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Pays : France  Langue(s) : français 

Carrières atypiques et logiques d’engagement professionnel chez les enseignants - (dans le cadre des Journées scientifiques 2022 de Nantes université)


Date :  du 03-06-2022 au 03-06-2022

Appel à communications ouvert jusqu'au :  28-02-2022

Lieu :  Nantes Université

Modalité :  présentiel

Organisation :  Centre de recherche en éducation de Nantes (CREN) - INSPÉ de l'Académie de Nantes

Cette JE est organisée par le Centre nantais de sociologie, UMR 6025, et l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Nantes, dans le cadre des Journées scientifiques 2022 de Nantes université.

Comité d’organisation :
Ludivine Balland (CENS, Inspé de Nantes) ; Marie David (CENS, Inspé de Nantes) ; Alexandra Giacomelli (Inspé de Nantes) ; Alice Lermusiaux (CENS, Inspé de Nantes) ; Charlotte Roger (Inspé de Nantes).

Comité scientifique :
Inès Albandea (CREN) ; Patrice Bourdon (CREN) ; Géraldine Farges (IREDU) ; Pascal Guibert (CREN) ; Gérald Houdeville (CENS) ; Claire Lemêtre (CIRCEFT-ESCOL) ; Tanguy Philippe (CREN) ; Tristan Poullaouec (CENS) ; Marie Toullec (CREN).

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Inscription obligatoire, en ligne.



Programme : 

Que nous apprennent les carrières atypiques des enseignants sur leur rapport au métier et à la carrière, sur leurs façons de s’engager dans leur activité professionnelle et sur le sens qu’ils lui attribuent ? Dans ce colloque, nous proposons de réfléchir à ce que les carrières enseignantes atypiques nous permettent de comprendre « du » métier enseignant. Nous faisons l’hypothèse que l’examen des marges permet en creux de saisir certaines logiques professionnelles centrales, mais aussi des transformations structurelles qui pèsent sur ce groupe professionnel.

Le métier enseignant ou plutôt les métiers de l’enseignement sont très encadrés, donc unifiés sous certains aspects (à commencer par les règles de la fonction publique et par le traitement centralisé et massifié des personnels par le ministère de l’Education nationale), les statuts des enseignants du primaire et du secondaire s’étant dans les faits rapprochés depuis les années 1930 (Deauvieau, 2005). Dans le même temps, le groupe professionnel des enseignants reste aujourd’hui sujet à une forte différenciation, s’agissant des carrières ou des pratiques professionnelles. Des auteurs parlent de « mondes enseignants » (Farges, 2017) et de « nébuleuse professionnelle » (Blanchard, Cayouette-Remblière, 2016) ou « d’identité introuvable » (Buisson Fenet et Rey, 2019).

Les enquêtes montrent que les raisons du choix de devenir enseignant sont assez homogènes, que ce choix s’établit majoritairement avant le baccalauréat, que la part des hésitants est relativement faible (Farges, 2017), et que les raisons invoquées par les enseignants sont stables depuis trente ans (Périer, 2016). Stables quoique différentes entre le premier degré (autour de l’âge, de la polyvalence et de la relation psycho-affective avec les enfants (Broccolichi, Joigneaux et Miewrjeski, 2018)) et le second degré (autour du goût d’une discipline, de l’âge des publics et du contenu des programmes (Périer, 2016)).

Malgré ces tendances relativement unifiées, le groupe des enseignants demeure hétérogène : les statuts divergent du privé au public, selon les niveaux d’enseignement, au sein d’un même niveau. Le nombre d’heures d’enseignement exigées diffèrent aussi, tout comme les rémunérations. Par ailleurs, les carrières enseignantes se répartissent dans l’espace hiérarchisé de l’institution scolaire où les postes, inégalement désirables, s’ancrent dans des conditions d’exercice très diverses et sont tributaires du jeu institutionnel des affectations (Guibert, Lazuech 2010 ; Kherroubi, Millet et Thin, 2018). Cette différenciation des postes est renforcée par le fait que depuis les années 1980, les injonctions institutionnelles tendent à diversifier les tâches des enseignants dans et au-delà du cadre de la classe (mise en œuvre de pédagogies spécifiques, prescriptions de contenus, évaluation par compétences, interdisciplinarité, orientation des élèves, travail en équipe, partenariats extérieurs, relations plus étroites aux parents, etc.). Les pratiques enseignantes sont de fait encadrées par un univers de normes et d’injonctions très codifié et normé, mais elles sont aussi soumises à des variations, à de fortes incertitudes, marquées par l’existence de « routines incertaines » (Tardiff et Lessart, 1999 ; Barrère, 2002). En cela, la multiplicité des contraintes ne lève pas l’indétermination constitutive du métier (Duru-Bellat, Farges, Van Zanten, 2018) et renforce parfois le malaise enseignant et le sentiment de déprofessionnalisation (Lantheaume et Hélou, 2008 ; Balland, 2009 ; Barrère, 2017). Dans cet espace mosaïque, la profession enseignante offre peu de perspectives de mobilité professionnelle car l’éventail des postes auxquels les individus peuvent prétendre est restreint (Lortie, 1975).

En contrepoint d’une vision stable et linéaire des carrières enseignantes (Huberman, 1989), nous souhaitons faire un pas de côté et nous intéresser ici aux carrières atypiques des enseignants des premier et second degrés. Il s’agira d’abord de s’interroger sur ce qui permet de différencier le typique de l’atypique. Le colloque pourra ainsi être l’occasion ainsi de revenir méthodologiquement sur ces carrières atypiques. Comment saisir et aussi comment traiter, de manière statistique ou ethnographique, ce qui fait l’atypique quand on approche les parcours et les carrières enseignantes ?

