissages de savoir(s). Mais les attitudes, les émotions, les motricités sont aussi objet principal de l’action éducative. En éducation technologique, la familiarisation pratique joue un double rôle. Le premier consiste à mettre effectivement les élèves en présence d’objets, de procédés, de processus, de matériaux inconnus jusque là et qu’ils ne rencontreraient jamais si l’école ne prenait pas en charge l’organisation de ces rencontres. Par exemple, il n’est pas sûr que les élèves découvrent et interviennent sur des automatismes pilotés par micro-ordinateur ailleurs qu’en technologie au collège. Le second rôle vise la constitution d’un référent commun. Les élèves ne partent pas de rien. L’école complète un « déjà là » issu d’expériences pratiques effectuées en dehors du milieu scolaire. L’enjeu éducatif est de changer la signification, les classements, de façon à repérer parmi les objets du monde les objets techniques, c’est-à-dire modifier les points de vue portés sur ces artefacts. Dans une perspective curriculaire, l’étude porte sur la mise au jour des parcelles d’un territoire particulier - le monde de la technique - parcourues par les élèves au long de leur scolarité obligatoire. C’est l’examen du « chemin » des écoliers et des collégiens tracés dans le monde de la technique mais du point de vue des rencontres qui les familiarisent sur un plan pratique avec les objets et les matériaux présents sur ce chemin. Il s’agit donc d’examiner sur quoi portent ces rencontres et, si possible, comprendre comment elles s’enchaînent ou, au contraire, s’opposent, se chevauchent ou se heurtent, se recouvrent ou laissent des vides entre elles. Que suggèrent ces présences ou absences au fur et à mesure d’un parcours scolaire ? Réalisées en contexte scolaire, ces fréquentations sont marquées par leur intention éducative, leur guidage et leur contrôle par l’enseignant. Comment les maîtres organisent-ils ces rencontres ? Comment s’y prennent les enseignants ? Peut-on mettre au jour une cohérence longitudinale entre ces activités scolaires successives ? Si l’on suppose que l’impact de ces interventions éducatives successives n’est pas sans effet, quelle appréhension les élèves ont-ils des objets techniques au terme de leur scolarité obligatoire ? Pour répondre à ces questions qui « interrogent » à la fois les objets, les enseignants et les élèves, un corpus a été constitué selon une orientation ethnographique. Il se fonde sur des entretiens semi-directifs et des questionnaires à destination des praticiens, sur des observations réalisées en situation (enregistrements audiovisuels) et sur des questionnaires à destination des collégiens. Nos principaux résultats montrent à la fois des ruptures entre les deux ordres scolaires et l’absence de communauté d’appréhension par les acteurs sur les objets techniques. A l’école, la familiarisation pratique est « locale », propre à l’enseignant. Elle se réalise au travers d’un spectre d’activités large qui permet la découverte et la rencontre de nombreuses familles d’objets et de matériaux. Au collège, la nature de la familiarisation pratique change au point de se demander si les professeurs de technologie s’y situent effectivement. La variabilité des objets techniques utilisés à l’école s’oppose à un ensemble standard d’artefacts en technologie au collège. Quel que soit le collège, ce sont les mêmes objets que les élèves appréhendent. Ces objets sont considérés par les professeurs de technologie comme des outillages techniques que les élèves apprennent à utiliser en vue de réaliser. L’approche d’utilisation obère d’autres modalités possibles d’appréhension des objets. Les objets techniques, repérés comme des moyens de réalisation chez les praticiens, sont perçus différemment par les collégiens. Pour eux, l’objet technique est alimenté électriquement, traite numériquement l’information et comporte des fonctions de signe, image d’une certaine modernité.

URL :  http://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00133502/