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Pays : France  Langue(s) : anglais, français 

Les établissements scolaires privés musulmans : Une offre éducationnelle comme les autres ?


Date :  du 07-11-2019 au 08-11-2019

Lieu :  Campus Saint Jean-d’Angély - 24, avenue des Diables bleus - 06000 Nice

Organisation :  Université de Nice-Sophia-Antipolis (UNS)

Dans la perspective de ce colloque, il s’agit d’établir un état des lieux de la situation des établissements scolaires privés musulmans à partir d’une approche croisée avec des chercheurs et des acteurs du terrain (familles, personnels enseignants, responsables académiques et associatifs…). Plusieurs axes composent les orientations pluridisciplinaires en proposant de questionner une intrication des multiples enjeux éducatifs, sociaux, religieux, et politiques pour envisager une approche comparative à l’échelle nationale et internationale. En situant les choix éducatifs des parents dans un marché du privé confessionnel, on interrogera la place de l’islam, et plus globalement des religions, à la fois dans le processus éducationnel et dans l’émergence d’un leadership religieux par le biais de l’école. On s’intéressera en outre au processus de régulation de l’enseignement de l’islam en contexte sécularisé ainsi qu’aux débats actuels sur les réformes de l’école privée confessionnelle.



Programme : 

Argumentaire

En cours de développement ces quinze dernières années, les établissements privés musulmans restent peu étudiés, voire absents, du champ académique de la recherche sur l’école, les religiosités juvéniles et, dans une moindre mesure, les travaux sur les stratégies scolaires des parents. Chaque projet d’ouverture est mis en scène dans une arène médiatique des peurs, tandis que l’augmentation des établissements et des élèves est inversement proportionnelle aux polémiques qui l’entourent. Sans doute amplifiées dans le contexte actuel post-attentat 2015, les crispations se focalisent sur l’expression d’une socialisation musulmane en France comme en Europe (Frégosi, Willaime, 2001) et ravivent ainsi la passion française pour la laïcité scolaire.

S’il est commun de rappeler avec Dubet, (2010) que l’école publique est centrale voire sacralisée en France par son fonctionnement de distribution des places dans la société, elle n’en reste pas moins historiquement située dans des luttes entre l’autorité politique et le pouvoir religieux. Perçue comme un « bien commun » au service de la Nation, l’école s’assigne pour mission la formation politique à la citoyenneté du peuple dans un espace scolaire laïque depuis les lois Ferry de 1882 et Goblet de 1886. C’est dans cette perspective qu’elle est « une affaire d’État » selon le bon mot de Guizot. Le privé confessionnel s’inscrit historiquement dans une tradition du conflit de la procédure de séparation en référence à la loi de 1905, en même temps qu’il interroge les fondations d’une société pluraliste. L’émergence des établissements musulmans n’échappe pas à cette configuration que cristallise la prise en charge des jeunes filles voilées exclues de l’école publique en 1989. La récurrence des mobilisations, entre les partisans d’une école libre et les défenseurs de la laïcité, réactive ainsi la question du privé confessionnel (Portier, 2016) à travers la virulence des débats sur la place des signes religieux et leur interdiction à l’école publique que porte la loi de 2004.

La prise de conscience tardive de la présence des descendants d’immigrés dans la société française transforme les enjeux de scolarisation et de socialisation religieuse des jeunes générations en une question vive. Elle contraste singulièrement avec le nombre des d’établissements privés confessionnels musulmans en fonctionnement, la contractualisation récente de quelques-uns d’entre eux avec l’État au cours de cette dernière décennie, et les finalités éducatives et religieuses affichées. D’immigrés, les parents et leurs descendants deviennent « musulmans ». Ce changement de catégorie impose une nouvelle grille de lecture de la reconfiguration du social où l’islam et l’immigration se connectent avec la demande croissante de nouveaux besoins en matière de vie communautaire et religieuse. Le mouvement des Musulmans de France - MF (anciennement Union des Organisations Islamiques de France – UOIF) a inauguré le processus de contractualisation avec l’État en situant clairement les établissements scolaires musulmans du réseau de la Fédération Nationale des Établissements Musulmans (FNEM) dans un marché scolaire concurrentiel. Les responsables de la FNEM expriment l’objectif de former une « élite musulmane française intégrée dans la communauté nationale » ainsi que le rapportent les auteurs de l’étude de 2010 sur les établissements privés musulmans (Amghar et al., 2010, 32).

Dans la perspective de ce colloque, il s’agit d’établir un état des lieux de la situation des établissements scolaires privés musulmans à partir d’une approche croisée avec des chercheurs et des acteurs du terrain (familles, personnels enseignants, responsables académiques et associatifs…). Plusieurs axes composent les orientations pluridisciplinaires en proposant de questionner une intrication des multiples enjeux éducatifs, sociaux, religieux, et politiques pour envisager une approche comparative à l’échelle nationale et internationale. En situant les choix éducatifs des parents dans un marché du privé confessionnel, on interrogera la place de l’islam, et plus globalement des religions, à la fois dans le processus éducationnel et dans l’émergence d’un leadership religieux par le biais de l’école. On s’intéressera en outre au processus de régulation de l’enseignement de l’islam en contexte sécularisé ainsi qu’aux débats actuels sur les réformes de l’école privée confessionnelle.

Les différents axes et tables rondes de ce colloque international peuvent ainsi permettre de développer une analyse réflexive sur la fabrique d’un nouvel ordre éducatif dans le processus de formation religieuse des jeunes générations qui se revendiquent de l’islam.

  • Axe 1. La structuration des établissements privés musulmans : un marché scolaire en perspective
  • Axe 2. Les méthodes pédagogiques et les programmes au prisme du confessionnel
  • Axe 3. Le privé confessionnel musulman : un nouvel ordre éducatif en question


Modalités d’envoi des propositions

Les propositions de communication en français ou en anglais, de 1500 signes maximum, doivent indiquer :

  • Les noms et prénoms du ou des e.s
    L’affiliation institutionnelle
    L’adresse email
    Le titre de la communication
    La référence à un axe
    Un résumé

Elles sont à déposer sur le site : https://etprimus.sciencesconf.org/ au plus tard le 15 juillet 2019

La décision du comité scientifique sera communiquée aux auteur.e.s début septembre 2019 et le texte complet des interventions est attendu pour le 21 octobre au plus tard.



URL :  https://etprimus.sciencesconf.org/.../


mot(s) clé(s) :  normes et valeurs éducatives, privatisation de l'éducation