Ces parcours atypiques peuvent correspondre à la fois à des carrières non linéaires dans l’Éducation nationale, ou d’enseignants qui investissent des formes de mobilité horizontale leur permettant d’exercer d’autres missions ou activités sans quitter leur corps d’origine. Ces formes de mobilités peuvent être reliées à des logiques d’engagement professionnel (renouer avec une posture éducative, échapper à des contraintes professionnelles jugées trop lourdes, trouver d’autres motivations professionnelles, etc.). Il peut s’agir ici d’enseignants qui souhaitent exercer leur métier à l’hôpital (Buisson-Fenet, 2019), dans les prisons (Salane, 2021), dans les marges internes de l’institution scolaire comme l’enseignement spécialisé ou les dispositifs relais (Kherroubi, Millet, Thin, 2018), ou d’autres s’y apparentant comme les classes relevant de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (Bernard, Jacob, Houdeville, Suaud, 2021), voire qui se mettent à disposition dans des associations ou dans d’autres ministères (Prat, 2019). Cette représentation d’un enseignement aux marges peut aussi être subjectivement vécue comme telle par les enseignants eux-mêmes, comme dans le cas de ceux qui investissent de nouvelles disciplines (Lemêtre, 2012), ou qui valorisent des pédagogies dites nouvelles (Giraud, 2019), cherchant à « être prof autrement » (Lemêtre, 2012), ce qu’il faudra alors interroger. Ces espaces ou ces manières différentes d’exercer leur métier peuvent constituer le cœur de l’activité professionnelle, ou n’être qu’un complément de l’activité enseignante ordinaire. Mais ces carrières atypiques peuvent être aussi des non-choix, permettant à des aspirants au métier de faire leurs armes et de rentrer, in fine, dans l’institution scolaire. Il s’agira alors de relier ces carrières atypiques, leurs logiques d’engagement professionnel aux parcours et aux caractéristiques sociales de ceux qui les investissent. Tous les enseignants sont-ils également concernés par ces carrières atypiques ? Qu’est-ce que ces parcours nous apprennent des variations des logiques d’engagement professionnel et aussi des transformations structurelles de la profession et des manières d’exercer le métier de professeur ? Dans quelle mesure les réformes actuelles qui valorisent la mobilité et la flexibilité des carrières favorisent-elles ou pas ces carrières atypiques ? À cet égard, le colloque pourra enfin être l’occasion d’examiner le rôle de la formation initiale et continue des enseignants dans leurs parcours et la façon dont elle encourage, accompagne ou dissuade aujourd’hui ces carrières atypiques.

Modalités

Les propositions de communication, de l’ordre d’une page, sont attendues pour le 28 février 2022 maximum et doivent comporter un titre, indiquer le nom du ou des auteur·es et de leur(s) institution(s) de rattachement et préciser la problématique traitée, le matériau sur lequel la proposition s’appuie et les principaux éléments qui seront présentés.

Les propositions seront envoyées simultanément aux deux adresses : ludivine.b...@univ-nantes.fr et marie.d...@univ-nantes.fr

Les réponses aux propositions de communications seront envoyées à la fin du mois de mars.

Programme détaillé

9h-9h15 : Introduction de la journée : Ludivine Balland, Marie David et Alice Lermusiaux

9h15-10h45 : Session 1 : Ce que les configurations professionnelles font aux carrières atypiques et aux logiques d'engagement professionnelles

  • Thierry Bouchetal, Laboratoire ECP - Université Lumière Lyon 2 : « A quelle logique d'engagement professionnel correspond le choix d'un poste atypique dans un parcours d'enseignant ? »
  • Xavier Pons, Université Paris-Est Créteil, Lirtes, OSC-Sciences Po : « Les configurations d'engagement professionnel des enseignants contractuels : vers des enseignants stratèges ? »

Discutante : Géraldine Farges, IREDU, Université de Bourgogne

11h-12h30 : conférences invitées

  • Fanny Salane CREF, Université de Paris Nanterre : « Des marges de l'enseignement au cœur du métier : le cas des enseignant·es en prison »
  • Hélène Buisson-Fenêt, TRIANGLE, ENS Lyon : « De l’atypique à la marge ? Ce que l’inclusion scolaire fait aux carrières enseignantes : le cas des coordonnateur.es Ulis dans le secondaire »

Discutant : Tristan Poullaouec, CENS UMR 6025, Nantes Université

12h30-14h : déjeuner

14h-16h : Session 2 : Carrières atypiques, trajectoires et logiques d'engagement atypiques?

  • Charlotte Moquet, GRESCO, Université de Poitiers : « Des PE et PLP au collège trajectoires atypiques et marginalité des postes d'enseignant·es en Segpa »
  • Jeanne Gavard-Veau, Laboratoire IREDU, Université de Bourgogne : « Les enseignants en prison : des carrières atypiques »
  • Frédérique Giraud, CERLIS, Université de Paris IUT Rives de Seine : « Quand devenir enseignant, c'est accepter volontairement un déclassement social. Conditions de possibilité de "ces choix de l'improbable" et de maintien dans le second métier »

Discutante : Claire Lemêtre, CIRCEFT-ESCOL, Université Paris 8.



URL :  https://js.univ-nantes.fr/.../carrieres-atypiques-et-logiques-dengagement-professionnel-chez-les-enseignants


mot(s) clé(s) :  enseignant, relation formation - emploi