Veille et analyses de l'ifé

Entre recherches et pratiques

   Vous êtes ici : Accueil » Agenda des colloques » Détails du colloque

Pays : Maroc  Langue(s) : français 

Les sphères éducatives formelles et non formelles : questions de relations et d'interactions - Colloque international


Date :  du 24-03-2022 au 26-03-2022

Appel à communications ouvert jusqu'au :  15-12-2021

Lieu :  Rabat

Modalité :  présentiel

Organisation : 

Le colloque, organisé par l'université Chouaib El Doukkali, El Jadida, fait le choix de traiter de la thématique des relations entre des sphères éducatives différentes, en apparence opposées, mais, de fait, en lien de « connexité » et d’interaction : le scolaire et l’extrascolaire, le formel et le non formel, le diffus et le dirigé. Loin de renvoyer à une opposition spatio-temporelle mettant en jeu des territoires et des pratiques compartimentées et opposées, les recherches montrent des échanges mutuels et des relations pertinentes au niveau des espaces, des temporalités, des dispositifs et manières de faire. Les frontières sont loin d’être étanches. Ainsi la question des liens pose-t-elle d’abord des questions d’ordre conceptuel. Le colloque propose deux axes de questionnement : un premier théorique et épistémologique, espace de débat, et un second praxéologique avec des perspectives culturelle, artistique, linguistique et didactique.

Initialement prévu en septembre 2021, il a été repoussé en mars 2022.



Programme : 

Appel à communications

L’enseignement-apprentissage repose non seulement sur un curriculum programmé à l’école, mais aussi sur celui acquis au sein de la famille (gestes, codes) et les savoirs implicites attendus par le corps enseignant, comme par l’institution (Perrenoud, 2010 ; Lahire 2019). Le concept « d’éducation diffuse » rend compte de ce processus d’enseignement-apprentissage et du développement des compétences hors des institutions. Malgré la critique de la tripartition « formel, informel et non formel » (Billett, 2002), les différents modes et lieux d’apprentissage sont de plus en plus considérés dans leur complémentarité parce qu’ils fonctionnent en synergie (Alheit, P. et Dausien, B., 2005). Pourtant, dans le cadre éducatif, ce qui n’est pas formalisé reste, plus que jamais, en débat et sujet d’analyse. En effet, l’institution scolaire reste la détentrice légitime des prescrits d’apprentissage, des référents et de leurs évaluations.

La forme scolaire est avant tout une forme sociale, liée à un pouvoir qui la codifie. Elle répond à des modèles culturels sujets aux changements et s’inscrit dans une forme de socialisation parmi d’autres (Maulini, 2005 ; Bourgère, 2011). La socialisation au sein de la famille peut freiner la réussite scolaire dans les systèmes d’« héritiers » (Bourdieu 1964 ; 1970) et favoriser la discrimination dans les inégalités de l’enfance (Lahire, 2019). Il s’ensuit une réflexion sur la valorisation des apprentissages issus des différentes sphères de socialisation.

Ainsi, peut-on parler de handicap socioculturel, terme à peine euphémisé par celui de « faiblesse socioculturelle » qui dit, haut et clair ou de manière implicite, que l’école a une fonction de « reproduction » et que l’essentiel se joue dans les premières sphères de socialisation. Depuis trois décennies, les sociologues de l’éducation parlent du rapport à l’école et aux savoirs (Charlot, 1991 ; Rochex, 2001 ; Bautier, 2020). Rayou (2019) définit la fonction symbolique des registres, notamment de celui identitaire, comme signifiante pour expliquer les inégalités scolaires.

À la langue normée par l’institution scolaire s’oppose des langues non normées (d’origine, vernaculaire), à la culture de l’école, académique, formalisée s’opposent des cultures moins reconnues, populaires, professionnelles (Lahire, 2008). Aujourd’hui, l’apport des instances non académiques reste marginal et impose une réflexion sur ce qui est partagé et valorisé dans et entre les différents espaces d’enseignement-apprentissage.

Avec l’émergence du sujet didactique (Reuter, 2013) et la reconnaissance de ses pratiques privées, voire ordinaires (Penloup & Delamotte, 2011), les termes évoluent selon la sphère considérée. Parler de l’élève, de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte, ou encore de l’apprenant suppose une contextualisation et une prise en compte du non formel voire de l’informel et de l’extrascolaire (Chiaruttini, 2015) en lien avec le scolaire et l’éducation formelle. Reuter (2016) montre comment une discipline scolaire est reconfigurée par les pratiques extrascolaires et comment certaines disciplines, certaines pédagogies prennent plus ou moins en compte les pratiques culturelles privées. Avec les pratiques sociales de référence (Martinand, 1981), le terrain est ouvert à la scolarisation de pratiques privées. Pour exemples[1], la lecture cursive[2] qui reconfigure la lecture analytique, l’étude du slam comme forme poétique ou encore les langues d’origine dans l’enseignement des langues de scolarisation.

