Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ?
Auteur(s) : Cécile Bonneau, Pauline Charousset, Julien Grenet et Georgia Thebault
Editeur(s) : Institut des politiques publiques (IPP)
Date : 01/2021
Ce rapport de l'Institut des politiques publiques documente l’évolution du recrutement des étudiants des classes préparatoires et des grandes écoles depuis le milieu des années 2000. Les données mobilisées sur les 234 grandes écoles étudiées (écoles d'ingénieurs, écoles de commerce, IEP, ENS, écoles spécialisées) caractérisent l’évolution du profil des étudiants de ces formations selon plusieurs dimensions : origine sociale, genre, origine géographique et parcours scolaire antérieur.
Grâce à des données riches et inédites, cette note documente l’évolution du recrutement des grandes écoles depuis le milieu des années 2000, selon plusieurs dimensions : composition sociale, origine géographique des étudiants et répartition filles/garçons. Malgré les dispositifs d’ « ouverture » qui ont été mis en place par certaines grandes écoles pour tenter de diversifier le profil de leurs étudiants, leur base de recrutement est restée très étroite et n’a guère évolué au cours des quinze dernières années. Alors que leurs effectifs ont fortement augmenté au cours de la période, ces institutions d’élite sont restées presque entièrement fermées aux élèves issus de milieux sociaux défavorisés, la part des étudiants non franciliens n’a pas progressé et les filles y demeurent sous-représentées. Cette permanence des inégalités d’accès aux grandes écoles ne s’explique qu’en partie par les écarts de performance scolaire entre les groupes considérés. Elle trouve sa source, en amont, dans l’absence de diversication du recrutement des classes préparatoires et des écoles post-bac. L’impuissance des dispositifs d’ouverture sociale mis en oeuvre depuis le milieu des années 2000 à amorcer une démocratisation des grandes écoles met en lumière les limites de l’approche qui a jusqu’à présent été privilégiée : un foisonnement d’initiatives locales, sans réelle coordination nationale et rarement évaluées. Ce constat d’échec invite à repenser les leviers qui pourraient être mobilisés pour diversifier le recrutement des filières sélectives et favoriser une plus grande circulation des élites.
Points clés :
- La base de recrutement des grandes écoles est très étroite : les deux tiers de leurs étudiants sont d’origine sociale très favorisée, un tiers a effectué ses études secondaires en Île-de-France (40 % dans les grandes écoles les plus sélectives) et les garçons constituent près de 60 % de leurs effectifs.
- La probabilité d’accéder à une grande école varie considérablement d’un lycée à l’autre : la moitié des lycées généraux et technologiques ne fournissent que 13 % des étudiants des grandes écoles alors qu’à l’autre bout du spectre, 17 % des lycées généraux et technologiques fournissent à eux seuls la moitié de leurs effectifs.
- Les différences de taux d’accès aux grandes écoles selon le milieu social, le genre ou l’origine géographique sont du même ordre de grandeur que les inégalités d’accès aux formations qui y préparent : les classes préparatoires et les écoles post-bac.
- Les écarts de performance scolaire expliquent moins de la moitié des inégalités sociales d’accès aux classes préparatoires et aux grandes écoles et moins de 20 % des inégalités géographiques d’accès. A fortiori, les performances scolaires ne contribuent aucunement à expliquer la sous-représentation des filles dans les grandes écoles.
- Malgré les dispositifs d’ « ouverture » qui ont été mis en place par certaines grandes écoles, le recrutement de ces institutions est resté quasiment inchangé depuis le milieu des années 2000.
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mot(s) clé(s) : enseignement supérieur