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     Langue(s) : français 

Comment sauver le Bac ?


Auteur(s) :  Martin Andler, Jérôme Ferrand, Maxime Legrand, Armelle Nouis, Marc-Olivier Padis, Régine Paillard, Françoise Sturbaut

Editeur(s) :  Terra nova

Date :  06/2016

 

Le baccalauréat français est une machine qui tourne à plein régime mais que personne ne contrôle et dont l'utilité réelle devient chaque année plus floue. Il mobilise des énergies et des moyens considérables. On estime à 100 millions d'euros les coûts directs de l'organisation de l'examen, sans compter les coûts indirects (établissements fermés pour cause d’examen, heures d’enseignements perdues pour les élèves de Seconde et de Première libérés prématurément, etc.).

L'Education nationale poursuit un objectif louable : augmenter le nombre de bacheliers et de jeunes menant des études supérieures. La grande mobilisation nationale à laquelle nous assistons chaque année à partir du 15 juin trouve sa justification dans l'augmentation continue du nombre de lauréats (77% de la classe d'âge l'an passé). Pourtant, ce succès quantitatif du Bac semble ensuite démenti par les forts taux d'échec de ces mêmes bacheliers en licence (près de 6 étudiants sur 10 à l'université ne parviennent pas à passer en deuxième année). Les difficultés sont particulièrement importantes pour les élèves issus du bac technologique et du bac professionnel. Derrière les chiffres de la réussite au bac se cache en effet la persistance d'une différenciation en trois voies inégalement valorisées. A côté du bac général, dont on parle le plus souvent, les bacs pro et techno sont progressivement montés en puissance et rassemblent aujourd'hui la moitié des bacheliers.

L'écart entre réussite au bac et échec en licence montre une défaillance du dispositif d'orientation proposé aux lycéens. La procédure d’affectation post-bac (APB) donne aux élèves une proposition d’affectation dans l’enseignement supérieur sur la base de leur dossier scolaire. Mais tous n'obtiennent pas la formation de leur choix et beaucoup se retrouvent dans des filières pour lesquelles ils sont mal préparés. L'examen est ainsi réduit à une simple condition suspensive de la poursuite des études. Permet-il au moins de certifier le niveau des élèves ? La faible valeur du bac sur le marché du travail et l'inquiétude des enseignants du supérieur devant les lacunes de leurs élèves en font douter. Cette épreuve qui structure très en amont notre conception de l'école ne garde ainsi sa force symbolique qu'en raison du halo historique qui l'entoure et, paradoxalement, de l'effort collectif qu'elle exige.

La réforme du baccalauréat que nous proposons suit des objectifs simples : alléger le dispositif de l’examen ; repenser une validation des acquis adaptée aux besoins des élèves et aux capacités de l'institution ; aider davantage les élèves à construire leur parcours en accompagnant mieux leur orientation et en préparant l'accès au supérieur.

Concrètement, cela signifie 1° que l'examen lui-même soit limité à deux jours, deux épreuves en Première et deux épreuves en Terminale, les autres disciplines étant évaluées en cours de scolarité, 2° une responsabilisation des élèves dans le choix des disciplines qu'ils voudront valider, 3° une limitation du système de compensation des disciplines les unes par les autres, 4° une articulation plus claire entre les exigences du lycée et les attendus des années après-bac.

Les deux dernières années du lycées seront organisées en quatre semestres, au cours desquels les élèves devront suivre successivement (et valider) sept unités d’enseignement de quatre heures hebdomadaires (moins de disciplines abordées simultanément, donc plus d’approfondissement, moins de dispersion et de bachotage). L’élève choisira ses priorités à chaque semestre et le niveau d’approfondissement (mathématiques pour littéraires ou mathématiques pour scientifiques…). Les disciplines étudiées incluront toutes les disciplines générales (français, histoire-géographie, langue vivante, éducation physique, philosophie, mathématiques, sciences expérimentales), avec des niveaux d’approfondissement différenciés comme c’est le cas aujourd’hui. Chaque unité d’enseignement sera validée par un contrôle des connaissances en cours de formation. A la fin du semestre de printemps de Première, un examen de baccalauréat d’une journée (deux épreuves) est organisé, portant sur le français et une autre discipline. A la fin du 1er semestre de Terminale, une deuxième journée d’examen est organisée, portant sur la philosophie et une autre discipline.

Un bac restauré donnerait l'occasion de donner plus de lisibilité à notre système d'orientation et d'affectation post-bac, difficile à maîtriser aujourd'hui. L'inégal partage de l'information limite les opportunités de nombreux jeunes dont les familles ne possèdent pas le mode d'emploi de l'école. En tout état de cause, un large débat doit s'ouvrir aujourd'hui sur le sens du baccalauréat, ses modalités pratiques et la valeur de l'effort collectif considérable qui est aujourd'hui investi dans cet examen.



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mot(s) clé(s) :  test, examen et concours