Penser les liens entre le scolaire et l’extrascolaire, le formel et le non formel dans une perspective éducative favorise la prise en compte du sujet apprenant dans sa totalité et sa complexité ainsi qu’une reconfiguration didactique des disciplines. Quel est l’enjeu de tout acte éducatif, in fine ? Proposer des éléments de réponse, c’est soulever la question de la formation de l’humain (Morin, 2013) dans une éducation pensée tout au long de la vie et portée par l’Ecole (Meirieu, 2020).

Dans une perspective pluri et interdisciplinaire, le colloque offre un espace aux études et recherches qui portent des regards croisés sur la formation des jeunes et des adultes, sur les actions de terrain en contexte d’éducation formelle ou non formelle. Plusieurs combinaisons peuvent être envisagées, selon différentes perspectives : culturelle, psychosociale, sociolinguistique ou didactique.

Le colloque fait le choix de traiter de la thématique des relations entre des sphères éducatives différentes, en apparence opposées, mais, de fait, en lien de « connexité » et d’interaction : le scolaire et l’extrascolaire, le formel et le non formel, le diffus et le dirigé. Loin de renvoyer à une opposition spatio-temporelle mettant en jeu des territoires et des pratiques compartimentées et opposées, les recherches montrent des échanges mutuels et des relations pertinentes au niveau des espaces, des temporalités, des dispositifs et manières de faire. Les frontières sont loin d’être étanches. Ainsi la question des liens pose-t-elle d’abord des questions d’ordre conceptuel.

Dans son analyse de la formation des concepts, Vygotski propose un paradigme pour penser le rapport contradictoire dans l’unité du processus, à savoir une distinction entre les concepts quotidiens et les concepts scientifiques qui se construisent dans la sphère académique. Cette unité est contradictoire, nécessairement contradictoire, mais le développement de l’un n’est pas pensable sans le développement de l’autre (Brossard, 2008).

Le colloque propose deux axes de questionnement : un premier théorique, espace de débat, et un second praxéologique avec des perspectives culturelle, artistique, linguistique, didactique et formative.

Premier axe théorique

Le triptyque formel, non formel et informel est-il pertinent dans le cadre d’une éducation, formation, apprentissage tout au long de la vie ? Si le non formel ou l’extrascolaire joue un rôle de remédiation, ne tend-il pas à reconsidérer la formation et l’éducation dans les structures formelles institutionnalisées ? Y a-t-il un rapport de hiérarchie dans lequel l’un pallierait les manques et les limites de l’autre ? Est-ce à dire qu’il s’agit de valoriser des apprentissages issus de toutes les formes de socialisations (famille, groupe social, système de valeurs…) ? L’institution scolaire reste-t-elle, par principe, détentrice des prescrits d’apprentissage, des référents et de leurs évaluations ? La didactique disciplinaire doit-elle être seulement une didactique du scolaire ? Si les associations caritatives jouent un rôle important dans l’enseignement-apprentissage, répondent-elles à un besoin sociétal de plus en plus explicite ?

Exemples théoriques

1- Autour des concepts formel, informel, non formel

2- Fonctions : le rôle des acteurs : enseignants, apprenants, famille, administration…

3- Didactique : quels modèles didactiques ? Quelles approches ? Quelles méthodes ? Quels contenus ? Quelles évaluations ?

Deuxième axe praxéologique et pratique

Cet axe appelle des comptes rendus d’expériences et des analyses d’actions, notamment d’associations et des organismes communautaires[3], des fondations ou de structures évoluant dans la sphère extrascolaire et/ou de l’éducation non formelle.

S’interroger sur les liens entre toutes ces formes d’éducation implique de prendre en compte le contexte et les actions de terrain. Par exemple, dans le contexte marocain, le constat d’un important décrochage scolaire, surtout chez les filles, pousse les associations à prendre le relais pour favoriser leur réinsertion scolaire et/ou professionnelle. En quoi les familles des publics cibles sont-elles impliquées dans ce processus ? Ya-t-il une complémentarité entre les deux instances, familiale et scolaire ? Quelle complémentarité entre les rôles des différents acteurs et actrices de l’éducation ? Qui sont-ils/elles ? Quelles sont leurs motivations ? Leur formation ? Quels sont les tenants et aboutissants des actions analysées et leur impact sur le public cible ? Quel sujet apprenant, sujet didactique, est visé, voire reconfiguré ?

Exemples emblématiques et cas pratiques

1- Le rôle des associations et structures éducatives non formelles

2- Comptes rendus d’expériences

3- Résultats de recherches

Conférences plénières

Comment l’éducation non formelle contribue aux pratiques de l’écrit de jeunes mères de retour aux études à Ma place au soleil
Jean-Pierre Mercier, UQAM, Montréal

Intérêts et limites des concepts opposant types de sphères et de pratiques. Quelques réflexions à partir des disciplines scolaires et des pédagogies.
Yves Reuter, Université de Lille

Aux frontières du scolaire et de l’extrascolaire : la formation du visiteur de musée
Ana Dias-Chiaruttini, Université Coté d’Azur – LINE



URL :  https://colloqueenf.sciencesconf.org/.../


mot(s) clé(s) :  éducation non formelle